PHILIPPON Camille

Par Claude Pennetier

Né le 7 décembre 1898 à Marçais (Cher) ; mort le 15 mai 1979 à Saint-Amand-Montrond ; instituteur ; trésorier puis secrétaire du syndicat unitaire de l’Enseignement du Cher.

Issu d’une famille de métayers, Camille Philippon passa son brevet élémentaire à Bourges en juin 1914 puis entra à l’École normale en 1915. Titulaire du certificat d’aptitude professionnelle d’instituteur en avril 1918, il adhéra au syndicat de l’Enseignement du Cher dès la fin de son service militaire en 1922.

Entre le jeune instituteur et Gaston Beauvois, le pionnier du syndicalisme enseignant dans le Cher, se noua une amitié nourrie de conceptions sociales communes. Philippon assura la fonction de trésorier départemental à partir de 1926. Après la mort de Gaston Beauvois en mai 1932 et le départ pour le Syndicat national des instituteurs de Lucien Coffin en octobre 1932, Philippon fut l’animateur du noyau resté fidèle à la Fédération unitaire de l’Enseignement. Il accepta le secrétariat départemental en 1934. Favorable à la Ligue syndicaliste, il assista comme auditeur aux congrès fédéraux de Paris (1925), Tours (1927), Limoges (1931) et comme délégué à ceux de Besançon (1929) et Bordeaux (1932).

Avec la plupart des militants de son syndicat, Philippon fit grève le 12 février 1934. Le Syndicat national des instituteurs (CGT) s’unit au syndicat de l’enseignement du Cher en 1935. Selon sa propre formule, Philippon « subit la fusion » sans enthousiasme ; mal à l’aise dans l’organisation unifiée où Raymond Beuzelin régnait en maître, il refusa de siéger au conseil syndical en 1936 et soutint activement la tendance École émancipée.

« Ma tendance anarcho-syndicaliste m’éloignant de tout parti...je n’eus pas d’attache politique », écrivit Philippon. Lié à Marie et François Mayoux, il entretenait avec eux une fréquente correspondance. Ses archives témoignent de ses rapports avec la Fédération anarchiste de langue française et le Rassemblement international contre la guerre et le militarisme créé en 1937. Ses sympathies libertaires ne l’empêchèrent pas de voter lors des scrutins de l’entre-deux-guerres. Jusqu’en 1930 ses préférences allaient aux candidats communistes mais après les incidents provoqués par la minorité communiste au congrès fédéral de Besançon (1929), il donna ses voix aux socialistes. Pacifiste convaincu, Philippon était un lecteur assidu de la Patrie humaine.

Après la Seconde Guerre mondiale, il approuva l’action de son concitoyen Louis Lecoin. Instituteur à Saint-Amand, Camille Philippon prit la relève d’une ancienne tradition anticléricale remontant au groupe de la Libre pensée du Centre né en 1882 dans cette ville et à la Société vigneronne anticléricale, dite la « Marianne vigneronne », créée en 1888. Il dirigea la Libre pensée dans le sud du département du Cher jusqu’en 1973. Malgré les déceptions que lui avait causé l’évolution du mouvement syndical et son « aversion pour la dictature stalinienne » il restait, pour l’essentiel, fidèle aux idées de sa jeunesse. Cet instituteur dévoué jouissait de la sympathie de ses élèves et de ses collègues qui se souciaient peu de ses convictions libertaires. De son côté, Philippon ne fut plus après 1935 un propagandiste actif ; cet homme, discret, posé, dévoué entretint jusqu’à sa mort en 1979 des relations suivies avec ceux qui partageaient ses choix de libre penseur.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article126090, notice PHILIPPON Camille par Claude Pennetier, version mise en ligne le 30 novembre 2010, dernière modification le 31 juillet 2021.

Par Claude Pennetier

SOURCES : Papiers Camille Philippon et archives du syndicat de l’enseignement du Cher (CRHMSS). — Claude Pennetier, Le socialisme dans le Cher,op. cit.

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