PASQUINI Charles, Marius

Par Antoine Olivesi

Né le 15 septembre 1874 à Erbajolo (Corse) ; mort le 26 mai 1940 à Marseille (Bouches-du-Rhône). Garçon puis maître d’hôtel naviguant. Secrétaire du syndicat des agents du service général à bord des navires ; conseiller d’arrondissement et conseiller municipal socialiste de Marseille ; Membre suppléant du Conseil national économique (1931-1936).

Originaire du Cap Corse, Charles Pasquini dirigea dès 1904 le syndicat des employés de restaurants navigateurs. Il représenta les garçons navigateurs avant 1910 à l’Union des chambres syndicales ouvrières des Bouches-du-Rhône. Dix ans plus tard, il était secrétaire général du syndicat CGT des agents du service général à bord des navires (ADSG) à Marseille, fonction qu’il assuma jusqu’en 1940. Son étroite collaboration avec les dirigeants successifs des inscrits maritimes, Rivelli, Mattei, puis surtout Pierre Ferri-Pisani, explique l’influence durable que ces deux hommes exercèrent sur le port de Marseille. En effet, selon un rapport de police, le seul syndicat CGT des agents de service aurait compté environ trois mille deux cents adhérents en 1934. Son poids fut considérable lors des grèves déclenchées dans le port, notamment en 1919-1920, 1922, 1925 à 1928 et en 1936. En 1919, elles furent provoquées surtout par le chômage. Celles de 1920 eurent un caractère plus revendicatif et révolutionnaire à la fois. Mais le conflit de 1922 pour l’application de la journée des huit heures fut le plus dur. Grève et lock-out durèrent du 16 septembre au 8 novembre. Puis ce fut l’échec et la répression facilités par la division syndicale.

Après avoir signé en septembre 1920 un appel contre la « démagogie » des minoritaires au sein de la CGT, Pasquini participa l’année suivante au XXIIe congrès CGT à Lille et vota pour la tendance majoritaire. Après la scission, il fut l’un des réorganisateurs de la CGT. (voir Charles Gras). Il continua son action dans le cadre des luttes menées par les syndicats portuaires, le plus souvent en position défensive mais parfois avec succès. Ainsi, Pasquini put obtenir, en 1925, une hausse de salaire pour les ADSG des Messageries maritimes, après un mois de grève. En octobre 1928, avec Ferri-Pisani, il fit partie de la commission paritaire qui négocia à Paris avec André Tardieu, ministre des Travaux publics, un accord sur les salaires et les retraites, après trois semaines de grève. En revanche, le début des années trente fut difficile en raison de la crise, de la rupture de Sabiani et des attaques du Parti communiste. Représentant la Fédération des syndicats maritimes, il fut membre suppléant du Conseil national économique de 1931 à 1936 au titre du "travail salarié, main-d’œuvre (transport)".

En janvier 1936, à l’issue du congrès de fusion, il fut élu à la commission administrative de l’UD-CGT et fut l’un des leaders des grèves de juin. Du 22 au 26, plus de six mille syndiqués paralysèrent totalement l’activité du port de Marseille. L’occupation des navires obligea les armateurs à accepter la convention la plus avantageuse jamais obtenue par les « travailleurs de la mer ». Il anima aussi la grève du 25 mai 1937 (sans occupation cette fois) qui contraignit l’armement marseillais à respecter les engagements conclus un an plus tôt, ensuite à porter le montant de la retraite à 6 000 F., à accepter le droit de vote des marins et similaires en mer et à mettre en place, progressivement, la semaine de 40 heures.

Pasquini se trouva aux côtés de Ferri-Pisani lorsque ce dernier signa un appel favorable à l’indépendance syndicale dans la CGT en avril 1938 et dans le conflit qui opposa le syndicat des inscrits maritimes à l’UD-CGT à partir de janvier-février 1939. Il protesta vainement, au congrès de l’UL, le 5 mars suivant, contre la création d’un syndicat des marins et ADSG procommuniste à Marseille. Le conflit et cette rupture furent la conséquence de l’échec de la grève du 30 novembre 1938. Après la dénonciation par les communistes de la passivité des syndicats maritimes ce jour-là, un véritable « coup de force » fut tenté par l’UD et le PC le 4 janvier 1939, pour s’emparer de la direction de ce syndicat.

Pasquini fut un des principaux signataires de la résolution votée par la majorité des militants des deux syndicats inscrits maritimes et ADGS, dénonçant le Parti communiste et France-Navigation au service de l’URSS et prononçant l’exclusion définitive des « éléments assujettis au Parti communiste et propageant les mots d’ordre du gouvernement soviétique ». Le lendemain, la minorité communiste fonda son propre syndicat dirigé par Brinetti. Mais la CGT nationale ainsi que la FNSM apportèrent leur soutien à Pasquini et à Ferri-Pisani. Le conflit persistait lors du congrès départemental de juillet et s’amplifia après le Pacte germano-soviétique. En 1939, Pasquini était secrétaire adjoint avec A. Guenedal de la Fédération nationale des syndicats maritimes dont Eugène Ehlers était alors secrétaire général.

Membre de la première section du Parti socialiste (quartier du vieux Marseille), Charles Pasquini fut de 1925 à 1929 conseiller municipal sur la liste Flaissières. Il rompit avec ce dernier et se présenta contre lui sur la liste Tasso en 1929 mais fut battu. En revanche, il fut élu conseiller d’arrondissement du 1er canton de Marseille en octobre 1934. Pasquini était président du conseil d’arrondissement lors de son décès.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article125046, notice PASQUINI Charles, Marius par Antoine Olivesi, version mise en ligne le 30 novembre 2010, dernière modification le 30 novembre 2010.

Par Antoine Olivesi

SOURCES : Arch. Nat. F7/13768. — Arch. Dép. Bouches-du-Rhône, III M/56, V M2 /255-256, 276 et 282 ; M 6 /8321 et 11379 ; XIV M 24/44 ; XIV M 24/62. — Le Travailleur de la mer, 1921, 1925, 1929. — Le Peuple, 1923, 1927, 1929. — L’Ouvrier syndiqué, 15 mai 1909. — Le Petit Provençal, 1922, 1933-1935 (photo), 1938-1939. — Le Midi syndicaliste, 1932, 1936. — Rouge-Midi, 7 mars 1939. — V. Avellan, Le syndicat des marins à Marseille..., M. M. 

rebonds ?
Les rebonds proposent trois biographies choisies aléatoirement en fonction de similarités thématiques (dictionnaires), chronologiques (périodes), géographiques (département) et socioprofessionnelles.
Version imprimable