PARRAT Auguste, Antonin

Par Jean Gaumont, M. Henriot, Justinien Raymond

Né à Saint-Denis (Seine) ; ouvrier gantier à Chaumont ; militant socialiste de la Haute-Marne.

Parrat était mégissier palissonneur à la ganterie Tréfousse de Chaumont et adhérait à un groupe socialiste du POF rattaché au Parti socialiste de France, à dater du congrès de Chaumont du 13 décembre 1903 qui organisa une fédération départementale dont Parrat fut le trésorier. Il continua son action au sein du Parti socialiste SFIO après 1905.

Le 3 mai 1904, il occupa la dernière place sur la liste des candidats socialistes aux élections municipales de Chaumont et obtint 124 voix sur 2 729 votants. Après l’unité, A. Parrat devint secrétaire de la fédération socialiste de la Haute-Marne, et c’est lui qui tint la barre au cours des élections législatives de 1906. Jusqu’en 1914, il participa à de très nombreuses réunions publiques dans le département comme organisateur presque toujours, comme président et orateur très souvent. En tant que socialiste de tradition guesdiste, il n’était pas tendre pour les anarchistes. Le 16 janvier 1909, il contredit l’un d’eux à Chaumont, se refusant à porter, dans les syndicats qui doivent rassembler tous les travailleurs, les thèses antimilitaristes et antipatriotiques qu’il ne condamnait pas en elles-mêmes. Le 7 janvier 1910, à la réunion donnée par Calvignac, secrétaire du syndicat des travailleurs en peaux de Graulhet (Tarn), Parrat s’opposa à d’autres militants anarchistes dont il jugea les professions de foi déplacées alors qu’il s’agissait d’unir tous les travailleurs, quelles que soient leurs conceptions, pour venir en aide aux grévistes de Graulhet.

Au cours de ces années, il représenta sa fédération aux congrès socialistes nationaux de Nancy (1907) et de Paris (juillet 1910). Il fut aussi son porte-drapeau aux élections législatives de 1910 dans l’arr. de Chaumont, sans grand succès puisqu’il ne recueillit que 654 voix sur 18 504 votants là où le candidat socialiste en obtint 733 en 1906. Mais Parrat ne se découragea pas et, sous sa direction, la fédération grandit. Le 23 septembre 1911, dans un grand meeting contre la vie chère, il proposa de demander à la municipalité de taxer les denrées et menaça les commerçants récalcitrants de mesures semblables à celles prises à Fougères. À partir de 1913, Parrat ajouta à sa tâche de secrétaire celle de gérant de l’organe fédéral L’Égalité socialiste. Il anima la campagne contre la loi des trois ans. Au cours d’une réunion de protestation à Chaumont, le 15 mars 1913, il fit voter un ordre du jour approuvant le manifeste socialiste franco-allemand, protestant contre l’augmentation du budget de la guerre et de la durée du service militaire, déclarant que, au cas où la loi serait votée, les nouvelles charges seraient supportées par les classes possédantes (Arch. Dép.).

Fin mai 1913, Parrat fit voter au congrès de la fédération socialiste un ordre du jour en faveur de la représentation proportionnelle et fit élever une protestation contre le maintien de la classe libérable sous les drapeaux. Le 28 octobre 1913, à la section socialiste de Chaumont, il s’éleva contre les démarches de la municipalité aux fins d’obtenir une garnison dans la ville et il critiqua le projet de construction d’habitations à bon marché pour les officiers, que l’on ne peut mener à bien, disait-il, qu’aux dépens de la classe ouvrière.

En juillet 1914, devant le congrès fédéral réuni pour discuter l’ordre du jour du congrès international, Parrat déclara que, pour des raisons personnelles, il se démettait du secrétariat fédéral et de la gérance de l’Égalité socialiste. Mais il ne cessa pas d’appartenir à la fédération socialiste et il la représenta au congrès de Strasbourg (février 1920), apportant la totalité de ses douze mandats à la motion du Nord en faveur du retrait de la IIe Internationale.

