PAVOT Narcisse

Par Gilles Morin

Né le 28 septembre 1895 à Vertain (Nord), mort le 18 mars 1971 à Cambrai (Nord) ; instituteur ; coopérateur du Nord ; élu socialiste du Pas-de-Calais : conseiller d’arrondissement du canton des Solesmes (1936-1940), maire de Viesly (1947-1971), conseiller général de Solesmes (1945-1971), vice-président du conseil général, député (1958-1967).

Narcisse Pavot
Narcisse Pavot
Député

D’origine paysanne, fils d’artisan peintre, Narcisse Pavot fréquenta l’école primaire supérieure de Bavay puis l’École normale d’instituteurs de Douai (promotions 1912-1915). Titulaire du brevet supérieur, à sa sortie en 1914, il fut nommé instituteur à Solesmes (Nord). Resté à son poste malgré l’occupation allemande, il s’engagea dans l’action clandestine dès le début de la guerre aux côtés d’Édith Cavell, héroïne anglaise qui fut par la suite fusillée par les Allemands à Bruxelles. Arrêté à la frontière hollandaise au cours d’un passage clandestin de prisonniers alliés, Narcisse Pavot fut condamné à la peine de mort en juin 1915 par le conseil de guerre allemand siégeant à Diest (Belgique). Gracié, en raison de son jeune âge (dix-neuf ans), il fut déporté en Allemagne. Rapatrié en septembre 1918, il fut hospitalisé jusqu’en novembre 1919 en raison de la détérioration de son état de santé provoquée par trois ans de détention en camp. Mutilé, ayant retrouvé sa liberté, il se maria à Hazebrouck le 30 décembre 1919 avec Georgette Carpentier, institutrice et directrice d’école. En poste à Villers-Outréaux jusqu’en 1928, Narcisse Pavot exerça ensuite à Viesly jusqu’à sa retraite en 1950.

Narcisse Pavot, syndiqué au SNI, avait adhéré au Parti socialiste SFIO en 1919 (ou en 1921 selon une fiche autobiographique de l’OURS) ; il lui resta fidèle lors de la scission de Tours et siégea au conseil municipal de Villers-Outréaux à partir de 1925. À cette époque, il consacra l’essentiel de son action militante au mouvement coopérateur. Administrateur de la société locale de Villers-Outréaux, il en fut le délégué à l’assemblée générale de l’UDC de Cambrésis en 1928. En 1934, il présida le groupement régional des déposants à la Banque des coopératives. Il semble alors avoir pendant un temps démissionné de l’enseignement. Cependant, avec le Front populaire, sa ligne d’action s’infléchit vers le domaine politique. Élu conseiller d’arrondissement dans le canton de Solesmes en remplacement de Louis Potiez lors de la consultation partielle de 1936, il fut réélu l’année suivante à l’occasion du scrutin général. Délégué à plusieurs congrès régionaux du Parti socialiste, il assista également au congrès du Rassemblement universel pour la Paix, tenu à Bruxelles le 18 septembre 1936, où il représentait le comité de Front populaire et les syndicats de Solesmes. “Fervent syndicaliste” selon une note de police, jusqu’à la scission de 1947, il fut délégué du bureau de la sous-section de Caudry du SNI (CGT) à partir de 1932.

Refusant la défaite, Narcisse Pavot entra, pour la seconde fois de sa vie, dans la Résistance, militant à Libération-Nord et au PS clandestin. Les autorités ne s’y trompaient pas : en 1942, le préfet estimait qu’il “ne peut être considéré comme rallié à la politique du gouvernement”. Arrêté par la Gestapo le 14 février 1944, il fut emprisonné à Valenciennes et libéré le 9 mars suivant, faute de preuves. Son frère, Léon Pavot, décéda au camp de Mauthausen et son cousin germain, Paul Pavot, fut fusillé.

Nommé président du comité de Libération de Viesly en 1944, comme instituteur il ne pu se présenter pour les élections municipales mais composa une liste qui fut élue en entier. Élu conseiller général du canton de Solesmes en septembre 1945, la loi ayant été changée, il fut désigné officiellement maire de Viesly à partir de 1947 : il conserva ces deux mandats jusqu’à sa mort. Il était vice-président du Conseil général en 1948-1949 et présida le Syndicat d’électrification du Cambrésis. Il s’attacha à l’établissement de l’eau potable dans les habitations de sa commune et du canton durant la IVe République.

Membre de la commission administrative de la Fédération socialiste du Nord en 1952, démissionnaire pour cause de maladie en 1954, il se présenta sans succès aux élections législatives de 1951 et 1956 dans la troisième circonscription du Nord.

Narcisse Pavot, qui avait approuvé le retour au pouvoir du général de Gaulle et la participation de Guy Mollet à son gouvernement, fut élu député après le changement de mode de scrutin en novembre 1958, dans la 17e circonscription du Nord. Réélu en 1962, avec le désistement communiste, il décida de ne pas se représenter en 1967, mais accepta d’être le suppléant de l’une des étoiles montantes de la FGDS, Pierre Mauroy, futur maire de Lille. Celui-ci fut devancé par le candidat du PC et ils se désistèrent en sa faveur. Il appartint au bureau de l’Association départementale des maires du Nord en novembre 1959.
En 1966, il fut victime d’une agression de la part d’un malade mental, le premier mai, au cours d’une réception des vieux à la salle des fêtes. Il décéda le 18 mars 1971 au centre hospitalier de Cambrai.

Sa conduite héroïque au cours des deux guerres mondiales, valut à Narcisse Pavot l’obtention de nombreuses décorations : Médaille des évadés, Croix du combattant 1914-1918, puis, après la Deuxième Guerre mondiale, il fut fait chevalier de la Légion d’honneur, se vit attribuer la Croix de guerre 1939-1945 et la Médaille de la Résistance.

Il s’était marié le 30 décembre 1919 avec Georgette Carpentier, née le 19 juin 1893.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article125213, notice PAVOT Narcisse par Gilles Morin, version mise en ligne le 30 novembre 2010, dernière modification le 19 août 2021.

Par Gilles Morin

Narcisse Pavot
Narcisse Pavot
Député

SOURCES : Arch. Nat., F/7/1530/A, n° 16650 ; F/1a/3636 ; F/1cII/205, 270, 305, 313, 451, 566, 703 ; F/1cIV/154. — Arch. de l’Assemblée nationale, dossier personnel. — Rapports des congrès de la SFIO, 1944-1967. — Rapports de congrès fédéraux du Nord, 1945-1967. — Archives de l’OURS, dossiers Nord. — A. Duchatelle, M. M., Lille III, 1973, op. cit. — Le Monde, 20 mars 1971. — Notice d’Y. Le Maner, DBMOF.

rebonds ?
Les rebonds proposent trois biographies choisies aléatoirement en fonction de similarités thématiques (dictionnaires), chronologiques (périodes), géographiques (département) et socioprofessionnelles.
Version imprimable