Par Paul Delanoue
Né le 25 juin 1916 à Loudun (Vienne), morte le 8 novembre 2009 à Tours (Indre-et-Loire) ; institutrice ; militante syndicaliste du SNI ; militante communiste déportée à Ravensbrück : conseillère municipale de Suresnes (Hauts-de-Seine).
Fille de Désir Dien, employé des chemins de fer, et d’Emilienne Petit, Annette Dien passa sa jeunesse à Tours et fut élève-maîtresse à l’École normale d’institutrices de Saint-Symphorien-Tours.
Membre de la Jeunesse communiste depuis 1933 et du Parti communiste depuis 1934, déléguée au congrès de la Jeunesse communiste en 1937, elle participa aux mouvements de la jeunesse antifasciste durant le Front populaire.
Institutrice à Francueil en 1938, élue au conseil syndical de la section d’Indre-et-Loire du Syndicat national des instituteurs, elle en fut exclue en 1939, comme les autres communistes, pour son refus de désavouer le Pacte germano-soviétique.
Elle se maria le 1er février 1940 à Saint-Cyr-sur-Loire (Indre-et-Loire) avec Robert Pierrain, employé au cadastre, militant communiste, responsable régional de l’Union de la jeunesse agricole de France, fils d’un employé de chemins de fer. Ils eurent un fils en 1940. Elle devint plus tard la belle-sœur de Raymonde Dien, qui épousa son frère.
Au début de la guerre, son mari fut déplacé à Rouen (Seine-Maritime) où elle obtint un poste d’institutrice. Avec son mari, elle milita dans la clandestinité avec les communistes et devint responsable de la commission féminine dans le département. Robert Pierrain, arrêté en juillet 1941, fut fusillé l’année suivante. Elle resta dans la région rouennaise jusqu’en janvier 1943. Puis, en février 1943, les dirigeants communistes l’affectèrent à la direction du mouvement des femmes en Eure-et-Loir. Peu de temps après elle devint la responsable inter-régionale des comités féminins pour le Sud-Ouest (Charente, Charente-Inférieure, Gironde, Landes, Basses-Pyrénées).
Arrêtée à Bordeaux (Gironde) le 22 juillet 1943 par la brigade spéciale dirigée par le commissaire Pierre Poinsot qui avait organisé la Section des activités politiques, connu pour son anticommunisme, elle subit de nombreux interrogatoires. Emprisonnée à Bordeaux, à Rouen, internée au camp de Royalieu à Compiègne (Oise) en janvier 1944, elle fut déportée à Ravensbrück le 3 février 1944, puis envoyée au Kommando Holleischen en Tchécoslovaquie fournissant de la main-d’œuvre pour l’usine de matériel militaire Skoda. Elle fut libérée le 5 mai 1945 par des partisans polonais avant l’arrivée des troupes alliées.
Annette Pierrain dirigea le foyer Danielle Casanova créé par l’Union des femmes françaises. Elle reprit un poste dans l’enseignement en 1947. Elle intervint au congrès de la FEN-CGT en 1949.
Annette Pierrain, qui habitait Suresnes, fut élue au conseil municipal en 1947.
Par la suite, elle participa aux activités des associations de déportés. Elle témoigna à diverses reprises sur la Résistance communiste et la déportation. Sa photo parut dans divers écrits dont 1939-1945 Parcours de la mémoire en Ile de France soixante ans (et plus) après (2004). Elle répondit positivement aux initiatives pour aider financièrement la Fondation pour la mémoire de la déportation et, à son décès, fit un legs pour l’Association nationale des familles de fusillés et massacrés de la Résistance française et de leur amis dont elle était membre depuis sa création. Cette association lui rendit hommage lors de sa crémation, le 12 novembre 2009, à Tours-Esvres.
Par Paul Delanoue
SOURCES : Arch. Nat., 72AJ/57. —Archives du comité national du PCF. — Articles dans L’École laïque, 1945 (au camp de Holleischen). — Notes d’Alain Dalançon, de Jacques Girault, de Dominique Olivesi, de Pierre Roche. — Châteaubriant, 4e trimestre 2009.