PRANCHÈRE Jean, Henri dit Duraton

Par Eric Panthou

Né le 26 juin 1903 à Cheylade (Cantal), mort le 22 mars 1982 à Thiers (Puy-de-Dôme) ; cantonnier municipal ; Secrétaire régional du Parti Communiste du Puy-de-Dôme de 1930 à 1932, exclu en janvier 1935, puis principal représentant du PPF dans le département, mort le 22 mars 1982 à Thiers (Puy-de-Dôme).

Originaire du Cantal, Jean Henri Pranchère, plus souvent prénommé Henri, était le fils de Louis, un maître maçon, et d’Antoinette Rispal, sans profession.
Après l’école il est devenu cantonnier à Clermont-Ferrand. Pranchère a milité activement au PCF dans le Puy-de-Dôme pendant 11 ans. Il y a vraisemblablement adhéré en 1923 ou 1924, rejoignant aussi la CGTU. En novembre 1926, il est secrétaire des Jeunesses communistes de Clermont-Ferrand. Il est candidat aux cantonales à Clermont Sud Ouest pour le Bloc ouvrier et paysan à l’automne 1928, se présentant alors comme ouvrier d’usine, syndiqués des produits chimiques. En novembre 1928, Pranchère est arrêté devant une usine en train de distribuer un tract aux conscrits. Il est poursuivi pour distribution de tracts sans permis, de provocation de militaire à la désobéissance. On confirme ici qu’il est bien cantonnier municipal.
En janvier 1929, est créée l’Union locale CGTU de Clermont-Ferrand. Pranchère en devient le premier Secrétaire. Au 5éme congrès national de la CGTU, il est présent au titre du syndicat du Parc d’artillerie de Clermont-Ferrand. En mai 1929, il est présent sur la liste communiste aux municipales de Clermont-Ferrand. Il fut condamné à 15 jours de prison le 30 juin 1930 après des incidents suscités par les Camelots du Roy, la justice s’en prenant aux ouvriers ayant réagi.
De 1929 à 1932, le Bureau régional a pour principaux dirigeant Follet, Gaston Brunstein et Henri Pranchère. Après un éphémère passage de Follet en 1929 au secrétariat régional, Pranchère conserve cette responsabilité de 1930 à 1932 avant que Brunstein lui succède. En 1932, il est secrétaire de la cellule de Clermont-Ferrand ville.
C’est la période où le Parti est le plus faible, comptant moins d’une centaine de membres en 1931. Un rapport d’un représentant du Comité Central est sévère : Le bureau régional fonctionne très mal, impossibilité d’avoir le moindre renseignement au début, aucun travail collectif, pas de responsabilité personnelle, tout est laissé à Pranchère qui, débordé, ne fait plus aucun travail.
Pranchère est toujours membre du syndicat CGTU des personnels municipaux.
Le groupe Pranchère-Souchal tient des réunions confidentielles où seuls les amis sont convoqués ; on se méfie de toute discussion théorique : « Il faut fuir comme la peste les études livresques », écrit Pranchère en 1931 qui s’oppose à la création d’un cercle d’étude marxiste-léniniste à Clermont. La direction régionale, coupée des masses et en particulier des masses ouvrières « parce qu’on considère dans notre région comme une question accessoire le travail syndical si bien qu’on en confie sans contrôle ni discussion la responsabilité au permanent de la 23° Union régionale unitaire considéré comme un spécialiste », agit comme si la révolution était imminente alors que la conjoncture n’est pas favorable et que le capitalisme se consolide encore en France à cette époque.
En janvier 1933, Pranchère est secrétaire du Rayon de Clermont. En février, il est chargé du rapport sur l’organisation lors du Congrès régional de la CGTU. Il intervient au grand meeting public qui le suit.
Cette même année, Brunstein est remplacé par Henri Berlin à la tête du Parti et Pranchère, membre du secrétariat, est en charge de l’hebdomadaire Le Cri du Peuple à partir de mai.
Il est délégué au Congrès Européen contre le fascisme et la guerre, qui se réunit du 4 au 6 juin 1933, devenant bientôt le Comité Amsterdam-Pleyel. La répression qui s’abat sur les communistes accentue l’impuissance et les défaillances des dirigeants locaux. le 24 juin 1933, c’est le tour d’Henri Pranchère suite à une bagarre avec les Camelots du Roi. Pranchère est accusé d’avoir frappé un agent de la Sûreté.
A l’automne 1934, lors de la préparation des élections cantonales, Berlin s’oppose au projet de candidature de Pranchère. le Comité Central impose le retrait de la candidature de Pranchère. Ce dernier démissionne alors, bientôt suivi par Brunstein et Ollier. Une commission d’enquête du Comité Central accuse ces hommes d’avoir formé un « groupe » et prononce le 6 janvier 1935 l’exclusion définitive de Pranchère tandis que Brunstein est exclu pour un an.
Pranchère fut très affecté par les accusations portées contre lui par la Commission du Comité Central en janvier 1935. Au même moment il s’est effectivement rapproché des positions du “renégat” Jacques Doriot, dont il défend l’idée d’unité d’action SFIO-PC contre le fascisme. A cet effet, Pranchère créé à Clermont-Ferrand un “Groupe des amis de l’unité totale des travailleurs”. Son exclusion, vécue comme une preuve d’autoritarisme et de sectarisme, le pousse vers le PPF auquel il adhère en 1936 bien qu’il ait condamné la position des camarades Doriot, Barbé, Rolland lors de la conférence du rayon de Clermont en avril 1933.
Pranchère a certainement joué un rôle très néfaste dans la crise très importante du Parti entre 1933 et 1934, avec son ami Maurice Souchal. Peut-être était-il effectivement un homme de la police, comme l’ont affirmé les Socialistes en 1931. De toute façon, son orgueil excessif le rendait peu sympathique.
Pranchère apparaît bientôt sur la “liste noire de provocateurs, escrocs et traitres du parti” et pendant de nombreuses années, il va être avec son ami Souchal la principale figure du PPF dans le département. Aux élections législatives de 1936, il ne recueille que 136 voix à Clermont-Ferrand sous l’étiquette Union ouvrière et paysanne. Dès le 1er congrès du Parti fin 1936, Pranchère est élu au Comité Central. En 1937 il était secrétaire fédéral du PPF du Puy-de-Dôme. Il se présente alors comme ancien ouvrier agricole.
On ne retrouve plus trace de lui après 1939. Selon une note manuscrite de Roger Champrobert, Pranchère aurait connu après guerre une vie misérable.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article127315, notice PRANCHÈRE Jean, Henri dit Duraton par Eric Panthou, version mise en ligne le 30 novembre 2010, dernière modification le 31 juillet 2022.

