PERSANCIER Auguste

Par Michel Dreyfus, René Gaudy

Né le 11 juin 1907 à Chalon-sur-Saône (Saône-et-Loire), mort à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis) le 31 octobre 1986 ; secrétaire adjoint du syndicat CGT du Gaz de Paris (1936-1939) ; militant communiste ; résistant ; maire adjoint de Saint-Denis (1945-1965).

Ce fut à l’âge de deux mois qu’Auguste Persancier arriva à Saint-Denis. Sa mère qui ne savait ni lire ni écrire avait été placée chez une paysanne de Saint-Marcellin en Isère pour garder les oies et c’est là qu’elle rencontra le père d’Auguste. Ils tinrent ensuite à Châlon-sur-Saône un bistrot qui prit feu. Ils ne furent pas indemnisés et durent quitter la région puis se séparèrent rapidement. La mère d’Auguste Persancier se mit alors en ménage avec un mineur du Crusot, « un homme remarquable » qui fut le véritable père d’Auguste Persancier et qui joua un rôle essentiel dans sa formation et ses engagements : en 1913, il emmena le jeune Auguste au meeting contre la guerre au Pré-Saint-Gervais où Jean Jaurès prononça un discours mémorable. Arrivé à Saint-Denis en 1907, son beau-père travailla comme ouvrier dans diverses entreprises, aux chantiers de la Loire, et aux Wagons-lits à Saint-Denis. Il participa aux grèves de 1920 et, licencié, il eut alors le plus grand mal à trouver du travail. Sa mère était devenue blanchisseuse. Auguste Persancier aidait sa mère à monter le linge au grenier où il séchait. Il quitta l’école communale à douze ans et demi. D’abord « mousse » sur un chantier à Enghien, il entra à treize ans au garage Laigle et Bordoni à Saint-Denis où il apprit, jusqu’à seize ans environ, le métier dont il rêvait : mécanicien-ajusteur. Il travailla ensuite dans deux autres garages à Paris (XIIIe arr.) et à Levallois. Il pratiquait également des sports et en particulier la boxe — il battit le champion d’Algérie Rico, le champion de France FST (future FSGT) Galache et bien d’autres et affirma dans ses mémoires (op. cit.) n’avoir perdu qu’une dizaine de combats sur les deux cents qu’il disputa. Quand il cessa de boxer, il devint professeur à la FSGT et forma de nombreux boxeurs.

Faisant son service militaire en 1927, il aurait refusé de participer à la répression de la manifestation de solidarité avec Sacco et Vanzetti ce pour quoi il écopa de huit jours de prison. Sportif, il fut versé dans les pompiers de Paris et c’est là qu’il commença vraiment sa vie militante. À son retour du service militaire il fit la connaissance de sa future femme, Andrée, alors âgée de seize ans et avec qui il devait avoir en 1930, une fille, Monique. Le 18 juin 1930, il fut embauché à l’usine à gaz du Landy appartenant à la Compagnie du gaz de Paris. Il travailla d’abord comme « homme de cour », nettoyant les briques des fours à gaz. Par la suite, il put faire son métier de mécanicien-ajusteur : il réparait les machines qui sortaient le coke des fours et qui l’acheminaient vers des wagons. En 1930, il fut titularisé (cette société ne titularisait en général pas avant deux ans) et fit ce travail jusqu’en 1938.

À l’âge de treize ans, formé par son père, Auguste Persancier lisait déjà l’Humanité et la vendait. À l’usine du Landy, il adhéra à la CGTU et au Parti communiste (cellule n° 900) en 1930, ses deux parrains étant Joanny Berlioz qui « suivait » la cellule et Alfred Lahaye, alors secrétaire du syndicat du gaz CGTU avec qui Persancier était lié. Les communistes des usines à gaz du Landy et du Cornillon furent parmi les premiers qui, à Saint-Denis, s’opposèrent à [ Jacques Doriot lorsque celui-ci s’éloigna du Parti communiste. Auguste Persancier, élu secrétaire de sa cellule vers 1934, secondé par Yves Mahé, conduisit la lutte dans les deux usines contre les partisans de Doriot, Alfred Lahaye et Georges Rousseau qui furent chassés du syndicat. Il devint alors secrétaire du groupe syndical du Landy, en remplacement de Lahaye.

