PIOLINE Charles, Pierre, Louis

Par Daniel Grason

Né le 13 août 1901 à Vaudry (Calvados) ; mort le 17 mai 1981 à Neuilly-sur-Marne (Seine-Saint-Denis) ; chaudronnier soudeur, permanent syndical ; volontaire en Espagne républicaine.

La maladie infantile du communisme
Charles Pioline était marié, père de deux enfants, sa mère était cuisinière, son père employé d’hôtel, catholique, son fils précisait qu’il était syndiqué depuis 1936. Charles Pioline se démarquait des membres de sa famille, plusieurs de ses cousins étaient prêtres : « Je n’ai aucun contact avec eux depuis plus de dix ans », il informait qu’un beau-frère Maurice Martin était contremaître aux usines Renault à Boulogne-Billancourt (Seine, Hauts-de-Seine). Il ne cachait rien, pas même une condamnation pour vol datant de 1925, qu’il signala quand il adhéra au PCF. Dans sa biographie du 10 octobre 1938, il retraçait son riche parcours militant.

Il alla à l’école primaire, obtint son CEP, effectua vingt-six mois de service militaire dans le 37e Régiment d’aviation entre 1921 et 1923. Il s’éveilla à la vie politique en 1927 avec l’exécution de Sacco et Vanzetti. La même année, travaillant chez Citroën, il fit grève, également dans une entreprise de Pantin deux ans plus tard. Il remit son adhésion au parti communiste en juin 1929, à Boulogne-Billancourt, à Jules Auffret, fut organisé à la cellule La Rochefoucault.

Ces années-là, le jeune parti communiste avait la fibre antimilitariste, Charles Pioline était de ceux-là, il fut arrêté le 28 juillet 1929 condamné par le Tribunal de Pontoise (Seine-et-Oise, Val-d’Oise) à quatre mois de prison pour provocation de militaire à la désobéissance, il fut incarcéré un mois à Pontoise et trois mois à la prison de la Santé à Paris, libéré fin novembre ; en 1931, nouvelle condamnation, vingt-et-un jours de contrainte par corps. La direction des usines Renault l’attaqua en diffamation, à la suite d’une grève avec occupation en avril 1938.

Il travailla dans les grandes usines de la métallurgie de la région parisienne : Gnome et Rhône, Panhard, Citroën et Renault. En 1929, il adhéra à la CGTU, à la CGT lors de la réunification, était en contact avec Robert Doury, secrétaire du syndicat des métaux. Partout où il travaillait, Charles Pioline eut des responsabilités syndicales, notamment à la maison Panhard Levassor où il était secrétaire de juin 1936 à novembre 1936. Depuis il était secrétaire permanent de la section locale des métaux de Boulogne-Billancourt, membre du conseil central et de la commission exécutive de la région parisienne ».

De 1930 à 1935, il était membre du secrétariat du rayon communiste de Bobigny, dont les deux premières années le premier secrétaire. En 1936 membre du secrétariat de la section du XIIIe arr. là où étaient les usines Gnome et Rhône ; de 1937 à 1938 membre du secrétariat de section Boulogne-Billancourt. Il fut délégué aux congrès du parti communiste de 1932 et à celui d’Arles (Bouches-du-Rhône) de 1937, ainsi qu’au congrès du Rassemblement universel pour la paix, en Belgique en novembre 1936. Il était aussi membre du Secours populaire de France (SPF), de l’association des Amis de l’Union soviétique (AUS),

Charles Pioline se définissait comme un activiste, suivit une école de rayon, lisait l’Humanité et la presse du parti, lisait ou parcourait l’ensemble de la presse. Il étudia des textes de Lénine dont Que Faire ?, La maladie infantile du communisme
. Un sujet lié au léninisme retenait son attention : « Les méthodes légales et illégales employées par les bolcheviks avant 1917 ». Il écrivait surtout sur l’Espagne, dans L’Unité le journal syndical des usines Renault et L’Étincelle, l’hebdomadaire édité par les sections communistes.

Il arriva en Espagne le 16 mai 1938, pour « Aider l’Espagne et écarter la menace de guerre sur la France ». Il fut incorporé dans la XIVe Brigade internationale, commissaire adjoint du 1er bataillon. La bataille de l’Ebre débuta le 25 juillet 1938, Charles Pioline combattit à Corbera en septembre 1938. Son rapatriement eut lieu en novembre.
En 1939, il dirigeait le section de Boulogne de l’Union des ouvriers et ouvrières de la métallurgie et similaires avec Marceau Vigny comme secrétaire. Alfred Costes en était le président régional.

En 1939, Charles Pioline habitait 82, bd Saint-Denis à Courbevoie (Seine, Hauts-de-Seine), il retrouva les mots d’ordre de sa jeunesse, il fut arrêté le 27 août 1939 pour avoir tenu des propos antimilitariste, condamné à quatre mois de prison et cent francs d’amende, il militait alors à Villemomble (Seine, Seine-Saint-Denis). En affectation spéciale depuis le début des hostilités, le 9 janvier 1940, il était mis à la disposition de l’autorité militaire.

Selon un rapport des Renseignements généraux : « Considéré comme élément dangereux », il fit l’objet en date du 14 février 1942, d’un arrêté du Préfet de Police l’astreignant à résider au centre de séjour surveillé de Saint-Sulpice-la-Pointe (Tarn) ». Le 19 juillet 1943, Charles Pioline, Léon Pinçon, ex-militant de chez Farman à Boulogne-Billancourt et Paul Vaudey s’évadèrent. Il participa à la Résistance.Il était membre du triangle de direction du parti communiste clandestin du Vaucluse en 1944.

Membre de l’AVER de 1957 à 1975, domicilié à Corbeil (Essonne), Pioline mourut le 17 mai 1981 à Neuilly-sur-Marne (Seine-Saint-Denis).

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article126469, notice PIOLINE Charles, Pierre, Louis par Daniel Grason, version mise en ligne le 30 novembre 2010, dernière modification le 9 octobre 2017.

Par Daniel Grason

SOURCES : Arch. AVER. – RGASPI 545.6.1353, BDIC mfm 880/29. — RGASPI, 495 270 4943, dossier du Komintern à son nom, pas consulté. – Arch. PPo, BA 2373.— René Gilli, ⎨1936…1946. Tranche de vie⎬, La Trinité, 1999.

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