PAUMIER Robert

Par Didier Lemaire

Né le 12 janvier 1913 à Selles-sur-Cher (Loir-et-Cher), mort le 19 octobre 1988 à Clichy (Hauts-de-Seine) ; ouvrier agricole, puis permanent communiste. Dirigeant de l’association des Amis de l’URSS ; responsable du Comité national des prisonniers de guerre et déportés pendant l’Occupation.

Frère de Bernard Paumier, Robert Paumier travailla avec ses parents cultivateurs dès son certificat d’études, puis fut placé comme ouvrier agricole. En 1927, il entra en contact avec des communistes : l’instituteur Maurice Crespin et le cultivateur Émile Rioland. La haine de la guerre que lui avait enseignée son père, ancien combattant de la Première Guerre mondiale ainsi que la lecture de l’Avant-Garde, l’amenèrent au communisme. Alors qu’il était ouvrier agricole à Chamcol, le 1er janvier 1929, il donna son adhésion au cercle de Jeunesse communiste de Selles-sur-Cher animé par Maurice Crespin. Devenu responsable du rayon des JC de Saint-Aignan, il fut en liaison avec Regor (de son vrai nom Roger Roby), responsable de la région orléanaise pour les jeunes. Il écrivit de nombreux articles dans le journal communiste régional, le Travailleur. Avec Gilberte Besson, il contribua à la création de plusieurs cellules de la JC : à Saint-Aignan, à Noyers, à Châtillon, etc... Il essaya de constituer un syndicat des ouvriers agricoles en liaison avec le responsable régional de la CGTU, Parsal. Le rapport du commissaire spécial d’Orléans du 26 juin 1930 le désignait comme « le militant le plus actif » du rayon et le présenta même comme le secrétaire de celui-ci alors qu’en fait il n’était pas encore adhérent du parti.

En 1932 et 1933, les Jeunesses communistes de Selles collectèrent 2 000 F pour financer un voyage en URSS. Au départ il s’agissait d’envoyer un jeune socialiste, mais ce fut Robert Paumier qui, en novembre 1933, effectua ce voyage qui le remplit d’enthousiasme : « Moi, simple ouvrier agricole, disait-il, j’étais reçu comme un ambassadeur. » Son compte rendu de voyage fut publié en brochure par les Amis de l’Union soviétique sous le titre : « L’agriculture soviétique. » A son retour, il abandonna son travail d’ouvrier agricole pour devenir permanent de l’AUS. Entre décembre 1933 et mars 1934, il sillonna le Loir-et-Cher à bicyclette pour faire des comptes rendus de son voyage dans plus de soixante-dix localités. Ces réunions provoquèrent le plus souvent un vif intérêt, mais aussi quelquefois des manifestations d’hostilité des Jeunesses patriotes et des Croix de feu.

Le 15 avril 1934, il prit la parole au cours d’une manifestation organisée à Blois par les communistes pour s’élever contre un rassemblement prévu avec Philippe Henriot et soutenu par l’Action catholique : il reprocha au maire socialiste de Blois, le docteur Olivier, d’avoir autorisé la réunion fasciste, s’éleva contre la charge des gardes mobiles et appela à l’union. Le lendemain, il était appelé à la caserne Maurice-de-Saxe à Blois pour y faire son service militaire au 131e RI. Alors qu’il était en permission, il assista le 8 juillet 1934 à une réunion du comité antifasciste de Selles-sur-Cher. Dénoncé, il fit l’objet d’un rapport de gendarmerie et, à son retour à la caserne, fut condamné à trente jours de prison. Cette sanction provoqua une campagne de protestation : tracts, affiches, réunions publiques, délégations à la caserne. Le 6 août 1934 le maréchal Pétain, ministre de la Guerre, s’adressa au ministre de l’Intérieur à propos du meeting de protestation qui s’était tenu à Blois : « J’estime très regrettable qu’une réunion organisée par le Parti communiste pour protester contre une mesure prise par l’Autorité militaire ait pu avoir lieu dans une salle d’un bâtiment municipal. »

Muté à Bar-le-Duc (Meuse), Robert Paumier prit contact avec un communiste de la ville pour assurer le travail de propagande à la caserne où il organisa la distribution de tracts antimilitaristes. La signature de l’accord franco-soviétique le 2 mai 1935 fut pour lui « un coup de poing en pleine figure » remettant en cause son activité antimilitariste mais la phrase prononcée alors par Staline « il faut que la France ait une armée à la hauteur des circonstances » lui fit prendre conscience de la priorité à donner à la lutte contre le danger fasciste. Libéré en juillet 1935, il adhéra au Parti communiste. Permanent de 1935 à 1939 aux Amis de l’Union soviétique aux côtés de Fernand Grenier, il fut délégué à la propagande de l’organisation et effectua trois voyages en URSS à la tête de délégations en août 1935, mai et novembre 1938. Il fit une tournée à travers la France pour présenter le film d’Eisenstein, Le cuirassé Potemkine, assurant environ deux cents projections.

