PLANCHON Gabriel, Narcisse [PLANCHON Narcisse dit]

Par Gilles Morin

Né le 16 avril 1890 à Chavignol, commune de Sancerre (Cher), mort le 3 février 1977 à Clichy-la-Garenne (Hauts-de-Seine) ; employé des Ponts-et-Chaussées, secrétaire de mairie ; militant communiste, socialiste-communiste (secrétaire de la fédération communiste-socialiste de la Seine en 1924) puis socialiste jusqu’en 1940, militant du RNP ; conseiller municipal d’Asnières (Seine)  ; collaborationniste durant l’Occupation.

Fils d’Octave et de Adelaïde Pinault, Narcisse Planchon, qui a eu une instruction primaire, se maria le 9 mai 1914 à Courbevoie avec Marie Baudry, couturière puis rédactrice à la recette municipale d’Asnières, née le 3 mai 1896 à Versailles. Ils avaient deux enfants.
Mobilisé au début de la Première Guerre mondiale au 95e régiment d’artillerie, il a été renvoyé dans ses foyers le 15 septembre 1919.
Gabriel Planchon habita Asnières, durant au moins un quart de siècle. Employé des magasins Printemps, il fut révoqué en octobre 1920, en raison de son attitude socialiste et syndicaliste. Il devint par la suite employé de mairie à Clichy. Il fut membre du syndicat des communaux de la Seine-et-Oise, puis de la Seine, et a été nommé suppléant du conseil de ce dernier en 1922, ainsi qu’au comité de la fédération unitaire du syndicat d’employés.
Secrétaire de l’Association républicaine des anciens combattants (ARAC) de Courbevoie, il était membre de la commission fédérale d’études fédérales de l’ARAC en 1920. Il écrivit dans la Vague le 4 décembre 1920 et a été nommé le 3 janvier 1921 délégué à la propagande par la Fédération de la Seine pour Asnières, Vitry, Joinville. Il participa au meeting du Comité d’action contre la guerre le 13 mai 1921. Antimilitariste, il fut signataire de l’affiche de la 19e section de l’ARAC et des Jeunesses communistes de l’arrondissement intitulée : "La mobilisation est un crime ! A bas la mobilisation." Il terminait souvent ses nombreuses interventions publiques par le slogan "Plutôt l’insurrection que la guerre" et refusait tout autre drapeau que le drapeau rouge : "Foulez à vos pieds le drapeau tricolore, les emblèmes d’Église, unissez-vous et groupez-vous autour du drapeau de la Révolution de la liberté", disait-il par exemple le 1er septembre 1922.
Membre des Comités syndicalistes révolutionnaires des employés et du conseil de la Fédération communiste de la Seine en 1921, il fut élu membre du conseil national du Parti communiste le 1er octobre 1921, représentant la Seine. Il fut à nouveau candidat, en janvier 1922, présenté par la section de Courbevoie (Seine). Délégué au congrès de Saint-Étienne (25 juin-1er juillet 1922) de la CGTU, il se déclara favorable à l’adhésion sans condition à l’Internationale syndicale rouge. Il aurait été délégué au IIe congrès national du PC (Paris, 15-20 octobre 1922).
En février 1922, il a été élu membre suppléant du conseil des syndicats des employés de la Seine puis, les 24 et 25 juin 1922, il entra au comité fédéral de la fédération des syndicats d’employés lors du congrès de Saint-Étienne.
Au nom de l’ARAC ou du PCF, Planchon faisait campagne au printemps 1923 pour l’amnistie, contre l’occupation de la Ruhr, la guerre du Rif et le Cartel des gauches. Dans ses interventions, il faisait régulièrement appel à l’unité, demandant de faire abstraction des luttes intestines qui ne profitaient qu’aux classes dirigeantes selon lui. Le 5 avril 1923, Planchon fut exclu de la Fédération communiste de la Seine « pour indiscipline grave ». Ayant rallié l’Union socialiste-communiste (USC), il collabora à l’Égalité et fut élu secrétaire à la propagande de la Fédération de l’Union socialiste-communiste le 11 juillet 1923 et réélu le 23 décembre 1923. Planchon fut délégué au Ier congrès de l’Union des syndicats de Seine et Seine-et-Oise tenu en janvier-février 1925. Il se rallia aux positions de F. Galland* et critiqua la formule du « social-fascisme » répandue par la CGTU. Il fut hué lorsqu’il quitta la tribune.
Planchon demanda sa réintégration au Parti communiste. Dans une déclaration publiée le 31 décembre 1925, il demandait au Parti communiste « d’oublier, dans un grand geste d’indulgence et de pardon, digne de lui », ses « fautes passées ». Pour lui, l’USC ne fut « guère autre chose que le syndicat de défense des intérêts matériels de quelques papes municipaux ». Il obtint l’accord du comité régional, puis du comité central et fut réadmis le 12 février 1926. Il représentait de nouveau l’ARAC lors de plusieurs meetings du comité antifasciste, le 12 juin 1926 à Villejuif, puis le le 23 juin 1926 aux Lilas par exemple.
