PICOD René, Marcel

Par Maurice Moissonnier

Né le 1er novembre 1919 à Lyon (Ve arr.), mort le 26 février 1985 à Lyon (VIIIe arr.). Membre du secrétariat de la région lyonnaise des Jeunesses communistes (1939). Résistant, membre du comité fédéral du Rhône du Parti communiste. Employé à l’agence Inter-presse publicité.

Fils d’un minotier originaire de l’Ain et d’une mère issue d’une famille aisée du Dauphiné, René Picod, dernier des dix enfants du ménage dont cinq moururent en bas âge, perdit sa mère en 1923 et fut placé pendant quelque temps chez des maraîchers de Vaise. En 1924, son père se tua dans un accident du travail. Il fut pris en charge par un oncle paternel, lui aussi minotier, qui, veuf, s’attacha à l’enfant et devint son père adoptif. Vers 1928, la famille maternelle finança son entrée dans un internat catholique vaisois où il ne resta que deux semaines : victime de brimades, il s’enfuit et alla se réfugier auprès de l’instituteur laïque Lacroix qui le reconduisit chez son oncle.

Il passa son Certificat d’études en 1932 et, grâce à l’appui du conseiller municipal socialiste Joannès Masset, bénéficia d’une bourse qui lui permit de fréquenter l’école primaire supérieure du quai Serin et d’obtenir son brevet élémentaire. En 1934, Picod était solidement intégré au quartier ouvrier vaisois de l’industrie où il bénéficiait d’un bon réseau d’amitiés et où il pratiquait dans des associations locales la gymnastique et le cyclisme. Un frère aîné, membre du Parti communiste depuis 1928, exerça sur lui une influence politique certaine. En février 1934, il participa à Lyon, place des Terreaux, à l’une des manifestations contre les ligues, dispersée par la police.

Son père adoptif, atteint de silicose, fit des investissements malheureux et plutôt que de poursuivre ses études, René Picod s’embaucha en octobre 1934 dans l’entreprise Valentini qui fabriquait à Vaise des lampes et des réchauds à alcool.

Dès 1935, René Picod adhéra à la Jeunesse communiste et milita dans le petit groupe de Vaise dont l’action se limitait alors au collage d’affiches. Cependant au Cercle populaire local, les JC, qui bénéficiaient des services de la « bibliothèque prolétarienne » animée par l’instituteur Moulin, se formaient et s’enhardissaient. Picod qui avait donné son adhésion individuelle à la CGT au moment de la réunification, se lança avec quelques jeunes gens de son âge dans la préparation d’une grève chez Valentini. Il s’agissait de protester par un arrêt de travail contre la réduction à 22 heures par semaine de l’emploi des femmes alors que les hommes se voyaient imposer des horaires de 50 heures. Le mouvement, mal préparé, échoua : les tracts avaient été distribués par six jeunes qui furent à peu près seuls à cesser le travail. La direction les licencia sur-le-champ.

Lorsque éclatèrent, après les élections, les grandes grèves de 1936, Picot participa avec enthousiasme à l’organisation de la solidarité et au ravitaillement des grévistes qui occupaient les usines. Son groupe de JC s’étoffa rapidement, atteignant (avant la séparation filles/garçons) plus de 150 adhérents à la fin de l’année. Membre du bureau, il assuma la responsabilité des collectes en faveur des combattants de l’Espagne républicaine. En novembre 1936, il trouva alors un emploi chez un boulanger tout en cherchant à entreprendre des études de droit dans l’espoir de devenir avocat « afin de défendre les ouvriers ». Au mois de février 1937, il abandonna son emploi à la boulangerie pour entrer au service du papetier-imprimeur Gouchon. A ce moment, le secrétaire des Jeunesses communistes J.-C. Béroud partit au service militaire et Picod, conjointement avec Dunoyer, le remplaça dans ses fonctions. Devenu membre du bureau régional, il accéda ensuite au secrétariat. Il travailla sous la direction d’un membre du comité central du PCF, Albert Ouzoulias — qui avait remplacé dans ces fonctions Marcel Métral. Au début de 1939, il reçut l’aide de Marcel Bertone. En septembre 1938, puis en 1939, il assuma les fonctions d’Ouzoulias, mobilisé.

