PRESSOUYRE Maurice

Par Gilles Candar

Né le 17 décembre 1912 à Comiac (Lot), mort le 4 juillet 1986 à Cépet (Haute-Garonne) ; inspecteur des PTT ; militant socialiste du Lot puis de la Seine ; résistant ; militant du Parti socialiste unitaire (1948-1954), puis du Parti socialiste de gauche. Conseiller municipal du 1er secteur de la Seine de 1945 à 1947.

Fils d’un cultivateur sympathisant du Parti radical-socialiste et conseiller municipal de Comiac, lié à Anatole de Monzie, Maurice Pressouyre, dont la mère était institutrice et militait au SNI, adhéra au Parti socialiste SFIO à Souillac en 1932. Il créa les sections de Comiac, de Laval-de-Cère et organisa la Fédération des Jeunesses socialistes du Lot. Il participa en 1935 à la délégation des sections SFIO de l’arrondissement de Figeac qui rencontrait tous les quinze jours à Gramat le rayon communiste du Lot où figuraient Paul Doucet, futur secrétaire de la CGT et Léon Feix, alors instituteur aux Quatre-Routes.

Entré dans l’administration des PTT le 16 février 1937 comme « agent manipulant », Maurice Pressouyre fut affecté à Paris. Il milita dans la Gauche révolutionnaire animée par Marceau Pivert, et fut exclu des JS (mais non du parti) au congrès de Limoges en 1938 (il fut ensuite exclu du parti, voir Le Populaire du 29 novembre 1938). Il appartint au comité central des Jeunesses socialistes ouvrières et paysannes (JSOP), liées au Parti socialiste ouvrier et paysan (PSOP). En 1938, il était secrétaire du Comité républicain antifasciste des Lotois de Paris (ou comité de Front populaire).

L’armistice révolta cet ancien pacifiste et antimilitariste et il s’engagea tôt dans la Résistance. Il appartint à « Résistance PTT » puis à « Ceux de la Résistance ». Capitaine FFI et secrétaire fondateur du comité local de Libération du XIVe arr., il reçut pour ses activités la Médaille de la Résistance et la Croix d’honneur du Mérite franco-britannique.

Il avait renoué avec le Parti socialiste SFIO durant la guerre et fut élu maire adjoint du XIVe arr. d’août 1944 à avril 1945. Bon orateur, dynamique, il devint secrétaire à la propagande de la XIVe section et se fit élire le 29 avril 1945 conseiller SFIO du XIVe arr. de Paris aux côtés de Paul Rivet*.

En 1946, il figurait en position d’inéligible sur les listes de son parti aux élections législatives. Maurice Pressouyre était alors un des animateurs de la petite tendance qui s’exprimait dans la Bataille socialiste de Paul Colliette*, reparue le 15 juillet 1947, et réclamait une politique sociale plus audacieuse, l’alliance avec le Parti communiste français et la paix en Indochine. Le soutien de ce groupe aux grandes grèves de 1947 lui valut de voir ses principaux responsables exclus de la SFIO en janvier 1948. Pressouyre n’était plus conseiller de Paris depuis octobre 1947 mais devint secrétaire de la Région parisienne et membre du Bureau du Mouvement socialiste unitaire démocratique qui regroupait les exclus de la Bataille socialiste et se transforma à l’issue de son premier congrès en Parti socialiste unitaire (octobre 1948). Secrétaire à l’organisation du PSU, Maurice Pressouyre en assura l’administration quotidienne aux côtés d’Élie Bloncourt*, secrétaire général et ancien député de l’Aisne. Le PSU était animé notamment par Andrée Marty-Capgras*, Albert-Paul Lentin, Claude Estier, André Blumel*, Pierre Stibbe*, Marcel Fourrier*, Robert Fuzier*, Charles Foulon*, Yves Dellac et Madeleine Colin, qui avaient des responsabilités à la CGT, Gilles Martinet*. Charles Bettelheim* écrivit également des articles dans la Bataille socialiste.

L’audience de ce premier PSU, réelle en 1948 (plusieurs milliers d’adhérents), se réduisit vite. La guerre froide, son soutien sans nuances au PCF l’empêchèrent de constituer une solution alternative crédible pour les militants ou électeurs déçus par la politique de la SFIO. Le PSU entretint des relations officielles avec d’autres « socialistes unitaires », le PSI de Pietro Nenni en Italie, mais aussi avec les partisans de Cyrankiewicz en Pologne, Grotewohl en RDA et Fierlinger en Tchécoslovaquie, qui s’étaient ralliés au communisme.

La question de la condamnation du titisme affaiblit encore le PSU divisé alors que le PCF préférait accorder davantage de moyens à l’Union progressiste. La Bataille socialiste cessa de paraître en octobre 1950. Devenu secrétaire général du PSU à la suite d’Élie Bloncourt* qui, favorable à une fusion avec l’Union progressiste, rejoignit celle-ci. Maurice Pressouyre essaya de relancer ce courant en le transformant en 1954 en Parti socialiste de gauche qu’il dirigea avec André Blumel*.

À la demande de Fernand Dupuy*, secrétaire de Maurice Thorez*, Pressouyre se présenta sur une liste PCF-PSU et fut élu conseiller municipal d’Antony de 1953 à 1955. Il ne se représenta pas aux élections partielles de 1955.

Le PSG disparut sans bruit en 1958 malgré les réticences de Charles Foulon. Maurice Pressouyre demanda sa réintégration au Parti socialiste SFIO mais elle fut refusée au congrès de Montrouge (novembre 1958). Il adhéra alors à la Ligue des droits de l’Homme et reconstitua la section d’Antony qu’il anima longtemps avant de la présider officiellement en 1978-1979. Il milita au Parti socialiste autonome (PSA) (1959-1960) puis au Parti socialiste unifié (le second PSU) (1960-1963) dans le XVIe arr. et non à Antony, en raison de ses rapports difficiles avec Georges Suant, maire d’Antony (1955-1977) alors membre des mêmes organisations.

Très unitaire, hostile aux courants modernistes du PSU, il préféra adhérer au PCF en 1964. Mais son attachement à un parti de type socialiste, avec une large démocratie interne, et les événements de Tchécoslovaquie, l’amenèrent à rompre en 1970. Il rejoignit le Parti socialiste à Épinay en 1971 et continua à y militer activement (premier secrétaire de la section d’Antony en 1973-1974 et en 1979-1981) se rattachant au courant animé par Jean Poperen*, puis à celui de Pierre Mauroy* en 1979 (congrès de Metz).

La maladie l’éloigna ensuite du combat politique mais il se montra profondément déçu par la politique de rigueur engagée après 1982 et le maintien du caractère présidentiel du régime. Il demeurait cependant membre du Parti socialiste dans sa section de Beaumont-de-Lomagne (Tarn-et-Garonne).

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article127358, notice PRESSOUYRE Maurice par Gilles Candar, version mise en ligne le 30 novembre 2010, dernière modification le 24 décembre 2020.

Par Gilles Candar

SOURCES : La Voix des travailleurs, 16 février 1935. — Notre Quercy, 1938. — La Bataille socialiste, 1947-1950 (BDIC) — Le Socialiste de gauche (un numéro), 1955. — Le Populaire, 1945-1947. — Correspondance de M. Pressouyre, 1983-1984. — Le Socialiste unitaire, décembre 1951-juillet 1954. — Notes de Gilles Candar et de Julien Chuzeville.

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