POIROT Maurice [POIROT Georges, Maurice], dit La Brousse

Par Roger Martin, Gilles Morin

Né le 17 octobre 1900 à Uzemain (Vosges), mort le 24 janvier 1981 à Cleurie (Vosges) ;instituteur puis directeur d’école dans les Vosges ; secrétaire fédéral de la SFIO et député 1945-1951 et 1956-1958.

Maurice Poirot
Maurice Poirot

Né dans une famille paysanne de huit enfants, Maurice Poirot fils de Charles et Maria Noémie propriétaires cultivateurs, fut élève boursier à l’école primaire supérieure de Gérardmer (Vosges). Reçu à l’École normale d’instituteurs de Mirecourt, il obtint le brevet supérieur. De 1920 à 1923, il servit dans l’armée de l’air comme officier ; son frère Abel était mort au champ d’honneur en mai 1918 dans l’Aisne. Il exerça à Hadol, à Plombières, puis à Rambervillers. En 1928, il fut nommé à Cleurie, petit village de la vallée de la Moselotte, où il exerça, avec son épouse, comme directeur jusqu’à la fin de sa carrière tout en étant jusqu’en 1939 le secrétaire de mairie. Membre du Syndicat national des instituteurs, délégué syndical de 1928 à la guerre, il fut, avec son épouse, gréviste le 6 février 1934 et le 30 novembre 1938. Dans sa classe, il utilisait certaines techniques préconisées par Célestin Freinet, dont l’imprimerie.

Poirot donna son adhésion au Parti socialiste SFIO en 1926. En 1934, avec un groupe d’agriculteurs en lutte contre la laiterie Gérard du Tholy, il avait fondé le syndicat paysan vosgien, dont il fut secrétaire. Il exerça désormais une influence sensible dans les milieux agricoles de la Moselotte et de la Haute Moselle. Il fut l’un des animateurs du journal du Front populaire de la région de Remiremont, Le Réveil de la Montagne, dans lequel il rédigeait les articles signés « La Brousse ». Secrétaire de la section de Remiremont, il fut élu secrétaire de la Fédération socialiste des Vosges en 1936 et le resta jusqu’en 1939, puis fut candidat à l’élection législative partielle de Remiremont, le 21 mai 1939. Il obtint 2 209 voix contre 8 227 au Parti social français, 4 510 à un indépendant de gauche et 1 475 au candidat communiste.

Mobilisé en septembre 1939 comme comme lieutenant navigant de l’armée de l’air, fait prisonnier en juin 1940 en Meurthe-et-Moselle il fut détenu en Allemagne à Koenigstein. Durant sa captivité, il fut condamné à deux ans de forteresse pour avoir organisé des groupements anti-collaborationnistes parmi les prisonniers et réalisé un journal clandestin La Voix socialiste. Il fut délivré par les troupes soviétiques le 9 mai 1945.

À la Libération, il reprit son poste de secrétaire fédéral du Parti socialiste SFIO alors en pleine expansion dans les Vosges. Maurice Poirot se situait avec sa fédération nettement à gauche du parti. En février 1946 il signa « l’appel au militant » avec Guy Mollet et fut aussi un des signataires de la motion de redressement qui amena le député du Pas-de-Calais au secrétariat général du Parti socialiste en août 1946. L’année suivante toutefois il signa la motion plus « centriste » de Gérard Jaquet.

Élu conseiller général du canton de Remiremont en septembre 1945, battu en 1951, puis député aux deux Assemblées nationales constituantes de 1945 et 1946, il fit partie de la commission de la reconstruction et des dommages de guerre. Il entra à l’Assemblée nationale élue le 10 novembre 1946, toujours membre de la commission de la reconstruction et des dommages de guerre à laquelle s’ajoutèrent la commission des pensions, la commission des opérations des rapatriements tardifs et les fonctions de juré à la Haute Cour de Justice en 1947-1948. Il perdit son siège le 17 juin 1951 à la tête d’une liste de « rassemblement républicain » à l’élection législative partielle du 23 mars 1952. Il se présenta aux élections législatives de janvier 1956 sur une liste « Pour un nouveau Front populaire », sur laquelle se côtoyaient socialistes et communistes, conduite par Robert Chambeiron, « progressiste », Poirot étant en deuxième position. Cette campagne électorale de 1956 et l’élection de ces deux candidats, entraînèrent la publication d’un article enthousiaste de la revue Regards, qui citait les Vosges en exemple. Elle provoqua aussi une violente réaction de Guy Mollet, qui fit exclure immédiatement Maurice Poirot, cette alliance avec les communistes étant taxée de « violation des statuts du Parti ». Il siégea alors parmi les non-inscrits et dans les commissions des affaires économiques et des boissons. Il s’abstint lors du vote des pouvoirs spéciaux et contre le projet sur les institutions en Algérie. Il réintégra le groupe socialiste de l’Assemblée nationale le 4 juillet 1957.

Poirot refusa de voter la confiance au général de Gaulle, le 1er juin 1958 et se prononça contre les pleins pouvoirs. Il fut un des fondateurs du Parti socialiste autonome dans les Vosges avant de militer quelque temps au sein du Parti socialiste unifié, dont il fut secrétaire départemental en 1962. Mais il fut découragé par la multiplication des tendances qui se disputaient la direction de ce parti, et abandonna toute activité politique.


Marié en septembre 1923 à Uzemain avec une institutrice, Paule Germaine Joubert, le couple eut deux filles dont l’une fut institutrice et l’autre médecin.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article126762, notice POIROT Maurice [POIROT Georges, Maurice], dit La Brousse par Roger Martin, Gilles Morin, version mise en ligne le 30 novembre 2010, dernière modification le 14 février 2014.

Par Roger Martin, Gilles Morin

Maurice Poirot
Maurice Poirot

SOURCES : Arch. Nat., 581AP/136/500. — Arch. Dép. Vosges, 13 M 82, 13 M 83, 13 M 85, 13 M 89. — Dossier biographique de l’Ass. Nat et de l’OURS. — Le Travailleur vosgien, 1925-1939 et 1944-1955. — Libération, 28 décembre 1955. — Regards, n° 402 (1956). — La Vie du Parti, juin 1939, n° 85.- Etat civil.- Les Vosgiens célèbres, Editions Gérard Louis 1990. — Réponses de son épouse à l’enquête en 1975. — Notes de Roger Collet et de Jacques Girault.

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