PASQUIOU Hippolyte

Par Yves Le Floch

Né le 22 février 1876 à Tonquedec (Côtes-du-Nord), mort le 10 janvier 1947 à Saint Brieuc. Instituteur ; militant syndicaliste et socialiste des Côtes-du-Nord.

Hippolyte Pasquiou en 1916, au front
Hippolyte Pasquiou en 1916, au front

Fils de cultivateurs, Hippolyte Pasquiou entra à l’École normale de Saint-Brieuc (Côtes-du-Nord) et devint instituteur dans différentes communes du département : Plourivo, Rospez, Cavan, Brusvily avant d’être nommé à Saint-Brieuc. Il fut souvent aussi secrétaire de mairie. Ses diverses nominations lui assurèrent une bonne connaissance du département qui lui fut très utile lorsque, pendant de longues années, il fut la cheville ouvrière de la Fédération SFIO des Côtes-du-Nord.

Selon l’organe socialiste fédéral, l’Éveil breton, Pasquiou adhéra au Parti socialiste au moment de l’unification (il militait alors dans le groupe de Dinan qui fonda l’Éveil breton) et fut délégué au VIIe congrès de la Fédération socialiste de Bretagne les 7-8 juillet 1907 qui décida la dissolution de la Fédération pour laisser place à cinq fédérations départementales.

Lieutenant pendant la guerre, fait prisonnier au Chemin des Dames le 27 mai 1916, Pasquiou reprit très vite ses activités militantes à son retour et devint secrétaire du groupe socialiste de Saint-Brieuc en 1921. Il prit en main la direction de la nouvelle Fédération socialiste des Côtes-du-Nord dont les statuts furent déposés en décembre 1920. En juin 1921, il appartenait au comité de rédaction de l’Éveil breton qui venait de reprendre sa parution en avril. Pasquiou représenta les Côtes-du-Nord au XIVe congrès SFIO (Paris, octobre-novembre 1921). Il s’engagea ardemment dans la lutte pour la laïcité. Choisi en 1921 comme secrétaire de la section de Saint-Brieuc du syndicat des membres de l’Enseignement laïc des Côtes-du-Nord, il fut élu en 1922 au conseil départemental de l’Enseignement primaire. Sa lutte pour la laïcité allait de pair avec la défense des fonctionnaires, aussi participa-t-il à l’organisation locale et départementale des deux mouvements. Lors de la création du SNI en 1924, Pasquiou devint le président de la section de Saint-Brieuc.

Pendant toute cette période et jusqu’en 1928, il anima la Fédération SFIO des Côtes-du-Nord comme secrétaire général et comme gérant de l’Éveil breton. En 1926, un conflit l’opposa à la section de Penvenan dirigée par Augustin Hamon. Pasquiou présenta sa démission de la direction de l’Éveil breton, démission refusée, mais l’affaire se termina par la création d’un comité fédéral composé de délégués de sections ainsi que d’une commission des conflits. Il fut réélu secrétaire fédéral en 1927, mais lors du congrès fédéral de mai 1928, il annonça son prochain retrait du secrétariat pour faire « place aux jeunes ». Il n’approuvait pas l’opposition de gauche des sections de l’arrondissement de Lannion. Son retrait du secrétariat fut effectif en juillet 1928 mais il resta cependant directeur de l’Éveil breton ainsi que membre du conseil fédéral.
Il a été fait chevalier de la légion d’honneur en 1927, pour son comportement courageux pendant la Première Guerre mondiale.

Durant la période 1921-1928, Pasquiou représenta plusieurs fois la SFIO à Saint-Brieuc aux élections législatives, en 1921, 1924 et 1928. Quoique réservé à l’égard de la tactique cartelliste, lors des élections municipales de 1928, à cause de l’influence prépondérante du radicalisme dans le département, Pasquiou resta « Bloc des gauches » et très hostile à tout rapprochement avec les communistes qui l’attaquaient vivement dans leur presse.

Pasquiou bénéficia de la poussée socialiste de la fin des années vingt à Saint-Brieuc : il fut élu au conseil municipal en 1929. Son départ en retraite cette même année suscita de la part de ses adversaires politiques des tracasseries administratives qui l’obligèrent à abandonner son siège qu’il regagna l’année suivante. Son échec aux élections sénatoriales de 1929 montra les limites de l’audience des socialistes dans le jeu politique départemental. Pasquiou ne fut guère plus chanceux aux élections législatives de 1932 où 338 voix seulement se portèrent sur son nom. Cette année-là, le développement des luttes paysannes dans le département, que reflétait le journal la Charrue rouge dirigé par Augustin Hamon, correspondit à un nouveau recul de l’influence de Pasquiou dans la fédération. La section de Rostrenen, reflétant la poussée socialiste en milieu rural, protesta contre la direction non démocratique de l’Éveil breton et demanda la suppression du poste de directeur et son remplacement par un comité de rédaction travaillant avec le secrétaire fédéral (à ce moment-là Pierre Brilleaud). Les militants de Rostrenen demandèrent aussi que le journal fédéral soit plus vivant ce qui signifiait qu’il devait cesser d’accorder autant d’importance à la défense de la laïcité, à la Ligue des droits de l’Homme, aux cartels de fonctionnaires, pour appuyer comme le faisait la Charrue rouge les luttes paysannes contre les saisies et pour la réforme des baux ruraux. A la fin de 1932, Pasquiou cessa d’être gérant de l’Éveil breton.

Rendu amer par sa mise à l’écart, Pasquiou ne renonça cependant pas à l’action militante. Il ne suivit pas les « néos » dans la scission, et on le vit membre de la commission du Combat, nouvel organe de la Fédération créé sous l’impulsion de Guy Robert. De 1934 à 1937, il fut aussi membre du conseil fédéral et, au congrès de janvier 1937, il représenta Saint-Brieuc avec A. Mazier.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article125049, notice PASQUIOU Hippolyte par Yves Le Floch, version mise en ligne le 30 novembre 2010, dernière modification le 24 septembre 2018.

Par Yves Le Floch

Hippolyte Pasquiou en 1916, au front
Hippolyte Pasquiou en 1916, au front
Hippolyte Pasquiou en 1936
Hippolyte Pasquiou en 1936
Clichés fournis par Sophie Pasquiou

SOURCES : L’Éveil breton. — Note de Sophie Pasquiou.

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