PENCALET Joséphine [veuve LE RAY]

Par Fanny Bugnon

Née le 18 août 1886 à Douarnenez (Finistère), morte le 13 juillet 1972 à Douarnenez (Finistère) ; ouvrière sardinière ; syndicaliste ; conseillère municipale communiste de Douarnenez (1925).

Fille de René-Joseph Pencalet (marin, né en 1844) et de Marie-Jeanne Celton (née en 1844). Issue d’une famille nombreuse de marins douarnenistes avec laquelle elle s’est rapidement trouvé en conflit, Joséphine Pencalet quitta la Bretagne après avoir achevé sa scolarité dans un internat catholique de Quimperlé. Elle travailla alors comme lavandière en région parisienne, où elle épousa, le 18 janvier 1908 à la mairie d’Argenteuil, un employé des chemins de fer, Léon Frédéric Le Ray, originaire d’Ille-et-Vilaine et rencontré à Douarnenez alors qu’il effectuait son service militaire dans la Marine. De cette union désapprouvée par sa famille naissent deux enfants : Léon (né en 1910) et Anna (née en 1918). Son veuvage au sortir de la Première Guerre mondiale la conduisit à revenir avec ses enfants à Douarnenez où elle est embauchée comme ouvrière dans l’une des nombreuses conserveries de poisson de la ville. Sa participation à la grève victorieuse des sardinières de novembre 1924-janvier 1925 qui paralysa les usines douarnenistes pendant 7 semaines et qui connut un écho national, lui valut d’être sollicitée par Daniel Le Flanchec, maire sortant élu en 1924, pour figurer sur la liste du Bloc ouvrier et paysan aux élections municipales du mois de mai 1925.

Les conditions de sa désignation sont floues : s’il n’est pas certain qu’elle ait été membre du Parti communiste ni même du comité de grève, son veuvage aurait facilité sa candidature. La présence d’une candidate correspond aux consignes du Secrétariat féminin de Moscou de présenter des candidatures féminines aux élections, indépendamment de leur illégalité, et de la stratégie du PC. Placée en 4e position, comme « ouvrière d’usine », elle recueillit 1283 voix, arrivant en 24e position des suffrages. Elle fut ainsi proclamée élue au premier tour, le 3 mai, devenant ainsi la première femme élue en Bretagne. Installée le 17 mai comme l’une des premières conseillères municipales françaises, elle siégea pendant six mois au sein des commissions scolaire et d’hygiène. Parallèlement, elle exerça la fonction de secrétaire adjointe du bureau du Syndicat des Métaux de Douarnenez, affilié à la CGTU.

En vertu de l’inéligibilité des femmes et malgré l’argumentaire développé par Joséphine Pencalet devant la justice administrative à propos des ambiguïtés de la loi électorale de 1884 qui n’interdit pas explicitement les candidatures féminines et alors que les députés votèrent en faveur du suffrage municipal féminin en avril 1925, l’élection de Joséphine Pencalet fut annulée par arrêté préfectoral le 16 juin 1925, décision confirmée cinq mois plus tard par le Conseil d’État au motif qu’aucune disposition légale ne considérait les femmes éligibles. Signalons que la décision du Conseil d’État du 27 novembre 1925 concerna également l’annulation de l’élection de Charles Tillon pour non-résidence à Douarnenez. Joséphine Pencalet disparut alors de la vie politique douarneniste jusqu’à sa mort, avant d’être redécouverte au tournant du XXIe siècle comme une figure de la mémoire ouvrière locale.

Elle était l’une des nombreuses cousines germaines de Louis Pencalet et Joseph Pencalet (leurs pères respectifs étaient frères).

Son nom a été donné à une rue de Douarnenez en 2012.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article125445, notice PENCALET Joséphine [veuve LE RAY] par Fanny Bugnon, version mise en ligne le 30 novembre 2010, dernière modification le 20 avril 2021.

Par Fanny Bugnon

SOURCES : Arch. Nat. AL 4758. — Arch. Dép. du Finistère 5 K 55 et 3 M 490. — Arch. Dép. de Seine-Saint-Denis, Archives du PCF, fonds 517.1. — Arch. mun. de Douarnenez 1 D 1/13 et 1 K 2/1. — État civil de Douarnenez. — Jean-Michel Le Boulanger, Ni dieu, ni maître ? Flanchec (1881-1944) ou l’étrange parcours d’un insoumis, Douarnenez, Mémoire de la Ville, 1998. — Charles Tillon, On chantait rouge, Paris, Robert Laffont, 1977. — Jean-Michel Leboulanger, Douarnenez, histoire d’une ville, Plomerin, Éditions Palantines, 2002. — Théo Bernard, La grève des "sardinières et des manœuvres des usines métallurgiques et des fabriques de conserve de Douarnenez" (1924-1945), Mémoire de Master, Institut d’études politiques de Paris, 2015. — Fanny Bugnon, « De l’usine au conseil d’État : l’élection de Joséphine Pencalet à Douarnenez (1925) », Vingtième Siècle. Revue d’histoire, vol. 125, p. 32-44.

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