PESCH Paul, Léon

Par Jacques Girault, Claude Pennetier

Né le 11 juin 1885 à Levrézy (Ardennes), mort le 2 mars 1974 à Montfermeil (Seine-Saint-Denis) ; ouvrier tourneur ; maire adjoint communiste de Bobigny (Seine).

Fils d’un ouvrier ferronnier (manœuvre décédé en 1896 selon l’autobiographie de 1933), douzième d’une famille de treize enfants Paul Pesch vint à Paris chez sa sœur en 1896. Il obtint le Certificat d’études, entra en usine à douze ans, suivit des cours du soir. Il travailla comme chauffeur au laminoir de Bogny-Braux (Ardennes). Selon son témoignage, il connut « plusieurs usines de cette localité jusqu’à quinze ans, âge où atteint de scoliose, j’ai été soigné à Paris pendant plus d’une année. J’étais domicilié chez une sœur mariée. Après guérison, pas assez fort pour entrer en usine, j’ai travaillé pendant le cours de deux années, six mois dans une maison de tissus, rue de l’Atlas et dix-huit mois, employé de bureau 16 rue Fontaine au Roi, Maison Chouanard. Rentré avec ma famille à Levrézy, je rentrais à l’usine Gérard comme perceur. » Vers 1902-1903, il militait aux Jeunesses socialistes de Levrézy et participa à la fondation d’un Cercle d’études sociales. « Nous avons à ce moment-là fait cesser les processions religieuses qui se déroulaient dans les rues de la commune, principalement à l’occasion de la Fête-Dieu [...] nous avions tendu des banderoles rouges avec mots d’ordre contre l’église et des jeunes camarades munis de troncs collectaient pour la propagande socialiste. Cela a amené aussi la disparition de notre cercle d’études car pas mal de jeunes camarades ayant reçu une correction des parents ont abandonné la lutte. »

Il fut réformé, se maria civilement à dix-neuf ans avec une passementière. Ils eurent quatre enfants, non baptisés. L’aîné fut militant de Jeunesses communistes.

Après le mariage, le couple quitta les Ardennes pour Paris et Pesch travailla dans plusieurs usines métallurgiques : Maison Govin (boulevard de Belleville), Maison Lapipe (rue Oberkampf). Il fut employé ensuite aux usines Vuillaume, rue Manin, à Bobigny comme tourneur sur métaux jusqu’en 1915. Pesch était venu habiter un lotissement dans le quartier du Nouveau-Village à Bobigny en janvier 1913. Son épouse, après avoir travaillé plusieurs années à la Maison Helbrun, spécialisée dans la fausse-bijouterie (boulevard de Belleville), tint un café-commerce de vins. Il anima à partir de 1914 le comité d’intérêt local du quartier. Pendant la guerre, Pesch travailla à la Fonderie « La Madeleine » à Noisy-le-Sec qui fabriquait des obus. Il y était encore lors des grèves de 1920 pendant lesquelles il prit la tête du comité de grève avec un nommé Perrin. A la reprise du travail, il fut licencié. Il travailla au parc d’automobiles militaires de Vincennes puis entra comme tourneur à la SAFT (piles Leclanché) à Romainville.

Socialiste depuis 1918, Pesch fut élu conseiller municipal sur la liste socialiste SFIO en novembre 1919 dirigée par Jean-Marie Clamamus. Réélu en mai 1925 sur la liste communiste, devenu premier adjoint au maire, il quitta son emploi pour s’occuper davantage de la mairie et de son commerce. Il se présentait comme permanent municipal : « Je fus désigné par le sous-rayon et le conseil municipal pour être permanent à la Mairie de Bobigny, Clamamus ayant trop de tâches avec son mandat de député. »

Membre de la cellule de rue n° 272, Pesch était depuis quelques mois le secrétaire du 21e rayon communiste. Le 23 février 1926 le comité régional accepta sa demande d’être dégagé de cette responsabilité. Il demeura toutefois secrétaire adjoint. En avril 1926, membre du bureau d’organisation, responsable de la commission des fêtes, il devait visiter les cellules du rayon. Pourtant, en 1928, un rapport de police le présentait comme secrétaire du 17e rayon. Cette situation ne dura pas. Un rapport destiné à l’Internationale sur la réorganisation de la Région parisienne le 22 juillet 1928 déclarait : « Rayon de Bobigny, direction passe des mains de la mairie dans celles d’ouvriers. Pesch est remplacé par Auffret. » Il fit partie d’une délégation se rendant en URSS pour le 14e anniversaire de la révolution russe.