Son retrait de la scène politique à la veille de la déclaration de guerre n’empêcha pas Auguste Parrat de reprendre une nouvelle activité dès 1914. Cette année-là, il remplaça à la Bourse du Travail le secrétaire mobilisé, mais surtout il dirigea l’ouvroir que le Comité d’action et de vigilance présidé par le professeur Michel Alexandre avait créé en janvier 1915 pour donner du travail aux femmes de mobilisés. Il occupait sur place une vingtaine d’ouvrières qui travaillaient matin et soir à la confection de pelisses en peau de mouton. Peu après, l’Intendance militaire ayant fourni du travail de lingerie, l’effectif de l’ouvroir dépassa quatre-vingt-dix employées, chaque ouvrière étant payée 0,50 F par chemise et 1 F par pelisse. Cette charge redonna à Parrat une certaine autorité dans la ville et aux élections municipales de novembre 1919, le Parti socialiste chaumontais l’inscrivit sur la liste qu’il présentait. Mais Parrat ne fut pas retenu au second tour sur la liste de « concentration à gauche ».

Assistant le 1er février 1920 au congrès de la Fédération socialiste haut-marnaise, il fut désigné comme l’un des sept membres du comité fédéral qui venait d’être renouvelé. Il fut nommé délégué de la Fédération au congrès socialiste de Strasbourg (février 1920), en remplacement d’Evrard et de Moch qui avaient été tout d’abord désignés et il rendit compte de sa mission à la réunion du groupe socialiste chaumontais le 13 mars 1920. Il vota pour la motion des Reconstructeurs qui obtint la majorité, cette motion décidant que le Parti socialiste abandonnait la IIe Internationale. Parrat exprima ensuite son admiration pour l’organisation coopérative strasbourgeoise. Il annonça aussi qu’il avait pu obtenir de Léon Blum la promesse de venir faire une conférence à Chaumont.

On ne vit reparaître Parrat au conseil municipal qu’en mai 1929. Présenté sur la liste républicaine du conseil sortant, il arriva dernier avec 1 529 voix sur 3 023 votants. En mai 1935, il figura sur la liste socialiste présentée au premier tour, puis au second tour sur la liste républicaine, et fut élu 21e conseiller avec 1 730 voix sur 3 021 votants et le resta jusqu’au 14 juin 1940. Il fut conseiller municipal « désigné » du 25 avril 1941 au 13 septembre 1944, date de libération de la ville.

Coopérateur, Auguste Parrat avait été sociétaire et administrateur de la coopérative « L’Avenir chaumontois » créée en 1902. Après la fusion avec l’UDC de Lorraine en 1932, il continua d’animer la vie de la section de Chaumont et fit partie du comité général de l’UDC jusqu’à sa mort en juin 1950.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article124970, notice PARRAT Auguste, Antonin par Jean Gaumont, M. Henriot, Justinien Raymond, version mise en ligne le 30 novembre 2010, dernière modification le 30 novembre 2010.

Par Jean Gaumont, M. Henriot, Justinien Raymond

ŒUVRE : A. Parrat collabora, de la fin de 1909 à la fin de 1912, à La Défense des Travailleurs, organe de l’Aube étendu à la Haute-Marne et, à partir de 1913, à l’Égalité socialiste, organe de sa fédération, dont il fut le gérant jusqu’en 1914.

SOURCES : Arch. Dép. Haute-Marne, 70 M 15 et 16. — Le Petit Champenois, 3 mai 1904, 19 avril 1906, 24 avril 1910. — Le Réveil des Travailleurs, 26 avril 1906. — L’Égalité socialiste, 13 mars et 1er juin 1913, 19 juillet 1914. — Hubert-Rouger, Les Fédérations socialistes II, op. cit.., pp. 390-391. — Le Petit Haut-Marnais, 19 février 1915, 5 mai 1929, 6 mai 1935. — Rens. mairie de Chaumont.

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