Par Claude Willard
Née le 21 septembre 1925 à Tulle (Corrèze) ; journaliste à l’Humanité depuis 1950 : rédactrice à la rubrique « Front du travail », puis secrétaire générale de la rédaction (1961-1976) et administratrice du journal (1976-1986) ; adjointe au maire de Nanterre (1986-1995).
Le père de Marie-Rose Pineau, Alexandre Peyrat, directeur de la Banque populaire de Tulle, était franc-maçon. Sa mère, née Fanny Borie, ouvrit, après la mort de son mari (en 1941), une petite épicerie.
Marie-Rose Peyrat fit ses études primaires et secondaires à Tulle, où elle passa son baccalauréat. Boursière, elle suivit à Paris, au lycée Fénelon, les classes d’hypokhâgne et de khâgne. Elle se maria, le 31 décembre 1946, avec Jacques Pineau, dessinateur. Le couple eut trois garçons : Jean-Pierre (décembre 1947), Alain (février 1956) et Marc (mai 1960).
Tout en préparant à la Sorbonne une licence de lettres classiques, Marie-Rose Peyrat multiplia les « petits boulots » : employée de bibliothèque au Muséum, femme de ménage, cabinet dentaire. Sous l’influence surtout d’une de ses amies, Colette Moat (plus tard, épouse Privat), Marie-Rose Pineau adhéra au PCF, en décembre 1946, à Paris (VIe arr.) ; après une école de section (mars 1949), elle appartint au comité de section de Nanterre (1949-1994) et au comité de rédaction du journal communiste local, L’Éveil.
En février-mars 1950, Marie-Rose Pineau suivit un stage de presse et devint rédactrice à l’Humanité en avril 1950. Elle fut affectée à la rubrique « Front du travail », aux côtés de Jean Rabaté et de Nelly Feld. En liaison étroite avec la direction de la CGT, elle multiplia les enquêtes sur la vie des travailleurs, notamment des femmes, des immigrés, et couvrit les grèves d’août 1953 ; elle devint l’adjointe de Rabaté ; puis, lorsque les rubriques « Front du travail » et « Politique » fusionnèrent, elle en fut coresponsable avec Laurent Salini.
De 1964 à 1976, Marie-Rose Pineau fut, sur proposition d’Étienne Fajon, secrétaire générale de la rédaction de l’Humanité et de l’Humanité-Dimanche. elle s’attacha notamment à rajeunir et à féminiser le recrutement des rédacteurs (Françoise Colpin, Dominique Bari, Françoise Germain-Robin, Magali Jauffret, Claude Cabanes, José Fort, Jack Dion, Charles Silvestre...) ; elle s’efforça aussi de moderniser les méthodes de travail, par l’informatisation et la formation professionnelle à l’École de journalisme.
De mai 1976 à octobre 1986, Marie-Rose Pineau fut, sur demande de Roland Leroy, administratrice de l’Humanité, poste dévolu pour la première fois à une femme. Elle eut sous sa responsabilité la Fête de l’Humanité, dont elle développa le caractère régional. Avec l’aide de Georges Gosnat, elle prépara financièrement et matériellement le très complexe déménagement du journal du boulevard Poissonnière à Saint-Denis ; elle fut aussi vice-présidente du Syndicat de la presse parisienne et seule femme élue au bureau de la Fédération de la presse, postes qu’elle occupa encore après sa retraite (octobre 1986).
Après la mort, en 1976, de son mari, adjoint au maire de Nanterre, Marie-Rose Pineau fut élue conseillère municipale de la ville (mars 1977) et, de 1986 à 1995, adjointe au maire. Elle fut d’abord chargée de la communication et présida le groupe communiste du conseil municipal. Ensuite, avec Jacqueline Fraysse-Cazalis, elle fut adjointe aux finances, à la vie des quartiers et présida l’office HLM.
Après son départ volontaire du conseil municipal, en 1995, Marie-Rose Pineau demeura fort active : présidente du centre culturel de Nanterre, trésorière des Amis de l’Humanité et secrétaire de l’association « Femmes et Communistes ».
Décoration : Officier de la Légion d’honneur.
Par Claude Willard
ŒUVRE : Outre des très nombreux articles, Les O.S., Paris, Éditions sociales, 1973.
SOURCES : Arch. du CN du PCF. — Interview (1999).