PETIT Louis

Par Pierre Bonnaud

Né le 16 décembre 1884 à Saint-Ouën-sur-Loire (Nièvre) ; mort le 26 novembre 1968 à Imphy (Nièvre) ; métallurgiste ; maire communiste d’Imphy.

Né dans une famille de six enfants, d’un père bûcheron, Louis Petit eut une enfance et une jeunesse marquées par les luttes que cette corporation conduisit contre les marchands de bois pour l’amélioration des tarifs de coupe.

En 1902, Petit fut embauché aux Aciéries d’Imphy. Un syndicat, affilié à la CGT, auquel Petit adhéra, put s’implanter durablement dans l’usine à partir de 1906. Les effectifs qui s’élevaient à une vingtaine d’adhérents au départ, progressèrent jusqu’à la centaine de membres à la veille de 1914. Le secrétaire du syndicat était Léonard Cadiot et le trésorier Édouard Courtignon.

Petit, comme la plupart des militants actifs du syndicat, adhéra à la SFIO. Il commença à écrire ses premiers articles dans Le Socialiste Nivernais, organe départemental du parti. Eugène Laurent, député socialiste de la Nièvre en 1914, se rendait souvent à Imphy pour animer les réunions du groupe.

En 1914 Petit fut mobilisé dans les services auxiliaires, à la Manutention de Nevers. Il ne partit pas au front à cause d’un handicap physique, séquelle d’un accident. En décembre 1914, il regagna l’usine d’Imphy et l’atelier d’ajustage. Les Aciéries étaient intégrées dans l’économie de guerre, placées sous encadrement militaire, et produisaient notamment des obus. Petit côtoya dans l’entreprise un fort contingent de femmes affectées aux tâches courantes ainsi que des ouvriers qualifiés, requis comme lui, souvent syndiqués et politisés, originaires de toutes les régions de France.

En 1915, Petit devint secrétaire du syndicat, puis délégué d’atelier. Comme un grand nombre de ses camarades il fut profondément influencé par Alphonse Merrheim, dirigeant de la fédération des métaux, minoritaire dans la CGT et porte-parole du pacifisme kienthalien.

Dans ses souvenirs, Petit rapporte, sans en préciser la date, que Merrheim vint tenir un rassemblement au marché couvert d’Imphy, qui regroupa plusieurs milliers d’ouvriers métallurgistes de la région. A la fin du mois de mai 1918, dans un contexte marqué par la montée en puissance du mécontentement ouvrier et de la protestation contre la guerre, stimulée par la Révolution russe, Petit joua un rôle majeur dans le déclenchement d’un mouvement de grève qui paralysa pendant une semaine la production des Aciéries d’Imphy. Les principales usines de guerre de la région se retrouvèrent dans la même situation. Le mouvement, coordonné depuis Bourges fut déclenché alors que les minoritaires tenaient congrès à Saint-Étienne (19 et 20 mai). Petit eut des contacts avec le libertaire Mauricius, qui se présenta à Imphy mandaté par le CDS. Sanctionné, Louis Petit fut déplacé et emprisonné pendant quelques jours à Auxonne, puis intégré dans un service de transport ferroviaire aux armées.

Après l’armistice, il put retrouver son travail à Imphy, fut candidat aux élections municipales de 1919 sur la liste socialiste conduite par Louis Masson. Élu conseiller, il devint maire-adjoint d’Imphy. Musicien, il dirigeait également l’harmonie municipale.

En 1920, Louis Petit participa à la vague des grèves du printemps. Le mouvement paralysa en partie les Aciéries d’Imphy du 11 au 25 mai sans réussir à s’imposer. Au sein de la SFIO, lors du débat préparatoire au congrès de Tours, Petit fut partisan de l’adhésion à la IIIe Internationale. Il devint ainsi l’un des fondateurs du Parti communiste dans la Nièvre et fut désigné dès janvier 1921 membre de la CAP fédérale. Au début de l’année 1922, il participa également à la fondation de l’Union départementale CGTU dont il devint le secrétaire à la propagande. Secrétaire fédéral du PC à partir de mars 1923 en remplacement de Jean-Marie Pouessel jusqu’à la réorganisation en région. Le parti le présenta à plusieurs reprises à des élections, notamment aux cantonales de 1931 et 1934, à des législatives, mais sans succès : en 1924, il obtint 9 803 voix sur 85 422 inscrits en tant que candidat du Bloc ouvrier et paysan, en 1928, en 1932, dans la 1e circonscription de Nevers, il recueillit 2 459 voix sur 20 377 inscrits. Il fut conseiller municipal et 1er adjoint d’Imphy de 1919 à 1925 puis de 1931 au 25 décembre 1932 ; En 1928 il avait appliqué la ligne « classe contre classe » et s’était maintenu au second tour dans la 1e circonscription de Nevers, ce qui n’empêcha pas l’élection du socialiste Jean Locquin. Mais Petit ne désavoua pas Sylvain Debré, candidat communiste dans la circonscription voisine qui s’était retiré au deuxième tour. Il refusa de voter son exclusion.

