PICHOREL Marthe [née COLLARD Marthe, Charlotte, Joséphine]

Par Jean Maitron

Née le 6 août 1878 à Cherbourg (Manche), morte le 14 décembre 1968 à Paris (XIVe arr.) ; institutrice ; dirigeante de la Fédération des amicales d’instituteurs (1909), animatrice de la Fédération des groupes féministes universitaires ; membre de la commission administrative de la Fédération générale des fonctionnaires ; suppléante du Comité directeur du Parti communiste en 1921, puis opposante à la bolchevisation ; membre suppléant du Conseil national économique (1925-1935).

Fille d’un commandant de marine exerçant de hautes fonctions à la préfecture maritime de Cherbourg, Marthe Collard entra dans l’enseignement par vocation et désir d’indépendance. Elle fut titularisée après avoir exercé comme suppléante dans les écoles maternelles de la banlieue parisienne. Elle épousa, le 17 octobre 1899 à Paris (VIe arr.), Georges Pichorel, employé de banque, fils d’un directeur d’école.

Dès 1907, elle fut élue conseillère départementale, adhéra à la Fédération des amicales d’instituteurs et, en 1909, devint membre du bureau aux côtés de Louis Roussel et d’Émile Glay. En 1912, au lendemain du congrès de Chambéry, elle s’inscrivit au Syndicat des instituteurs de la Seine tout en demeurant à la direction de la Fédération des amicales. Avant la Première Guerre mondiale, elle créa l’Action féministe universitaire. Elle l’animait encore après la guerre et écrivit dans la Voix des femmes, dont elle devint la gérante en 1922. Elle était une des animatrices et la trésorière de la Fédération des groupes féministes universitaires.

Le 7 novembre 1918, elle fut élue membre du conseil d’administration du Syndicat des instituteurs de la Seine. En 1919, se tint le Ier congrès des fonctionnaires depuis 1914 : 66 syndicats étaient représentés groupant cinq cent mille adhérents. Marthe Pichorel y participa et présenta un rapport sur la question féminine. L’année suivante, elle fut réélue conseillère départementale dès le 1er tour avec 400 voix dans la 6e circonscription. Au congrès de la Fédération des fonctionnaires qui se tint à Paris les 24-25 septembre 1921, elle demanda la réversibilité des pensions des femmes de fonctionnaires sur la tête du mari. De 1919 à 1923, elle fut membre du conseil du syndicat de l’Enseignement laïque de Seine et Seine-et-Oise ; elle le quitta pour adhérer au Syndicat national des instituteurs affilié à la CGT.

Élue membre du bureau du SNI et secrétaire de la commission des questions corporatives à l’issue du congrès des 6-7 août 1923, elle fut régulièrement réélue au cours des années suivantes jusqu’en 1931. Marthe Pichorel s’intéressait au mouvement syndical dans son ensemble et eut toute sa vie le souci de l’unité. C’est ainsi qu’en 1930 et 1931, elle participa au mouvement dit des « 22 » qui visait, avec la participation des militants des différentes centrales, à la réunification syndicale. Depuis le 6 juillet 1930, Marthe Pichorel appartenait à la commission administrative de la Fédération générale des fonctionnaires. Elle était également membre du Conseil supérieur de l’Instruction publique. Elle fut membre suppléant du Conseil national économique de 1925 à 1935, comme déléguée du SNI.

Aucune question touchant au mouvement ouvrier ne la laissait indifférente. Membre du Parti socialiste (en septembre 1919, elle avait été élue à la commission exécutive de la Fédération socialiste de la Seine), elle avait été particulièrement touchée par la déclaration de guerre et elle vibra à l’annonce de la Révolution russe. Aussi se lia-t-elle au mouvement pacifiste. Trésorière de la Fédération féministe universitaire, elle participa au congrès de Tours (décembre 1920), et fut élue suppléante du Comité directeur mais, en janvier 1921, « pour raisons de santé », elle se démit de son mandat.
En 1925, elle fut de ceux qui signèrent la Lettre dite des 250 par laquelle les signataires s’adressaient au Comité exécutif de la IIIe Internationale, le conjurant de mettre fin à la « bolchevisation » et à ses conséquences désastreuses. Elle retourna par la suite au Parti socialiste et, en 1932, elle appartenait à la section de Choisy-le-Roi.

Pendant plus de soixante années, Marthe Pichorel s’était dépensée dans l’action, une action avant tout syndicale en tous domaines mais notamment pour l’assimilation des institutrices d’écoles maternelles aux institutrices de l’enseignement primaire et pour l’égalité de traitement entre instituteurs et institutrices. Après sa retraite, elle anima la Société coopérative des maisons de retraites de la Fédération générale des fonctionnaires qu’elle présida en 1948. Depuis 1936, elle était secrétaire générale de la Fédération générale des retraités.

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Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article126206, notice PICHOREL Marthe [née COLLARD Marthe, Charlotte, Joséphine] par Jean Maitron, version mise en ligne le 30 novembre 2010, dernière modification le 16 août 2022.

Par Jean Maitron

SOURCES : Arch. Nat. F7/13243, 13266, 13575, 13727, 13743, 13744. — Arc. Dép. Manche, état civil. — Arch. Paris, état civil. — Arch. PPo. 306. — La Révolution prolétarienne, novembre 1955. — R. Hagnauer, « Une tranche d’histoire et une vie exemplaire, Marthe Pichorel, 1878-1968 », Cahiers de l’humanisme libertaire, mars 1969. — L’École libératrice, L’École émancipée, La Tribune des fonctionnaires, Le Peuple, passim. — Notes de A. Sohn. — Cahiers de l’humanisme libertaire, mars 1969. — Bibliothèque Marguerite Durand.

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