PARVY Jean

Par Justinien Raymond

Né et mort à Limoges (Haute-Vienne) : 26 novembre 1876-26 septembre 1933. Peintre sur porcelaine ; militant syndicaliste et socialiste ; député.

Jean Parvy était le fils d’un métayer de la banlieue de Limoges. Il était enfant quand son père abandonna sa métairie pour Limoges où, pendant plus de trente ans, il fut maçon-paveur au service de la municipalité. Il quitta l’école primaire à douze ans pour apprendre le métier de peintre sur porcelaine. Il entrait ainsi dans une corporation qui fut à l’avant-garde du mouvement ouvrier limousin. Il n’en démentit pas l’esprit. Il joua un grand rôle dans le syndicat des ouvriers de la céramique où il entra à l’âge de seize ans. À la suite de la grève de 1896, des porcelainiers, Jean Parvy, licencié, se fit maçon pour quatre ans, puis travailla en chambre, avant de revenir à l’atelier. Il fut porté au comité fédéral de la Fédération nationale des ouvriers et ouvrières en céramique et similaires de France et des colonies, organisée au congrès de Digoin (août 1901). Il fut le premier rédacteur en chef de son organe L’Ouvrier céramiste, lancé en 1906. De formation élémentaire, J. Parvy révéla des qualités innées de journaliste. Il savait « trouver la phrase entraînante, le mot qui portera (...), les formules capables de toucher ce milieu qui est le sien » (M.-A. Renault, op. cit., p. 45). Il y montrait un souci élevé de l’éducation ouvrière. Jean Parvy, qui est noté en 1907 comme un des animateurs de la Bourse du Travail de Limoges, avait représenté son syndicat au XVe congrès national corporatif — 9e de la CGT — tenu à Amiens en octobre 1906 : sans aller jusqu’à voter la motion Renard, il s’y était prononcé pour des rapports temporaires entre CGT et Parti socialiste. Il assista également au XVIe congrès, Marseille, octobre 1908. Les 2 et 3 mai 1909, il siégea au VIIIe congrès national de la céramique à Mehun-sur-Yèvre (Cher), qui le nomma délégué suppléant au congrès international de la céramique à Florence. Il y fit condamner l’emploi de la troupe sur les lieux de grève. Il fit voter par 20 voix contre 19 et 2 abstentions une résolution hostile à la grève générale contre la guerre, estimant que l’action syndicaliste doit s’efforcer d’empêcher le recours aux armes ; la guerre engagée, les mesures à prendre ne sont plus du ressort du syndicalisme et la grève alors ne relève que de la conscience individuelle. Il fut pareillement hostile au sabotage. Il « est contraire à l’organisation ouvrière, écrivit-il. C’est un procédé individuel et nous sommes organisés en vue d’une lutte collective... On a toujours vilain visage devant le patronat quand on s’est placé volontairement dans un cas d’infériorité manifeste et qu’il peut vous traiter de voleur ou de menteur. Dans une lutte, le grand facteur, c’est l’opinion publique. Si par la malfaçon ou le sabotage (...) on la rend antipathique au conflit, la cause est irrémédiablement perdue » (L’Ouvrier céramiste, décembre 1913).

Peu après sa fondation en 1895, Jean Parvy adhéra au Cercle républicain-socialiste de Limoges qui groupait radicaux-socialistes et collectivistes. Ils se séparèrent sur l’affaire Millerand, et Parvy suivit ces derniers, collabora à L’Avenir lancé le 2 décembre 1900 pour combattre le ministérialisme. Entré au comité limousin du POF, il en fut le secrétaire et, en 1902, demeura secrétaire de la Fédération du PS de France. S’il fut candidat aux élections législatives en 1902, dans l’arr. de Rochechouart, il ne fit aucune campagne et ne recueillit que 25 voix. Il fut au centre des pourparlers d’unité assez laborieux en Haute-Vienne comme secrétaire d’une des fédérations intéressées. Il resta un des premiers militants de la fédération socialiste SFIO dont il prit le secrétariat en 1910, pour le conserver jusqu’à sa mort et qu’il représenta aux congrès nationaux de Nancy (1907), Saint-Quentin (1911), Lyon (1912), Brest (1913), Amiens (1914), Strasbourg (février 1920) et Tours (décembre 1920). À Amiens il représentait aussi la Dordogne.

Aux élections législatives de 1906, à l’élection partielle du 21 février 1909, au renouvellement général de 1910, Jean Parvy obtint 568, 1733 et 2 491 voix dans l’arr. de Rochechouart qu’il conquit au second tour en 1914 par 6 293 voix sur 16 313 inscrits contre 5 746 au candidat radical. En 1912, il avait été élu conseiller général du canton-nord de Limoges et il le demeura jusqu’au 21 octobre 1928. Pendant la guerre, il signa le manifeste de la fédération de la Haute-Vienne qui donna le branle au mouvement minoritaire et dont il fut un des rédacteurs actifs (9 mai 1915).

Réélu au scrutin de liste en 1919 et en 1924, Jean Parvy fut battu en 1928 dans l’arr. de Rochechouart, au second tour, par le républicain-socialiste Descubes, avec 4 265 voix contre 6 184. Il avait pris une part active au vote de la loi du 23 avril 1919 établissant la journée de travail de huit heures : il fit stipuler au paragraphe 8 que la diminution de la durée du travail ne devait pas aboutir à une diminution de salaire. Élu maire de Rochechouart en 1925, réélu en 1929, il se passionna pour l’administration de sa ville.

Parvy mourut à cinquante-sept ans, des suites d’une blessure ; il était diabétique.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article124991, notice PARVY Jean par Justinien Raymond, version mise en ligne le 30 novembre 2010, dernière modification le 4 octobre 2022.

Par Justinien Raymond

ŒUVRE : J. Parvy collabora à l’Avenir, au Socialiste du Centre, organe de la fédération révolutionnaire en 1902, au Populaire du Centre (de février 1907 à son élection à la députation en 1914, et à partir d’octobre 1928) et au Petit Limousin.

SOURCES : Arch. Ass. Nat., dossier biographique. — Comptes rendus des congrès du Parti socialiste SFIO. — Hubert-Rouger, Les Fédérations socialistes I, op. cit., pp. 535 à 558, passim. — P. Cousteix, « Le Mouvement ouvrier limousin de 1870 à 1939 ». in L’Actualité de l’Histoire, décembre 1957, n° double 20-21, pp. 27 à 96, passim. — Marie-Anne Renault, Histoire de la Fédération nationale des ouvriers de la céramique, DES Paris, 1949 (passim). — L’Humanité, 4 mai 1909 ; 11 et 15 mai 1914. — Le Populaire du Centre, numéros des 27, 28 et 29 septembre 1933. Discours aux obsèques de Parvy et, dans le numéro du 28 septembre, un article de S. Vallière : « Adieu à Jean Parvy ».

ICONOGRAPHIE : Hubert-Rouger, op. cit., p. 557.

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