Le 21 février 1936, il fut élu secrétaire général adjoint du syndicat réunifié du Gaz de Paris (voir Jean Duflot) et, en mai 1938, fut réélu à ce poste. Le syndicat du Gaz de Paris était le plus important de la Fédération : 7 000 adhérents en 1938. Il fut délégué au congrès fédéral d’unité à Toulouse (mars 1936) et au congrès suivant à Lyon (juin 1937). Animateur de la grève à l’usine du Landy en 1936, il participa aux négociations avec la direction de la société. En 1938, en raison de son activité syndicale, il fut muté au service du « casse coke », ce qui lui interdisait pratiquement tout déplacement dans l’usine et rendait par conséquent très difficile son travail syndical. Il figura également sur la liste présentée par le Parti communiste lors des élections municipales de mai 1935 qui fut battue par celle de Jacques Doriot et mena durant toutes ces années une lutte acharnée contre le Parti populaire français.

Mobilisé en septembre 1939 au régiment des sapeurs-pompiers de Paris, son corps d’origine, il participa à la distribution de tracts et de l’Humanité. Arrêté, il fut transféré au fort de La Motte-Girond (Saône-et-Loire). Lors de l’invasion allemande, il fut affecté à la défense de Dijon avec le 81e régiment d’infanterie. Fait prisonnier, il s’évada du camp de Longwy en septembre 1940 et chercha à reprendre contact avec le PCF. Hébergé chez un communiste de Dijon, Catinot, employé aux tramways, Persancier, alias « Fournier », participa à des sabotages, à des récupérations d’armes et à des parachutages. Ayant rejoint les FFI (bataillon de Bourgogne), il entra à leur état-major de Dijon, à titre de responsable régional pour le recrutement des FTP à partir du 1er juin 1943. En septembre 1944, il fut nommé membre du comité de libération de la Côte-d’Or. Élu secrétaire de la section communiste de Dijon, il demanda néanmoins à rentrer à Saint-Denis et fut démobilisé le 19 décembre 1944. Il se mit à la disposition du PCF dans sa ville. Chargé par Chaumeil (du comité central) de la récupération des armes dans la région parisienne, il rendait compte de ce travail à André Marty. Des tonnes d’armes furent transférées sur le front de l’Est. Avec Encontre, il devint secrétaire de la Fédération Seine-nord du PCF.

Auguste Persancier fut maire adjoint de Saint-Denis d’avril 1945 à mars 1965 (4e , 3e , puis 2e adjoint) et conseiller municipal jusqu’en 1983, maire adjoint honoraire à partir de 1973. Pendant vingt ans, il présida le club « Saint-Denis Union sports ». À partir de 1947, Auguste Persancier fut également chargé par la commission de politique extérieure du comité central du Parti communiste d’assurer la sécurité des déplacements et de répondre aux besoins matériels des dirigeants communistes : il remplaça dans ce travail Nennuy, ancien maire de Rillaud et fut pour ces tâches en contact permanent avec [ Jacques Duclos, Raymond Guyot, Élie Mignot et Gaston Plissonnier. En particulier, il fut en contact avec Santiago Carillo secrétaire général du Parti communiste espagnol et aida à l’impression de son journal, Mundo obrero. Il fut également en contacts avec des communistes algériens, grecs et portugais ce qui l’obligea plusieurs fois à se « mettre au vert » pour des raisons de sécurité. Durant cette période, il participa également à l’organisation matérielle des congrès du Parti. Titulaire de nombreuses décorations, il avait notamment la Médaille de la résistance. À son décès, il était maire adjoint honoraire de Saint-Denis.

Il s’était marié à Saint-Denis (Seine) le 6 janvier 1940 avec Andrée Brunet.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article125788, notice PERSANCIER Auguste par Michel Dreyfus, René Gaudy, version mise en ligne le 30 novembre 2010, dernière modification le 15 avril 2022.

Par Michel Dreyfus, René Gaudy

ŒUVRE : Souvenirs de Saint-Denis, 1907-1986, préface de G. Plissonnier, Saint-Denis, Éd. Imprimeurs réunis, 1985, 152 p.

SOURCES : Témoignage et papiers fournis par le militant. — Arch. FNE-CGT — Le Gazier de Paris, 1936-1939. — René Gaudy, Les porteurs d’énergie, Paris, Temps actuels, 1982. — Souvenirs de Saint-Denis,...op. cit. — Renseignements recueillis par M. Rault. — Jacques Marsaud, Passion commune. Secrétaire de mairie en banlieue rouge, Les Éditions de l’Atelier, 2018.

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