PIERPONT Arthur, Louis

Par Yves Le Maner

Né et mort à Tourcoing (Nord) : 12 mars 1875-17 juillet 1932. Ouvrier du textile puis cabaretier et gérant de coopérative ; militant syndicaliste, socialiste, puis communiste du Nord ; l’un des fondateurs du PC dans le Nord ; secrétaire de l’Union locale CGT puis CGTU de Tourcoing ; secrétaire de la section socialiste puis communiste de Tourcoing ; membre suppléant du Comité directeur du PC en 1923 ; militant du PUP en 1930.

Fils d’un fileur, ouvrier du textile dans sa ville natale, Arthur Pierpont adhéra au Parti ouvrier français en 1894 et, lors de la réalisation de l’unité en 1905, il devint secrétaire de la section de Tourcoing, l’une des plus fortes de la Fédération du Nord du Parti socialiste SFIO ; il en fut le délégué aux congrès nationaux : Toulouse (1908), Paris (1910), Saint-Quentin (1911), Lyon (1912), Amiens (1914) et Tours (1920). Secrétaire de l’Union locale des syndicats ouvriers de Tourcoing de 1903 à 1910, il fut nommé à cette date secrétaire général permanent ; il assista comme délégué au XVe congrès national corporatif — IXe de la CGT — et à la conférence des Bourses du Travail tenue à Amiens du 8 au 16 octobre 1906, ainsi qu’au XVIe congrès, en octobre 1908 à Marseille (Bouches-du-Rhône).

Toujours secrétaire de la section socialiste, Pierpont fut réélu en 1919 conseiller municipal de Tourcoing (dont il était membre depuis 1912) et garda le siège qu’il détenait au conseil d’arrondissement depuis 1910 ; il devait conserver ces mandats, respectivement jusqu’en 1925 et 1923. Dès 1920, il se plaça résolument parmi les partisans de l’adhésion à la IIIe Internationale et vota pour la motion Cachin-Frossard lors du congrès de Tours où il figurait au sein de la délégation de la Fédération socialiste du Nord. Dans les premiers jours de janvier 1921, il entraîna la grande majorité de la section de Tourcoing dans l’affiliation à la SFIC Pierpont était alors secrétaire provisoire de la Fédération du Nord du Parti SFIC, le bureau (constitué à l’issue du congrès fédéral SFIO de Lille le 19 décembre 1920) étant formé de Delourme (secrétaire adjoint), J. Hentgès (trésorier), Tiber (trésorier adjoint) et Louis Brodel (archiviste) — voir ces noms. Les fonctions de secrétaire général passèrent à C. Delourme lors du congrès constitutif de la Fédération communiste qui eut lieu dans le courant de janvier, puis à L. Brodel, mais revinrent à Pierpont en juin 1921. Ce fut à ce titre qu’il lança de violentes attaques contre Henri Lauridan, secrétaire de l’UD-CGT, qui menait alors un jeu obscur, bien qu’il ait affiché ouvertement ses sympathies pour le PC.

Pierpont figura au bureau de la Fédération du Nord de 1921 à 1924, comme secrétaire général, puis comme secrétaire adjoint et, en 1923, il fut membre suppléant du Comité directeur du PC. Après la réorganisation consécutive aux décisions du congrès de Lyon de 1924, il perdit les fonctions de secrétaire de la section locale de Tourcoing et de secrétaire de la région n° 2 de la Fédération communiste du Nord qui regroupait sept sections de Tourcoing et des environs. Cette même année, il fut candidat, sans succès, aux élections législatives sur la liste du Bloc ouvrier et paysan du Nord.

Pierpont n’avait pas sacrifié son activité syndicale à ses responsabilités politiques. En janvier 1922, il entraîna le syndicat du Textile de Tourcoing, dont il restait le secrétaire bien qu’il soit devenu cabaretier et gérant de coopérative, dans l’adhésion à la CGTU. Ce ralliement fut cependant partiel, vraisemblablement à cause de l’échec relatif des grèves d’août-septembre 1921 que Pierpont avait organisées en tant que membre dirigeant de la Bourse du Travail. Il fut trésorier, puis secrétaire de la Bourse du Travail unitaire de Tourcoing, rebaptisée Maison du Peuple, jusqu’à son exclusion du PC en 1929. Opposé à la tactique du parti, tant syndicale que politique, et notamment à celle appelée « classe contre classe », Pierpont fut attaqué lors du comité central du 20 juin 1929. Le 8 décembre, il était exclu, difficilement, exclusion « mécanique », dit le rapport (BMP), par la cellule de Tourcoing : 27 voix contre 26. Pierpont rejoignit par la suite le Parti socialiste communiste puis en 1930 le PUP ; il semblerait d’autre part qu’il ait rejoint l’autonomie en matière syndicale, en compagnie de Tievers.

Très malade dès 1930, il mourut en 1932. On lui fit des funérailles imposantes au cours desquelles prirent la parole Tievers, Desmettre, Hortyn et Vermandel.

Pierpont s’était aussi intéressé au mouvement coopérateur dès avant la Première Guerre mondiale. Membre fondateur de la société « La Solidarité ouvrière » de Tourcoing, il en avait été le directeur-gérant et avait appartenu à ce titre au conseil d’administration de la Fédération régionale des coopératives du Nord et du Pas-de-Calais dès la reconstitution de celle-ci en 1921. Il s’était fait remarquer jusqu’à sa mort par son opposition irréductible aux rapports fédéraux.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article126251, notice PIERPONT Arthur, Louis par Yves Le Maner, version mise en ligne le 30 novembre 2010, dernière modification le 17 avril 2020.

Par Yves Le Maner

SOURCES : Arch. Nat. F7/13610. — Arch. Dép. Nord, M 37/75, 37/76B (avec photographie de 1924), 58/3, 154/189B -191-195D , 595/38B et 41. — Le Prolétaire, 22 mars 1921. — L’Enchaîné, 18 juillet 1928. — L’Unité, 23 juillet 1932. — Cahiers du bolchevisme, mai 1930. — C.-r. des congrès de la CGT et de la SFIO — Compère-Morel, Grand Dictionnaire socialiste, op. cit., p. 640. — Rens. mairie de Tourcoing. — Notes de Jacques Girault (Arch. Dép. Seine-Saint-Denis, ex. BMP, bobine n° 326).

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