Pesch fut réélu le 5 mai 1929 et resta premier adjoint. Les 4, 5 et 6 janvier 1933, il participait au congrès des municipalités communistes à Saint-Denis. Réélu le 5 mai 1935, Pesch accompagnait régulièrement les enfants de Bobigny à La Machine (Nièvre) ; il y séjournait pendant un mois pour assurer une meilleure organisation du placement à domicile.

Pesch fut suspendu par décret du 26 septembre 1939 mais fut membre de la délégation spéciale après juin 1940, délégation dont il était secrétaire jusqu’au 9 mai 1941 (date de la réintégration de Clamamus, rallié à Marcel Gitton) et où il siégea jusqu’au 31 janvier 1942. Dans une lettre du 24 février 1940, Clamamus écrivait au préfet de la Seine : " les adjoints et conseillers municipaux dans les noms suivent m’ont affirmé de la façon la plus catégorique et formelle qu’ils se soumettaient à la loi française qui prononçaient la dissolution du Parti communiste et qu’ils n’entendaient n’adhérer à aucun autre groupement qui pourrait en être la reconstitution, ni se livrer à aucune activité ou action clandestine » ; le nom de Pesch était cité en tête. Un rapport de police du 25 mai 1941 note : « Toutefois, des renseignements recueillis, il résulte que Pesch aurait une attitude équivoque et on assure, dans son entourage, qu’il n’a pas renié ses opinions. Par la suite, il fut arrêté et interné aux camps de Rouillé (Vienne), puis de Pithiviers (Loiret). A la Libération, la question de sa réintégration au conseil municipal fut soulevée. Les dirigeants communistes locaux s’opposèrent à sa désignation à la tête du comité local de Libération. « Nous avons été convoqués à Montreuil devant Gourdeaux et Deloche. Ils nous ont affirmé que Pesch n’avait pas démérité, que son attitude dans le camp avait été bonne. Nous nous sommes inclinés car nous manquions de compétence et nous n’étions pas bien nombreux en tout cas » écrit L’Helgouach. Pesch fut donc nommé maire le 14 septembre 1944.

Le 29 avril 1945, il conduisit la liste d’Union patriotique, républicaine et antifasciste et fut élu en 24e position. Le 19 octobre 1947, conduisant comme maire sortant la liste d’Union républicaine et résistante et de défense des intérêts communaux, il arriva en 3e position et fut réélu maire avec les seules voix communistes (16 contre 7).

Le 26 avril 1953, tête de la liste d’union ouvrière et démocratique de défense des intérêts communaux dans la paix et l’indépendance nationale, il arriva en 1re position. Le 10 juin, il devint délégué au conseil de discipline du personnel communal. Il resta maire jusqu’au 21 mai 1955. Il ne participa plus aux séances du conseil municipal mais laissa un mandat. En 1959, Pesch ne fut pas candidat.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article125808, notice PESCH Paul, Léon par Jacques Girault, Claude Pennetier, version mise en ligne le 30 novembre 2010, dernière modification le 30 novembre 2010.

Par Jacques Girault, Claude Pennetier

SOURCES : RGASPI, Moscou, 495 270 4973 : autobiographie, Bobigny, 13 mai 1933 et 517 1 563. — Arch. Nat. F7/13112, 13264. — BMP microfilms n° 189, 191, 312. — Arch. Com. Bobigny. — La Voix de l’Est. — Rens. de René Pesch.

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