POINTET Marcel, Hippolyte

Par Claude Pennetier

Né le 15 février 1912 à Stains (Seine, Seine-Saint-Denis), fusillé par condamnation le 5 janvier 1942 au Mont-Valérien, commune de Suresnes (Seine, Hauts-de-Seine) ; comptable, chef de service à France Navigation ; militant communiste ; résistant au sein du Front National.

Marcel Pointet et son épouse Hélène
Marcel Pointet et son épouse Hélène
Communiqué par sa famille (Frantz Pointet)

Fils de cultivateurs, Marcel Pointet avait trois frères. Il fut un brillant élève qui obtint le Brevet élémentaire au Cours Complémentaire du Corbillon à Saint-Denis. Son désir était de devenir professeur de mathématiques, mais ne pouvant poursuivre ses études il fut comptable, à seize ans, à la Banque Populaire de Saint-Denis où il rencontra sa future épouse : Hélène Bailly ; il l’épousa en août 1935. De leur union, naquit un garçon le 10 septembre 1936. Quittant la banque, il devint comptable libéral à son domicile ; la situation financière était précaire. Il dirigea les Jeunesses communistes locales dans les années 1930. Il fut, avant la Seconde Guerre mondiale, membre du comité régional communiste de Paris-Nord, chargé de l’éducation.
Le Parti communiste lui proposa en 1937 un poste de chef de personnel dans sa compagnie "France Navigation" situé à Paris. Cette compagnie avait était créée par l’Internationale communiste pour permettre le transport d’armes vers l’Espagne républicaine. Jusqu’en 1939, il s’occupait à son domicile de travaux de comptabilité, du moins officiellement. En fait il travaillait pour le réseau clandestin constitué par le Parti communiste français (PCF) pour procurer armes, munitions et autres fournitures à l’Espagne républicaine. Il était fiché par les Renseignements généraux de la préfecture de police de Paris comme ami et du député d’Aubervilliers (Seine, Seine-Saint-Denis), Charles Tillon ainsi que de Fernand Grenier, Auguste Gillot et surtout du journaliste André Wurmser. Aux dires de sa veuve, il appréciait peu Maurice Thorez et davantage Marcel Cachin.
Domicilié 5 boulevard Aubervilliers à Stains depuis 1935, mobilisé le 2 septembre 1939 comme sergent, fait prisonnier en mai 1940, Marcel Pointet fut libéré d’Allemagne le 10 mars 1941. Après sa libération, n’ayant pas trouvé de travail, il se fit inscrire au fonds de chômage de Stains. Il reprit ses activités dans le cadre du Parti communiste clandestin et milita ensuite au Front national.
En septembre 1941, les policiers de la Brigade spéciale des Renseignements généraux repérèrent Marcel Pointet square Degeyter à Saint-Denis (Seine, Seine-Saint-Denis) en discussion avec deux autres militants communistes notoires, Émile Chrétien et Pierre Prual. Les trois hommes furent arrêtés le 23 septembre (le dossier de Marcel Pointet à Caen donne comme date le 19), et inculpés pour infraction au décret-loi du 26 septembre 1939. Dans le cadre de cette affaire présentée par la préfecture de police comme « démantèlement d’un centre de propagande clandestine sur la région Paris-Ouest », onze personnes au total furent arrêtées. La perquisition au domicile de Marcel Pointet amena la découverte de documents « établissant qu’il a collecté ou reçu des cotisations » pour le compte du PCF clandestin mais pas de tracts, Marcel Pointet étant suffisamment prudent pour ne pas compromettre sa femme et son fils : sa veuve ignorait qu’il faisait partie de la Résistance.
Les trois militants Marcel Pointet, Émile Chrétien et Pierre Prual furent rapidement livrés aux Allemands. Condamnés à mort le 23 décembre 1941 à Saint-Cloud (Seine-et-Oise, Hauts-de-Seine) par un tribunal militaire de la Wehrmacht (FK 758), ils ont été fusillés le 5 janvier 1942 au Mont-Valérien, en même temps que Pierre Le Corre et Gaston Dourdin, arrêtés dans la même affaire.
Marcel Pointet fut inhumé au cimetière parisien d’Ivry-sur-Seine (Seine, Val-de-Marne) le 5 janvier 1942 division 39, ligne 3, n°36 puis transféré le 26 janvier 1945 dans le carré des fusillés du cimetière de Stains.
Marcel Pointet fut déclaré « Mort pour la France » par le Ministère des Anciens Combattants le 17 avril 1947et homologué au titre du Front national avec le grade de sergent avec le titre d’interné résistant.
Son nom figure sur la cloche du Mémorial de la France combattante au Mont-Valérien, et une plaque a été apposée en sa mémoire au 5 Bd Maxime Gorki à Stains.
Une place de la commune de Stains (ex-place Louis-Loucheur) porte son nom.
Après sa disparition, ses camarades de scolarité fondèrent une association qui, outre les commémorations, organisa des spectacles de catch dont les bénéfices étaient versés à sa veuve.
Dans sa dernière lettre, Marcel Pointet se dit désolé de laisser à son épouse la charge de son petit garçon et lui écrit :" Tu ne seras pas la veuve d’un lâche" car il n’avait trahi personne malgré les sévices endurés.

Voir Mont-Valérien, Suresnes (Hauts-de-Seine)

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article126735, notice POINTET Marcel, Hippolyte par Claude Pennetier, version mise en ligne le 30 novembre 2010, dernière modification le 18 août 2021.

Par Claude Pennetier

Marcel Pointet et son épouse Hélène
Marcel Pointet et son épouse Hélène
Communiqué par sa famille (Frantz Pointet)

SOURCES : Arch. PPo. BA 2117. VIIIe conférence régionale du Parti communiste français, région Paris-Nord, 1945. — SHD Caen, DAVCC. — Notes Jean-Pierre Besse. — Biographie du Maitron par Claude Pennetier et Nathalie Viet-Depaule. — Document de Frantz Pointet, son fils. — Service historique de la Défense, Vincennes GR 16 P 483321 (nc). — MémorialGenWeb.— Site Internet Mémoire des Hommes.— Répertoire des fusillés inhumés au cimetière parisien d’Ivry.

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