À nouveau conseiller municipal d’Imphy, dans une municipalité toujours dirigée par le socialiste Louis Masson, lassé des discussions internes d’un PC réduit à des effectifs squelettiques et qui avait perdu le tiers de ses voix entre 1928 et 1932, Louis Petit démissionna de son mandat de conseiller municipal à la fin de 1932 et refusa de reprendre sa carte dés 1933. Marcel Cachin lui écrivit personnellement pour qu’il revienne sur sa décision, en vain.

Déchargé de toutes ses responsabilités, Petit demeura au syndicat et après la réunification, lors des grandes grèves de 1936, il fit partie de la délégation ouvrière chargée de négocier avec la direction des Aciéries. Ses relations avec ses anciens camarades connurent alors une amélioration. En 1937, Louis Petit effectua un voyage d’un mois en URSS avec une délégation des Amis de l’Union Soviétique. Lorsque la guerre éclata en 1939, il accepta de remplacer le secrétaire du syndicat mobilisé, et à ce titre, dut affronter les tracasseries policières durant la drôle de guerre.

Pendant les années d’occupation, sans participer directement à la Résistance, Petit poursuivit son rapprochement avec ses anciens camarades. A la Libération, en 1944, il réadhéra au Parti communiste. L’ancienne municipalité d’Imphy conduite par Louis Masson était restée en place pendant l’Occupation et avait fait allégeance aux autorités de Vichy. Elle fut remplacée le 18 octobre 1944 par arrêté préfectoral par une municipalité provisoire dont Louis Petit devint le maire. Aux élections municipales de mai 1945, la liste communiste l’emporta et Petit fut à nouveau élu maire d’Imphy. Très vite il entra en conflit avec les dirigeants de la Fédération communiste et avec la majorité de ses propres conseillers. Le 24 janvier 1947, ceux-ci refusèrent de voter le budget municipal, provoquant ainsi de nouvelles élections. Blâmé puis exclu du PC, Petit prit la tête en juin 1947 d’une liste de redressement des intérêts communaux et l’emporta sur les listes séparées présentées par le PCF et la SFIO. Il demeura maire d’Imphy jusqu’en 1953. En mai 1953, il fut réélu conseiller municipal mais la mairie revint aux socialistes conduits par Louis Masson et Édouard Cantat, futur maire d’Imphy.

En 1967, âgé de 83 ans, Louis Petit confia un cahier de souvenirs de 187 pages manuscrites à Léopold Trumeau, l’un de ses anciens camarades communistes, métallurgiste à Imphy. Dans ses dernières lignes il notait : « la société à laquelle j’avais tout donné était tellement mauvaise qu’elle n’a même pas daigné m’accorder un moment de silence [...] je vais mourir en lui montrant le poing ». Louis Petit était marié et père de famille.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article125882, notice PETIT Louis par Pierre Bonnaud, version mise en ligne le 30 novembre 2010, dernière modification le 19 mai 2020.

Par Pierre Bonnaud

SOURCES : Arch. Nat. F7/13004. — Arch. Dép. Nièvre, dossier Élection Législative 1924. — Le Socialiste Nivernais, 1911-1914 et 1918-1922. — L’Émancipateur du Centre, 1925-1939. — L’Émancipateur de la Nièvre, 1944-1952. — Le Travailleur. — Jean Pataut, Sociologie électorale de la Nièvre au XXe siècle, Paris 1956. — Cahier de souvenirs de l’intéressé, manuscrit communiqué par Guy Trumeau. — Notes et archives de Marcel Nivot. — G. Lachapelle, Les élections législatives, 1919-1936, cinq vol.. — Rens. mairie d’Imphy. — Rens. fournis par M. Billard, petit-fils de Louis Petit.

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