PÉPIN Edmond

Par Nicolas Kssis, Claude Pennetier

Né le 25 mars 1885 à Pantin (Seine), mort le 22 octobre 1965 à Villeparisis (Seine-et-Marne) ; ouvrier ébéniste, artisan puis industriel ; dirigeant du sport travailliste ; conseiller municipal socialiste puis maire du Pré-Saint-Gervais (Seine).

Ouvrier ébéniste, Edmond Pépin était le fils d’une couturière et de Gilbert Pépin (né le 11 juin 1858 à Souvigny, Allier), menuisier, qui fut de 1904 à 1912 conseiller municipal du Pré-Saint-Gervais (Seine). Son frère Henri, né en 1892 au Pré-Saint-Gervais, était également menuisier et un autre frère, Raymond, né en 1894, était découpeur sur métaux. Edmond Pépin est généralement présenté comme ébéniste. En 1921, il figurait sur les listes nominatives de recensement comme « employé à la scierie d’Egy à Pantin » et en 1926 comme « négociant patron ». Les registres préfectoraux le disent « directeur d’industrie » en 1929 et « ébéniste » en 1935. Il était à nouveau qualifié d’industriel à la Libération.

Edmond Pépin occupe une place importante mais méconnue dans l’histoire du sport travailliste. En effet, il avait fait parti en 1908, aux côtés d’Henri Kleynoff, du groupe des créateurs de la Fédération sportive athlétique socialiste (FSAS) et fut constamment membre de la direction nationale d’une organisation sportive ouvrière. Avant la Première Guerre mondiale, il s’investit surtout dans le développement du football ouvrier. Il assurait encore en 1914 la présidence de la commission de football association au sein de la Fédération socialiste des sports et gymnastique (qui a remplacé la FSAS). Il tenta notamment de multiplier les rencontres internationales avec des équipes appartenant aux structures ouvrières des pays frontaliers (Jeunes Gardes de Bruxelles). La faiblesse des moyens dont disposait la FSSG freina considérablement les efforts. La Première Guerre mondiale terminée, durant laquelle il avait servi en tant que pilote-aviateur, il reprit son activité de dirigeant sportif dans la Fédération sportive du travail qui continuait l’ancienne FSSG. Toutefois celle-ci, comme l’ensemble du mouvement ouvrier français, était désormais de plus en plus divisée par l’opposition entre adversaires et partisans de la Troisième Internationale et de l’Internationale rouge des sports, fondée à Moscou en juillet 1921. Au congrès de Montreuil (juillet 1923), Edmond Pépin (avec Charles Auray, Pierre Marie, Albert Guillevic) refusa de rester à l’intérieur d’une FST en majorité tenue par les communistes. « Les réformistes », comme les fustigeait alors Sport ouvrier, organe de la FST, fondèrent le 25 juillet 1925 l’Union des sociétés sportives et gymniques du travail (USSGT), adhérente à l’Internationale sportive ouvrière socialiste. Edmond Pépin en était avec Bontemps un des deux vice-président, le président était Charles Auray et le trésorier Albert Guillevic. Si il semble avoir participé au processus unitaire de l’année 1934 et à la création de la FSGT, et bien qu’il soit toujours membre de la commission exécutive nationale jusqu’en 1939, il prit par la suite du recul par rapport aux autres leaders socialistes comme Antonin Poggioli ou Guillevic. Il resta également actif au sein du comité régional de la région parisienne, principalement à la direction du secteur est. Il écrivait aussi dans Sport, assumant sans amertume le rôle d’ » ancêtre » qui faisait bénéficier de son vécu et de son expérience unique de l’histoire du sport travailliste.

Edmond Pépin entra au conseil municipal du Pré-Saint-Gervais à l’issue du scrutin du 30 novembre 1919 sur la liste conduite par Eugène Boistard. Trésorier adjoint de la section socialiste locale, il signa la motion Blum-Paoli avant le congrès de Tours (décembre 1920). Désigné comme adjoint en octobre 1924, il fut réélu conseiller en mai 1925, devint deuxième adjoint au maire le 17 mai, conserva cette fonction le 12 mai 1929 et le 11 mai 1935. Il était membre suppléant de la CAP du Parti socialiste SFIO en 1932. Il était avec Marius Collet un des animateurs de la section de Pantin en 1938. Ses adversaires communistes décrivaient ainsi sa « silhouette » politique en 1925 : « Socialiste patriote, décoré, ex-officier aérien, défenseur du militarisme et du capitalisme. » (L’Aube sociale, mai 1925). Ce portrait charge qui mettait l’accent sur sa passion pour l’aviation militaire anticipe de vingt ans les photographies électorales de la Libération où Pépin portait sa casquette d’officier d’aviation.

Engagé volontaire dans l’aviation en 1939, il était absent lorsque se déroula le « règlement de compte » entre ex-USSGT et ex-FST et quand les premiers exclurent les seconds de la commission exécutive pour avoir refusé de condamner le pacte germano-soviétique.

Edmond Pépin fut écarté du conseil municipal du Pré-Saint-Gervais par le gouvernement de Vichy. A la Libération, il fut, au titre du Parti socialiste, président de la délégation spéciale (conseil municipal provisoire) selon l’arrêté du 6 décembre 1944. L’ancien maire Eugène Boistard protesta comme sa mise à l’écart mais le Comité local de Libération confirma son refus de confier des mandats municipaux à plusieurs membres l’équipe de 1935 dont Adrien Sibille et André Ernzen. Il accéda à la première magistrature municipale le 14 mai 1945 et la conserva jusqu’à son décès survenu le 22 octobre 1965 à Villeparisis (Seine-et-Marne).

Il était devenu à la Libération président de la FSGT (son passé dans le sport travailliste fut aussi déterminant que son engagement dans la Résistance), charge qu’il partageait avec Georges Marrane. Cet équilibre maintenait en apparence l’unité mais Pépin n’influa guère sur la politique de l’organisation travailliste après 1945. Chef de section à la direction des bases aériennes en 1953, il était officier de la Légion d’honneur.

Edmond Pépin a été longtemps président du Syndicat des eaux d’Ile-de-France (Sedif) L’usine de production d’eau de Choisy-le-Roi porte son nom.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article125480, notice PÉPIN Edmond par Nicolas Kssis, Claude Pennetier, version mise en ligne le 30 novembre 2010, dernière modification le 1er juin 2022.

Par Nicolas Kssis, Claude Pennetier

SOURCES : Arch. Dép. Seine, DM3, vers. 10451/76/1 et 10441/64/2. — Arch. Com. du Pré-Saint-Gervais. — L’Humanité, 7 janvier 1920. — L’Informateur sportif, 1936-1939. — Edmond Pépin, « Comment le sport travailliste fut créé », Sport, 15 août 1938. — La Vie de la FSGT, décembre 1946. — Léon Strauss, « Le sport travailliste français entre les deux guerres », in Arnaud Pierre, Les Origines du sport ouvrier en Europe, L’Harmattan, 1994.

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