PHILIPPE Louis, Paul

Par Daniel Grason

Né le 28 août 1889 à Paris XIVe arr. (Seine), mort le 22 décembre 1970 à Fleury-Mérogis (Essonne) ; fossoyeur ; interné ; déporté.

Louis Philippe fils de Louise Trouadec, culottière, fut légitimé par Paul Philippe lors de son mariage à la mairie du XVe arr. le 19 décembre 1889. En 1928, il fut adhérent du Syndicat général militaire du camionnage, membre de la cellule 144, 7e Rayon (section de Clichy) de la région parisienne du parti communiste. Délégué à la conférence communiste de la région parisienne, salle Reflut à Clichy, une bagarre éclata avec la police dans la salle, puis hors de celle-ci. Les cent vingt-neuf délégués furent arrêtés. La XIe Chambre correctionnelle le condamna à un an de prison et cent francs d’amende pour rébellion et violences à agents le 5 juin 1929. Il fit appel le 7 octobre, le tribunal confirma la peine. Voir Maurice Ancelle et Maurice Lime. Le 9 février 1930, il participait comme délégué à la conférence du parti communiste qui se tint rue Mathurin-Moreau. Il fut élu membre du comité régional de la région parisienne.

Marié le 9 octobre 1915 avec Marie Dhellemure à la mairie du XVIIIe arr., le couple eut trois enfants Louis, Albert et Emilienne, il se sépara de sa femme en 1927, vécut avec une veuve. Il habita à Clichy (Seine, Hauts-de-Seine), rue des Bournaires, rue Palloy, puis dans un hôtel de la rue de Villeneuve. Depuis le 1er janvier 1930, il était employé municipal à la ville de Clichy, devint fossoyeur titulaire en 1936.

En septembre 1939, à la déclaration de guerre, en raison de son âge il ne fut pas mobilisé. Il était fiché par le commissariat de Clichy comme un : « Meneur communiste actif ». Le 22 juin 1941 les troupes allemandes attaquaient l’Union soviétique, cinq jours plus tard la police arrêtaient et internaient administrativement des militants communistes en application du décret-loi du 18 novembre 1939 : « individus dangereux pour la défense nationale et pour la sécurité publique ». Louis Philippe arrêté le 27 juin, fut conduit successivement, au commissariat, remis aux allemands à l’Hôtel Matignon, enfin au Frontstalag 122 à Compiègne (Oise). En raison de son arrestation, il fut suspendu de son emploi par la délégation spéciale nommée par Vichy qui gérait la ville.

Six épouses et une fille d’internés de Clichy dont l’ex-femme de Louis Philippe écrivirent collectivement au préfet le 17 février 1942. Elles demandaient la raison des arrestations et l’autorisation d’une visite. Dans un rapport de juillet 1942, les Renseignements généraux reprenaient les informations du commissaire de Clichy. Il « aurait tenté, au début de 1940, de reconstituer une cellule parmi le personnel communal. Philippe, malgré les événements nés de la guerre, a gardé toute sa sympathie aux organisations révolutionnaires ». En conclusion sa libération ne pouvait être envisagée.

Le 24 janvier 1943, il était dans le convoi de mille quatre cent soixante-six hommes qui partait à destination d’Orianenbürg-Sachsenhausen (Allemagne). Après le transport du 6 juillet 1942, composé principalement d’otages communistes, ce fut le second, formé de déportés arrêtés par mesure de répression. Son transfert s’effectua dans un Kommando de travail, les barbelés ceinturaient le vaste espace boisé de Germendorf (un village à une dizaine de kilomètres au sud-ouest d’Oranienburg), où alternaient les blocks des déportés et les halls de fabrication du constructeur d’avions Ernst Heinkel. Louis Philippe matricule 59217 fut libéré le 2 mai 1945.

Il mourut le 22 décembre 1970 à Fleury-Mérogis (Essonne).

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article126077, notice PHILIPPE Louis, Paul par Daniel Grason, version mise en ligne le 7 novembre 2011, dernière modification le 9 juin 2014.

Par Daniel Grason

SOURCES : Arch. Nat. F7/13119. — Arch. PPo, BA 2397, 77W 43. – Livre-Mémorial, FMD, Éd. Tirésias, 2004. – L’Humanité, 6 août 1929. – État civil, Paris XIVe arr.

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