En 1928, Planchon prit la parole dans plusieurs meetings à Asnières et Gennevilliers. Animateur de la liste communiste d’Asnières lors des élections municipales des 5 et 12 mai 1929, il obtint le meilleur score au second tour, avec 2 319 voix sur 14 462 inscrits. Le Parti communiste l’exclut pour des raisons inconnues, vers la fin de l’année 1929. Selon d’autres sources policières, il a donné sa démission le 21 mars 1930 et fut de suite exclu de l’ARAC. Planchon adhéra alors au Parti d’unité prolétarienne. Il y fut élu en mai suivant membre de la commission de presse. Sa candidature aux élections législatives de mai 1932 dans la 8e circonscription de Saint-Denis (Boulogne-Billancourt), fut désavouée par ce parti qui lui reprocha de gêner le socialiste Louis Lagorgette et de favoriser l’élection du radical indépendant Fernand Laurent. 64 voix se seraient portées sur le nom de Gabriel Planchon, mais ce score n’apparaît pas dans les archives de l’Assemblée nationale : Planchon avait vraisemblablement retiré sa candidature et ses bulletins avaient été déclarés nuls.
Planchon a été élu conseiller municipal d’Asnières en avril 1935 comme membre du parti socialiste SFIO, puis réélu comme tête de liste socialiste aux élections complémentaires de 1939. Les notes de police le présentaient comme "un homme sans méchanceté mais gueulard".
Durant l’Occupation, Planchon, demeuré seul représentant de l’ancienne minorité municipale, associa sa signature à une adresse de la municipalité favorable au maréchal Pétain. Il adhéra au RNP et fut membre de la commission de propagande de la section d’Asnières du rassemblement en juin 1942 et de sa sous-commission des affaires municipales. Il fit le 8 novembre 1942, un compte-rendu du congrès du RNP d’octobre devant la section de Clichy. En mars 1943, il intervint dans une réunion locale pour exiger une épuration de l’administration et notamment de la police. Il était beau-père d’un inspecteur de police et dénonçait le rôle des instructeurs hostiles à l’ordre nouveau. Selon Louis Tilloy, il était chef de la section locale fin 1943 début 1944.
Résidant 4 rue Malakoff à Asnières, il obtint une carte officielle d’identité au nom du COSI en mars 1944. Il était par ailleurs secrétaire administratif du conseil d’administration de la Société Clichy-Sportif.
Après la Libération, il fut arrêté le 28 septembre 1944 et interné au camp de Drancy, puis assigné à résidence à domicile dès sa libération, le 5 janvier 1945, mesure relevée un an plus tard en mars 1946. Il avait reconnu être membre du FST, recruté par Francis Desphelippon, mais niait avoir été membre du RNP, disant avoir démissionné du FST dès lors que celui-ci fusionna avec le RNP. La 5e chambre civique de la Seine, le 24 septembre 1945, le jugea coupable d’indignité nationale et le condamna à la dégradation nationale, mais décida à la majorité qu’il s’était réhabilité postérieurement en se distinguant par la participation active, efficace et soutenu à la résistance contre l’occupant. Il fut donc relevé de l’indignité nationale et dispensé de l’interdiction de séjour.
Selon les attestations qu’il a produit, il aurait fait délivrer à titre bénévole grâce à son emploi à la mairie plus de 700 cartes d’alimentation à des camarades réfractaires et des papiers à des résistants. Il aurait participé activement au sabotage du recensement de la main-d’oeuvre pour l’Allemagne.
À la Libération, il renoua des relations avec ses anciens camarades socialistes, notamment avec le maire de Clichy et les adjoints du maire d’Asnières, dont le docteur Luca.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article126589, notice PLANCHON Gabriel, Narcisse [PLANCHON Narcisse dit] par Gilles Morin, version mise en ligne le 30 novembre 2010, dernière modification le 16 février 2019.

Par Gilles Morin

SOURCES : Arch. Nat., Z/5/52/2041, F/7/14901. — Arch. PPo, 1W1230/62800, 77W606/208764 ; GA-223. — Le National-Populaire, n° 3, 20 juin 1942. — Arch. Ass. Nat., résultats électoraux. — Le Républicain de Levallois-Neuilly, 18 mai 1929. — L’Internationale, 1er octobre 1921. — l’Humanité, 14 janvier 1922 et 2 février 1926. — Rens. fournis par Jacques Girault. - Notes de Michèle Rault.- Etat civil de Sancerre.

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