PARMENTIER Pierre, Isidore

Par Jacques Girault

Né le 16 décembre 1909 à Berck (Pas-de-Calais), mort le 26 mai 1985 à Hyères (Var) ; aviculteur ; militant communiste dans le Var ; résistant, déporté ; adjoint au maire de Bormes (Var).

Fils d’un cordier et d’une journalière, Pierre Parmentier adhéra en janvier 1928 au rayon de Boulogne du Parti communiste. Ajusteur-outilleur, membre de la CGTU, il vint en région parisienne en janvier 1929 et travailla dans plusieurs usines d’aviation ou d’automobiles, dont Renault. Chaque fois, il fut licencié pour son action militante. Au retour du service militaire, à nouveau engagé chez Renault, il fut licencié au bout de quelques mois. Figurant sur les listes noires de l’Union des industries métallurgiques et minières, il décida de quitter la région parisienne pour exploiter une propriété que possédait son oncle à Bormes où il installa un élevage de poulets.

Pierre Parmentier se maria uniquement civilement en novembre 1931 à Andeville (Oise) avec une employée de bureau. Le couple eut deux enfants.

A Bormes, commune socialiste, Pierre Parmentier, en liaison avec les communistes du Lavandou, reprit son activité. Vers 1934, il donnait des cours de marxisme aux jeunes communistes. Candidat communiste pour le conseil général dans le canton de Collobrières, il réunit, le 10 octobre 1937, 120 voix sur 1 299 inscrits. Membre du comité de la section communiste d’Hyères en avril 1936, il réussit à créer une cellule communiste à Bormes et en devint le secrétaire. Sa ferme servit de lieu de réunion et, plusieurs fois, elle fut considérée comme une des bases de recrutement pour les jeunes désireux de rejoindre les Brigades internationales en Espagne. Il hébergea des communistes italiens anciens des Brigades, dont Mario Ricci qui joua, sous le pseudonyme de général Armando, un grand rôle dans la libération de l’Italie. En outre, de nombreux dirigeants syndicalistes communistes lui rendaient visite.

Mobilisé à Marignane (Bouches-du-Rhône), puis à Calvi (Corse) dans l’aviation, le 23 août 1939, Pierre Parmentier n’obtint pas de permission agricole. Son père, qui habitait chez lui, protesta dans une lettre à Edouard Daladier, ministre de la Défense nationale, le 24 avril 1940. Une surveillance régulière suivit, mais la police concluait toujours sur la cessation complète de ses activités. Responsable du Parti communiste clandestin, en liaison avec André Mancini, fournissant des renseignements au responsable du mouvement Libération, il fut arrêté par les Italiens le 28 avril 1943. . Emprisonné à Hyères, puis à Nice le 18 mai 1943, il fut torturé et sa résistance fit l’admiration de ses co-détenus. Il fut déporté, le 20 juin 1943 en Italie à Imperia. Le maire de Bormes, Léon Chommeton, dans une lettre, témoigna sur son honnêteté, sa loyauté et son absence d’activité politique. Du camp de Vallenozia, au début de 1944, il fut transféré à Nice par les autorités allemandes le 10 janvier 1944, puis aux Baumettes à Marseille, le 12 mars 1944. Il se présenta à l’Intendance du service de l’ordre à Marseille, le 14 juin 1944, déclarant qu’il venait d’être libéré des Baumettes et voulait gagner Bourgoin (Isère) où il rejoignit sa famille repliée au moment de la libération de la ville. Pourtant selon les indications qu’il donna plus tard, il indiquait être resté en prison jusqu’au 19 juin. Selon d’autres sources, il était mentionné comme évadé le 20 juin 1944. Toutefois, dans la décision de lui attribuer le titre de déporté politique les dates prises en compte furent : internement, 29 avril-19 juin 1943, 11 janvier 1944-20 juin 1944, déportation, 20 juin 1943-10 janvier 1944.

Parmentier reprit le chemin de Bormes. FTPF, membre du Comité local de Libération qui s’était emparé de la municipalité, le 17 août 1944, envoyé pendant quelques semaines à la Préfecture, officiellement confirmé comme vice-président de la délégation municipale, le 8 septembre 1944, élu, en avril 1945, sur la liste "d’union républicaine antifasciste", il devint deuxième adjoint.

Pierre Parmentier reconstitua son élevage de volailles. Désapprouvant la condamnation de Tito, il quitta le Parti communiste français en 1950. Membre de France-URSS, il se rendit en délégation en URSS à la fin des années 1950. Il réadhéra en 1976 après le XXIIe congrès approuvant l’élan à gauche, la politique communiste d’un socialisme aux couleurs de la France et l’abandon de la dictature du prolétariat. En janvier 1980, il décida à nouveau de le quitter, protestant par lettre contre le manque de démocratie interne, le "cordon ombilical" maintenu avec l’URSS, terminant par "Vive le Parti communiste … italien et autres non alignés sur l’URSS." Membre de la section locale de la Fédération nationale des déportés, internés, résistants patriotes, il en était le porte-drapeau.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article124950, notice PARMENTIER Pierre, Isidore par Jacques Girault, version mise en ligne le 30 novembre 2010, dernière modification le 26 juillet 2013.

Par Jacques Girault

SOURCES : Arch. Dép. Var, 2 M 5 294, 18 M 35, 88, 3 Z 2 14, Cabinet 862. — Renseignements fournis par la famille de l’intéressé. — Notes de Jean-Marie Guillon et de Maurice Guillabert. .

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