PRACHAY Alexandre, Michel

Par Nadia Ténine-Michel, Élie Fruit

Né le 17 mai 1895 à Sail-sous-Couzan (Loire), mort le 22 mai 1943 à El-Biar (Algérie) suite aux souffrances de sa détention ; professeur ; conseiller municipal communiste de Pontoise (Seine-et-Oise) ; député (1936-1940).

Alexandre Prachay
Alexandre Prachay

Fils d’un contremaître, Alexandre Prachay, après avoir obtenu le brevet élémentaire, entra en 1911 à l’École normale d’instituteurs de Lyon (Rhône). Titulaire du brevet supérieur (1913), il devint instituteur en 1915. Exempté du service militaire, il exerça sa profession jusqu’en 1925, passa sa licence de mathématiques à la Faculté des Sciences de Lyon en 1925, ce qui lui permit de devenir professeur aux collèges d’Arbois (Jura) en 1925, de Briançon (Hautes-Alpes) en 1926, de Beaune (Côte-d’Or) en 1927, puis de Pontoise en 1930. Célibataire, il vivait avec sa mère, veuve.

Membre du Parti communiste depuis 1925 ou 1923 (RGASPI, 517 1 1909), il exerça les fonctions de secrétaire de cellule à Louhans (Saône-et-Loire) et à Beaune entre 1926 et 1930. Simultanément, il était membre de la commission exécutive du syndicat unitaire de l’Enseignement laïque et fut, à partir de 1931, membre de la Fédération unitaire de l’Enseignement. En 1932, il entra au comité des professeurs unitaires de l’Académie de Paris.

Attiré surtout par l’action politique, Alexandre Prachay prit dès son arrivée à Pontoise la direction du 25e rayon, qui se développa très nettement, et multiplia ses activités dans les comités locaux du Secours rouge international et du Secours ouvrier international. En 1928, cet enseignant portant une longue barbe à la Guesde, se présenta aux élections législatives dans la circonscription de Louhans, sur la liste du Bloc ouvrier et paysan, mais n’obtint que 1 587 voix sur 19 180 suffrages exprimés au 1er tour et 179 au second. Candidat dans la 1re circonscription de Pontoise aux élections législatives de 1932, il obtint 2 492 voix sur 16 696 suffrages exprimés au 1er tour et 1 894 sur 15 923 au deuxième. En 1932 également, il participa aux activités du Comité contre la guerre et le fascisme (Amsterdam-Pleyel). Il fut candidat, en outre, aux élections cantonales de 1931 (541 voix sur 7 466 inscrits) et 1934 et aux sénatoriales de 1935. . Cette année-là, il entra au conseil municipal de Pontoise où il fut le premier communiste à siéger. Enfin, les élections du Front populaire lui ouvrirent en 1936 les portes du Palais-Bourbon. Candidat de la 1re circonscription de Pontoise, il obtint 4 444 voix au 1er tour et, bénéficiant du désistement du socialiste SFIO, Adrien Commin, fut élu au 2e tour avec 8 898 voix sur 17 663 suffrages exprimés, battant Franklin-Bouillon, radical, qui passait pour tout-puissant en Seine-et-Oise.

Un rapport du 19 mai 1936 non signé, mais vraisemblablement de Fried, délégué de l’IC (d’où le français incertain), soulignait les réserves qu’il inspirait à la direction du PCF : « Camarade avec beaucoup de survivances social-démocrates. Il est douteux, si il pourrait rendre beaucoup de services à la Chambre, mais il sera utile certainement dans sa circonscription où son autorité est incontestable. » Maurice Thorez*, sous le pseudonyme de Jean, retrouvait le 20 février 1943 le même jugement en écrivant : « Capable, dévoué, manque de fermeté politique. A milité au syndicat de l’enseignement. Bonne attitude au procès [des députés]. » (RGASPI, 495 270 1941). Il était en 1939 membre du comité de la région communiste Paris-Nord.

Lors du Pacte germano-soviétique, il fut de ceux qui ne doutèrent pas et, le 8 octobre 1939, il fut arrêté pour constitution du Groupe ouvrier et paysan français. Déchu de son mandat parlementaire le 21 janvier 1940, il fut condamné le 3 avril suivant par le 3e tribunal militaire de Paris à cinq ans de prison, 4 000 francs d’amende et cinq ans de privation des droits civiques. Interné à Maison-Carrée en Algérie, il fut libéré par les troupes anglo-américaines en février 1943, trois mois après le débarquement allié. Sa santé déjà fragile avait été durement ébranlée par quarante mois de captivité et il mourut, à quarante-huit ans, trois mois après. A Moscou, un communiqué signé « Dupuis » salua sa mémoire en mettant l’accent sur sa fonction de professeur et ses souffrances en prison. Sa dépouille fut exhumée en juillet 1950 pour être ramenée en France.

En 2007, Alexandre Prachay fut reconnu « Mort pour la France » par la ministre Michèle Alliot Marie. Jean-Claude Chazelle le maire (DVG), mena alors un combat victorieux contre certains élus de droite afin de faire graver le nom du député sur le nouveau monument aux morts de Sail-sous-Couzan Alexandre Prachay. Suite à cette décision, un des élus de droite, officier de l’armée à la retraite, Roger Laveille, démissionna.

En 2008, l’élu démissionnaire UMP Roger Laveille a été réélu conseiller municipal de Sail-sous-Couzan. En juillet 2011, il fut décoré Chevallier de la légion d’honneur par le député UMP Jean François Chossy. Vu le positionnement de M. Laveille à l’égard du député Prachay, la décoration surprit la population du village.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article127275, notice PRACHAY Alexandre, Michel par Nadia Ténine-Michel, Élie Fruit, version mise en ligne le 30 novembre 2010, dernière modification le 23 février 2022.

Par Nadia Ténine-Michel, Élie Fruit

Alexandre Prachay
Alexandre Prachay

SOURCES : Arch. Nat., AJ/16/6128. — Arch. Dép. Seine-et-Oise, 2 M 30-38, 11/18, 11/25, 18/4, 30/62 ; 4 M 2/68. — RGASPI, Moscou, 495 270 1941 (Claude Pennetier), 517 1 1909 (Jacques Girault). — Arch. Dép. Seine-et-Oise, 2 M 30-38, 11/18, 11/25, 18/4, 30/62 ; 4 M 2/68. — Cahiers du bolchevisme, 15 mai 1936. — La Vie socialiste, 14 mai 1932. — Visages de Seine-et-Oise. — Registre du personnel du collège d’Arbois (1925). — G. Bourgeois, Th., op. cit. — Fernand Grenier*, C’était ainsi, Paris, Éd. sociales, 1959.— Notes de Jacques Girault, de Cl. Pennetier et de Jean-Claude Chazelle, maire honoraire de Sail-sous-Couzan.

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