Par Eric Panthou

SOURCES : RGASPI Fonds de la direction du Parti Communiste Français :1931 cote 517_1_1143_517_1_1143. Rapport sur la région Auvergne, 22/1/1931.-RGASPI : Fonds de la direction du Parti Communiste Français :1935 : cote 517_1_1744. Tournée dans le Puy-de-Dôme du 11 au 25 août 1935. Délégué : Seinforin.-Fonds de la direction du Parti Communiste Français :1933 cote 517_1_1529. Région d’Auvergne, Comité Régional élargi du 19 mars 1933. Rapport du camarade Dupuy.-Jean-Pierre Vaudon, Le Parti Communiste aux élections dans les arrondissements d’Issoire et de Thiers de 1920 à 1936, mémoire de maîtrise Histoire, Université Clermont-Ferrand, 1970.-Caroline Spina, Le Parti communiste du Puy-de-Dôme dans l’entre-deux-guerre, mémoire maîtrise Histoire, Université Clermont 2, 1993.- Jean-Pierre Vaudon, “L’implantation du Parti communiste dans les milieux ruraux des arrondissements ruraux d’Issoire et de Thiers de 1920 à 1936”, Le Mouvement social, n°74, janvier-mars 1971, p. 75-98.- Congrès national ordinaire (5e congrès de la C.G.T.U.) Paris, 15-21 septembre 1929. “Un nouveau parti qui monte, monte ! Le Congrès de Doriot”, Le nouvelliste d’Indochine, 28 novembre 1936.-Enquête sur le PCF dans le Puy-de-Dôme. Le Préfet au Ministre de l’Intérieur, 19 juillet 1932 (archives nationales F7 131130). "Échecs répétés au fascisme", La Voix du Peuple, 24 juin 1933. Extrait de naissance de Jean Henri Pranchère. "Défendre la Révolution Russe est séditieux. Notre camarade Pranchère des Jeunes Communistes est poursuivi", Le Cri du Peuple, 10 novembre 1928. — Paul Guitad, "Auvergne Terre d’Oc", La Liberté, 29 août 1937. — "Nos camarades Fort et Pranchère condamnés à Clermont-Ferrand", L’Humanité, 1er juillet 1933. — Notes de Roger Champrobert sur des dossiers des archives des cadres du Parti à Clermont-Ferrand, Archives Roger Champrobert, Clermont-Ferrand. — État-civil Cheylade.

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