Entre le 22 août et le 26 août 1939, Picod assura à Lyon et dans la banlieue une série de réunions destinées à justifier le Pacte germano-soviétique. Le samedi 26 août, à l’annonce de la suspension de l’Humanité et de Ce soir, il organisa la destruction des archives du bureau régional des JC et le déménagement du mobilier du siège dans les locaux de l’ARAC. Ces précautions se révélèrent opportunes puisque le mardi 29 une perquisition eut lieu. Dès lors les responsables des Jeunesses commencèrent leur apprentissage de l’illégalité : Marcel Bertone, André Dupuis, Michel Roig, Lucien Benoit et René Picod se retrouvèrent souvent sur les pentes de la Croix-Rousse, au domicile de leur camarade Louis Bailly. Ils éditèrent les premiers tracts et des mots d’ordre sur papier gommé et installèrent une imprimerie de fortune. Le 25 octobre 1939, Marcel Bertone fut arrêté avec une trentaine de responsables communistes dont Julien Airoldi, membre du comité central du PC.

Appelé sous les drapeaux en juin 1940, incorporé au 504e régiment de chars de combat à Valence, Picod participa à un combat avant d’être replié jusqu’en Ariège, à Mirepoix. Il ne fut démobilisé que le 31 janvier 1941 après avoir été employé à la mise en place des Chantiers de jeunesse dans les Pyrénées. Il était demeuré totalement coupé de tout contact politique. Dès son retour à Lyon, il reprit son travail chez l’imprimeur Gouchon à la Croix-Rousse et, en février, réintégra les rangs de la JC clandestine où il retrouva quelques anciens comme Beroud et rencontra en avril Pierre George (Frédo-Fabien), puis, plus tard Léo Figuères et Pierre Corand. Son emploi lui permettait d’être un fournisseur de papier de premier ordre et la direction clandestine des JC décida de l’utiliser en le maintenant le plus possible dans la légalité. Au début de 1943, réquisitionné pour le Service du travail obligatoire, il partit, sur ordre, avec un convoi qui était dirigé sur le centre de tri de Dijon où il devait prendre contact avec l’organisation du PCF. Repéré par la police allemande, il échappa de justesse à l’arrestation grâce à l’aide d’une infirmière qui facilita son évasion. Il parvint à repasser la ligne de démarcation et fut intégré au service de sécurité des FTP Après avoir été immobilisé à la fin de 1943 par une grave maladie (néphrite), il entra à l’Arsenal d’Irigny près de Lyon, avec la mission d’organiser le sabotage de la production. Il abandonna ce poste au début d’août 1944 non sans avoir organisé le détournement des armes de la compagnie de sécurité au profit des groupes de résistance. A la Libération, il était officier de renseignement des FTP et membre du comité local de Libération du VIIe arr. de Lyon.

Par la suite, il entra au journal local du Parti communiste, la Voix du peuple, puis, jusqu’en 1958, à la République de Lyon où il s’occupait des ventes et de la diffusion. Après la disparition de ces journaux, il entra à l’agence Inter presse publicité. Il était en outre membre du comité fédéral du Rhône du PCF.

En 1982, René Picod militait dans les rangs des Vétérans du PCF ; il était en outre secrétaire de cellule, membre du bureau national et secrétaire départemental de l’ANACR. Après sa mort, cette organisation obtint que son nom soit donné à un square du VIIIe arrondissement de Lyon.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article126212, notice PICOD René, Marcel par Maurice Moissonnier, version mise en ligne le 30 novembre 2010, dernière modification le 7 février 2022.

Par Maurice Moissonnier

SOURCES : Interview. — Documents personnels. — Archives de la Voix du peuple.

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