PONCET Cécile

« Fille » d’un avocat du barreau de Grenoble (Isère), Cécile Poncet fonda le 6 juin 1906 le syndicat libre des ouvrières du tissage de Voiron qui menaient alors une grève. Deux mois plus tard, le 6 août, elle présida à la naissance d’un syndicat de l’Aiguille. Dans les deux années qui suivirent, le mouvement s’étendit à Grenoble où furent fondés successivement le syndicat libre de la Ganterie (décembre 1906), celui de l’Aiguille (mars 1907) et celui des employées (janvier 1908).

Il semble que les syndicats de l’Isère eurent des relations très étroites avec le clergé et les communautés religieuses de la région. Cela se traduisit par un recrutement assez fermé et par l’adjonction d’une clause dans les statuts des syndicats qui précisaient qu’il fallait pour adhérer au mouvement être catholique. En 1910, les syndicats de Voiron et de Grenoble formèrent la Fédération des syndicats libres féminins de l’Isère qui regroupa, à sa création, environ deux mille ouvrières. En 1912, la Fédération se dota d’un bulletin mensuel, la Voix professionnelle, publié à Voiron.

Fortement autonomiste, la fédération refusa d’adhérer aux grandes confédérations féminines (de l’Abbaye ou des Capucines) et s’affilia directement à la CFTC en 1919. Cette volonté d’indépendance n’empêcha pas Cécile Poncet d’entretenir de nombreux contacts avec les autres syndicats féminins et avec l’ensemble de la communauté chrétienne. En août 1919, elle assista en tant que secrétaire générale des syndicats libres de l’Isère à la semaine sociale de Metz. Son intervention porta sur « les syndicats féminins en tant qu’agents d’organisation professionnelle ». En novembre de la même année, elle fut invitée par l’Union centrale des syndicats professionnels féminins de l’Abbaye à Paris à donner un cours intitulé : « La formation des élites par les syndicats professionnels : les syndicats féminins de l’Isère ». En septembre 1921, elle fut déléguée à la conférence internationale des femmes travailleuses. Cette conférence, organisée par les secrétariats des œuvres féminines sociales de Belgique, se déroula à Bruxelles. Parmi les déléguées outre mademoiselle Poncet se trouvaient mesdemoiselles Bardot, Butillard, Danguy, Decaux et madame Simon. En 1928, lors du 10e anniversaire des syndicats féminins de Marseille affiliés à l’Abbaye, elle présenta un rapport sur « les réalisations obtenues au cours des dix dernières années ».

Tout au long des années vingt, Cécile Poncet collabora à l’organe de l’Union centrale, la Ruche syndicale et assista à de nombreux congrès.