PICOT Jean

Par Claude Pennetier

Né le 17 novembre 1887 à Vierzon-Bourgneuf (Cher) ; mort le 13 novembre 1957 à Vierzon ; ouvrier céramiste à Vierzon ; secrétaire du syndicat régional CGTU de la Céramique.

Fils de journaliers, syndiqué en 1912 et adhérent du Parti socialiste en 1918, Jean Picot appartenait en 1924 au conseil fédéral communiste du Cher. Il militait dans le groupe de Vierzon-Bourgneuf. Il fit partie de la liste du Bloc ouvrier et paysan aux élections municipales de 1925. Au congrès de la région du Centre des 8 et 9 mai 1926, Jean Picot apparut comme le principal dirigeant du Vierzonnais. Gauvin s’étant étonné « que le bureau régional n’ait pas relevé de droite et d’extrême-gauche dans le Vierzonnais où existent des déchirures cruelles qui sont un danger pour le rayon », Picot donna « les motifs des exclusions qui ont eu lieu récemment ». Les exclus étaient vraisemblablement des défenseurs du courant Monatte-Rosmer. Au même congrès Picot regretta « que les commissions syndicales ne fonctionnent pas ».

Ouvrier céramiste, Picot fut licencié de la maison Régnier en juillet 1927. Il fut délégué au IVe congrès national de la CGTU (Bordeaux, 19-24 septembre 1927) et dirigea le syndicat régional unitaire de la Céramique de 1927 à 1930. Délégué au cinquième congrès de l’Internationale syndicaliste rouge, il se vit refuser par les pouvoirs publics un passeport. Picot fut l’animateur de la grande grève de la céramique du Cher qui dura du 10 mai au 1er octobre 1930 et toucha 2 300 ouvriers. Communistes et unitaires accordèrent une grande importance à ce mouvement ; ils pensaient pouvoir briser l’implantation confédérée dans la céramique, et par contre-coup, dans l’ensemble du Cher. Pour arriver à leurs fins, ils se fixèrent deux objectifs, durcir la grève et la politiser. Le patronat, utilisant les divisions syndicales, laissa pourrir la grève. Charles Tillon, secrétaire fédéral du syndicat unitaire de la Céramique et trois femmes furent arrêtés et inculpés « d’entrave à la liberté du travail » puis condamnés. En juillet, le bloc des grévistes commença à se fissurer et le 1er octobre le syndicat appela à la reprise. L’échec était complet, mais les confédérés sortaient renforcés de l’épreuve et ils devinrent majoritaires dans l’industrie de la céramique du Cher. Les dirigeants de la grève, dont Jean Picot et Clème de Mehun, furent licenciés ; aucune entreprise de porcelaine ne voulut les réembaucher.

Picot travailla alors comme employé de coopérative. Il fut secrétaire du rayon communiste de Vierzon de 1929 à 1933. Il se présenta aux élections du conseil général en 1931 et obtint au premier tour 18,5 % des suffrages des électeurs inscrits, contre 24,1 % à Cornavin en 1925. Cette perte s’effectua au profit du socialiste René Boin qui recueillit 14,5 % des voix contre 5,2 % à Maillot-Duparc en 1925. Au 2e tour, René Boin se désista pour Picot qui fut battu par Chariot, maire de Vierzon-Bourgneuf. Pour le préfet du Cher « les éléments communistes qui étaient tenus vigoureusement en main par Cornavin semblent désagrégés. Surtout depuis l’échec des ouvriers porcelainiers de 1930 ».

En 1935, Picot devint adjoint au maire de Vierzon-Bourgneuf puis en 1937, conseiller municipal du Grand-Vierzon. En 1937, candidat aux élections du conseil d’arrondissement de Gracay, il obtint 12 % des voix des électeurs inscrits.

Il fut condamné le 1er mars 1940 à 15 jours de prison avec sursis, par le Tribunal correctionnel de Bourges, pour outrage à Commissaire de police dans l’exercice de ses fonctions.En août 1941, il fut interné au centre de séjour surveillé de Saint-Paul d’Eyjeaux (Haute-Vienne).

Membre du comité de Libération de Vierzon, Picot fut conseiller municipal puis adjoint au maire de 1945 à 1947.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article126220, notice PICOT Jean par Claude Pennetier, version mise en ligne le 30 novembre 2010, dernière modification le 11 avril 2016.

Par Claude Pennetier

SOURCES : Arch. Dép. Cher, 21 M 35, 25 M 127-128. — Le Syndiqué du Cher. — L’Émancipateur, 15 mai 1926. — Témoignages de C. Tillon et G. Rousseau.

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