Mobilisé en septembre 1939, Robert Paumier participa aux combats de 1940 aux environs de Rethel. Pendant qu’il était sous les drapeaux, il resta en liaison avec Fernand Grenier. Fait prisonnier à Saint-Dié le 22 juin 1940, il fut transféré au stalag V B en Forêt Noire où il retrouva d’autres communistes, tels Raymond Bossus et Palluy, avec lesquels il organisa le parti dans le camp. Ensemble, ils entreprirent des démarches pour le respect de la convention de Genève, la solidarité à l’égard des prisonniers de guerre soviétiques et même des collectes pour les familles de résistants fusillés en France, l’argent étant transmis à la femme de Robert Paumier. Ayant reçu de son frère Bernard l’ordre de s’évader, il y réussit le 22 mai 1943 et gagna la Suisse puis la France. De retour à Paris, il fut chargé par le parti de l’action envers les prisonniers de guerre et les déportés et fut placé à la tête du Comité national des prisonniers de guerre et déportés créé sous l’égide du Front national. Son travail consista à prendre contact avec les prisonniers de guerre évadés, à favoriser leur entrée dans la Résistance, à fabriquer pour eux de fausses cartes et aussi à envoyer des tracts aux prisonniers en Allemagne. Il était aidé dans ce travail par des femmes de prisonniers. Début 1944, il apprit que deux autres organisations clandestines s’occupaient des prisonniers : l’une était dirigée par Morland, nom de résistance de François Mitterrand, l’autre par Charrette, surnom de Caillaux, neveu du général de Gaulle. Il proposa à Robert Ballanger, sous la responsabilité duquel il travaillait, d’essayer de fusionner les trois associations : ce qui fut réalisé en mars 1944 au sein du Mouvement national des prisonniers de guerre et déportés.

Chargé en juillet 1944 de représenter le PCF dans les zones du débarquement du 6 juin 1944, il effectua ce travail pendant deux mois. Rappelé à Paris, nommé commandant FFI, il assura la direction du parti dans la Bretagne libérée en attendant que Waldeck Rochet arrive de Londres. Après la libération de la capitale, il regagna Paris. Le parti l’envoya dans les Vosges et en Alsace avec la tâche de réorganiser le PCF au fur et à mesure de la Libération.

De retour à Paris, il travailla d’août 1945 à juillet 1946 comme permanent à l’organisation du parti auprès de Léon Mauvais. D’août 1946 à avril 1949, il devint secrétaire général de rédaction à l’Humanité. En 1949, il participa au lancement d’Ouest-Matin à Rennes comme directeur adjoint aux côtés du professeur Denis. Il revint à Paris pour travailler au bureau de presse, l’Union française d’information. A compter d’octobre 1950, il fut rédacteur au journal Ce soir, puis à partir de mars 1951 administrateur du journal Action. De 1953 à 1966, il fut directeur de la Société d’expédition et routage (SERP). En 1966 il devint directeur du Bureau soviétique d’information et de la revue Études soviétiques : il déclara avoir connu à ce poste une période un peu difficile du fait de l’intervention soviétique en Tchécoslovaquie et de sa condamnation par le PCF.

De 1970 à 1978, il fut secrétaire général adjoint de la Fédération nationale des anciens prisonniers de guerre puis poursuivit son travail au sein de cette organisation à titre bénévole.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article125183, notice PAUMIER Robert par Didier Lemaire, version mise en ligne le 30 novembre 2010, dernière modification le 4 mars 2011.

Par Didier Lemaire

SOURCES : RGASPI, 495 270 2562, autobiographie, 29 mai 1938. — Arch. Dép. Loir-et-Cher, série M. — Y. Durand, La captivité, histoire des prisonniers de guerre français. — Le Travailleur. — R. Paumier, L’agriculture soviétique, Bureau d’éditions, 1937. — Témoignages de R. Paumier, B. Paumier, G. Larcade, J. Chesneau.

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