PONARD Edmond, Antoine

Par Yves-Claude Lequin

Né et mort à Saint-Claude (Jura) : 23 juillet 1894-28 septembre 1968. Ouvrier diamantaire. Syndicaliste, socialiste et dirigeant du mouvement coopératif dans la région de Saint-Claude.

Fils de Élie Ponard, diamentaire, et de Marie Cordier, sans profession, Edmond Ponard n’a aucun lien de parenté avec Henri Ponard, pionnier du mouvement ouvrier jurassien dont il a cependant, en quelque sorte, pris la succession. Apprenti dès l’âge de quatorze ans à la coopérative ouvrière de production « Le Diamant », Edmond Ponard adhéra aussitôt au syndicat. Mobilisé en 1914 et pendant toute la guerre, il fit partie en 1918 des troupes envoyées en Russie dans la région de Mourmansk. Il dut traverser la Russie soviétique en pleine guerre civile pour rentrer en France où il reprit son métier de diamantaire.

Déjà militant des Jeunesses socialistes, marié, il fut, à partir de l’été 1922, un dirigeant syndical important. À la suite du départ d’Arthur Danrez, il devint secrétaire national du syndicat des ouvriers diamantaires et entra en même temps au comité fédéral de l’Union départementale CGT du Jura. Peu après, en septembre 1922, il représenta le département en compagnie de trois autres militants : Galantus, Delavenna et Rosset-Bolin, à la commission administrative de l’Union régionale CGT Ain-Doubs-Jura qui venait de se constituer. Par la suite il eut à deux reprises l’occasion d’assurer par intérim le secrétariat de l’Union régionale CGT Ain-Jura : pendant l’année 1929, à la suite du départ de Galantus, et au début de l’année 1931 après le décès de Robert Bousset.

Il n’avait pas pour autant négligé l’action politique et, le 6 mai 1928, il avait été élu conseiller municipal socialiste de Saint-Claude, lors des élections partielles qui suivirent le décès d’Henri Ponard ; il fut régulièrement réélu par la suite. Fondateur du « Rayon de soleil », œuvre en faveur des ouvriers diamantaires tuberculeux, Ponard était également sociétaire de la coopérative « La Fraternelle ». En avril 1932, son action militante marqua un tournant : il abandonna ses responsabilités syndicales pour prendre, à la place d’Aimé Rey* qui quittait la région, la direction de la coopérative d’alimentation « La Fraternelle », force vive de tout le mouvement coopératif sanclaudien. Il dut d’ailleurs prendre la direction de celui-ci puisqu’en juin 1936, il représentait la Fédération des coopératives à la réunion constitutive du Comité départemental du Front populaire.

Après la défaite et l’instauration du régime de Vichy, le département du Jura se trouva coupé en deux par la ligne de démarcation, et Saint-Claude resta en zone libre. À la suite de la dissolution des organisations syndicales en novembre 1940, les militants sanclaudiens craignirent pour l’avenir des organisations coopératives de leur ville. Ils se concertèrent, semble-t-il, sur l’attitude à adopter dans ces conditions. C’est ainsi que, approuvé par ses camarades, Edmond Ponard aurait à la fin de l’année 1940 adhéré à la Légion qui venait d’être créée par Vichy, il espérait ainsi protéger les coopératives et particulièrement « La Fraternelle » dont il demeurait le directeur.

Quelque temps après, cette coopérative devint un centre de la Résistance du Haut-Jura, assurant l’impression du Populaire clandestin et organisant le ravitaillement des maquis de la région. Mais les occupants commençaient à suspecter Edmond Ponard qui dut s’enfuir et alla travailler, sans doute sous une fausse identité, aux établissements Coop à Paris. Peu après, sa femme fut arrêtée lors de la grande rafle du 9 avril 1944 à Saint-Claude et déportée à Ravensbrück dont elle revint en 1945. Son fils Jean qui, par la suite, lui succéda à la tête de la coopérative, fut arrêté à son tour le 27 juin 1944 et emprisonné à Lons-le-Saunier jusqu’à la Libération.

Edmond Ponard revint à Saint-Claude après la Libération et retrouva ses principales responsabilités. Réinstallé au conseil municipal fin août 1944 où il siégeait depuis 1936, il fut constamment réélu, mais démissionna le 13 novembre 1953 pour raisons de santé. Il défendit également les couleurs du Parti socialiste dans plusieurs autres élections, notamment en tant que suppléant de Jean Courtois* qui fut élu député SFIO du Jura en 1945 et réélu en 1946.

Enfin, après avoir représenté les coopératives de consommation au comité départemental de Libération du Jura, Ponard reprit la direction de « La Fraternelle » et c’est à ce moment qu’il décida l’intégration de cette coopérative dans l’ensemble du mouvement coopératif ; jusqu’alors cette coopérative ne redistribuait pas ses bénéfices qu’elle utilisait pour diverses réalisations sociales. Son intégration la conduisit à reprendre les « ristournes » individuelles, ce qui ne fut pas sans susciter des critiques de coopérateurs locaux attachés à l’originalité de leur mouvement. Edmond Ponard appartint au conseil d’administration de la Fédération nationale des coopératives.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article126862, notice PONARD Edmond, Antoine par Yves-Claude Lequin, version mise en ligne le 30 novembre 2010, dernière modification le 26 février 2013.

Par Yves-Claude Lequin

SOURCES : Arch. Dép. Jura, M suppl. 271. — Arch. Com. Saint-Claude. — Fonds d’archives J. Gaumont-G. Prache. — Le Jura socialiste, 8 juillet et 2 septembre 1922, 1929, 1931. — La Libre Comté, 9 septembre 1944. — Le Progrès, édition du Jura, 30 septembre et 2 octobre 1968. — Le Coopérateur de France, 2 décembre 1950 et 25 octobre 1968. — Lettres de R. Mermet, 1975. — Témoignages d’A. Camelin et de J. Ponard, 1974.

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