PRIGENT Robert, Paul, Albert

Par Éric Belouet

Né le 24 novembre 1910 à Saint-Pol-sur-Mer (Nord), mort le 19 juillet 1995 ; ouvrier électricien ; militant jociste, lociste et syndicaliste ; député MRP du Nord (1945-51) ; ministre de la Population et de la Santé publique dans divers cabinets de 1945 à 1947.

Fils d’Albert Prigent, marin de commerce, et de Pauline Beaupoil, Robert Prigent effectua ses études primaires à l’École Jules Ferry à Rosendaël (Nord) puis suivit les cours de l’École pratique d’électricité de Dunkerque (Nord). Il entra au travail à l’âge de seize ans comme ouvrier électricien à l’usine des Dunes des aciéries et forges de Firminy avant d’être embauché aux chantiers d’extension du port de Dunkerque, qu’il quitta en 1933 pour accomplir son service militaire au 8e génie à Versailles.

Ayant adhéré à la Jeunesse ouvrière chrétienne (JOC) dès 1927, année de l’implantation du mouvement en France, R. Prigent lança une section à Rosendaël et prit des responsabilités au sein de la Fédération de Dunkerque dont il devint le président. Tout en poursuivant cette activité, il adhéra au Parti démocrate populaire (PDP) et devint également, en janvier 1934, peu de temps après son retour à la vie civile, secrétaire permanent de l’Union locale des syndicats chrétiens de Dunkerque, fondée en 1931. Sous son impulsion, cette dernière connut un important développement puisqu’elle comptait, après seulement cinq années d’existence, onze syndicats fortement structurés. De graves problèmes de santé contraignirent toutefois R. Prigent à abandonner cette fonction en 1936 et il fut remplacé par Jean Courtecuisse. Il poursuivit néanmoins ses activités au sein de la JOC, jouant notamment un grand rôle dans l’organisation du Congrès du Xe anniversaire de ce mouvement qui, le 18 juillet 1937, rassembla 60 000 participants au Parc des Princes à Paris.

Après son mariage le 15 janvier 1938 avec Thérèse Béhague (voir Thérèse Prigent), dont il eut quatre enfant, Robert Prigent rejoignit Paul Bacon*, Charles Bonnet* et Fernand Bouxom* à Paris au secrétariat général de la Ligue ouvrière chrétienne (LOC) — organisation créée en 1935 par d’anciens permanents de la JOC désireux de prolonger l’idéal jociste au sein d’un mouvement familial chrétien — pour devenir l’un des dirigeants nationaux de cette organisation.

Mobilisé en août 1939 comme sapeur-télégraphiste dans la 2e Armée, il regagna Paris en 1940. Dès son retour, alors que les autres membres de l’équipe dirigeante de la LOC s’étaient retranchés à Lyon, il devint secrétaire général du mouvement pour les zones occupée et interdite, s’efforçant de le réorganiser. En zone libre, la LOC, désireuse d’accroître son audience, prit en 1941 le nom de Mouvement populaire des familles. R. Prigent tenta de faire entériner ce processus de déconfessionnalisation par les militants de la zone nord, mais se heurta à une résistance plus vive, notamment de la part de la Fédération lociste du Nord. Ce fut donc sous le double nom de LOC-MPF que le mouvement poursuivit son action jusqu’à la Libération.

En octobre 1943, désigné par une organisation de Résistance — l’Organisation civile et militaire (OCM) — pour la représenter à l’Assemblée consultative provisoire, il partit clandestinement à Alger. Secrétaire du Groupe de la Résistance métropolitaine, siégeant aux commissions de la Jeunesse et des Affaires sociales, R. Prigent fit alors adopter un amendement introduisant le vote des femmes à l’ordonnance portant organisation des pouvoirs publics. Au cours de son séjour à Alger, il contribua également au lancement d’Humanité nouvelle, bimensuel commun au MPF, à la JOC et à la JOCF d’Afrique du Nord, dont le premier numéro parut le 15 décembre 1943.

Chargé d’une mission par l’Entr’aide française pour la Libération, il arriva en juin 1944 en Normandie pour y organiser les secours à apporter aux populations des régions libérées. Il rentra à Paris le jour de la libération de la capitale et fut nommé peu de temps après à la direction du commissariat général à la famille. Il participa à la création du Mouvement républicain de libération qui devint, en novembre 1944, le Mouvement républicain populaire. À partir de cette période, l’évolution de R. Prigent s’apparente à celle d’autres anciens dirigeants jocistes — en particulier Paul Bacon* et Fernand Bouxom* — qui s’engagèrent dans le parti démocrate-chrétien et se consacrèrent alors essentiellement à leur activité parlementaire ou ministérielle.

R. Prigent fut élu le 21 octobre 1945 député MRP du Nord à la première Assemblée constituante. Réélu en juin (deuxième Assemblée constituante) et novembre 1946, il représenta à l’Assemblée nationale la circonscription de Dunkerque-Hazebrouck et siégea successivement à la commission des Finances et à celle de la Marine marchande. De novembre 1945 à septembre 1946, R. Prigent occupa le poste de ministre de la Population dans trois gouvernements successifs (de Gaulle, Gouin et Bidault). Dans le cadre de cette fonction, il fut à l’origine de nombreuses mesures favorables aux familles et en particulier de la loi du 22 août 1946 relative aux allocations familiales, destinée à encourager la natalité. De nouveau ministre de la Santé publique et de la Population dans le gouvernement Ramadier de mai à octobre 1947 puis vice-président de l’Assemblée Nationale de janvier 1949 au 14 février 1950, il fut nommé à cette date secrétaire d’État à la présidence du Conseil dans le gouvernement de Georges Bidault, fonction qu’il conserva jusqu’en juillet 1950. N’ayant pas été réélu à l’Assemblée Nationale à l’issue des élections législatives de juin 1951, il continua néanmoins à siéger au bureau national et à la commission exécutive du MRP avant d’être nommé, en 1954, chargé de mission au cabinet de G. Bidault, ministre des Affaires étrangères dans le gouvernement Laniel.

R. Prigent quitta ensuite la vie politique de premier plan pour se consacrer à des activités sociales : directeur général de l’Union nationale interfédérale des œuvres et organismes privés sanitaires et sociaux (UNIOPSS) de 1956 à 1976, il siégea à la section des activités sociales du Conseil économique et social de 1959 à 1961, au Haut Comité de la Population et du Conseil Supérieur des Assurances Sociales, à la Commission d’études des problèmes de la famille de mars 1960 à décembre 1961, au Conseil Supérieur de la Mutualité à partir de 1961 et, à partir de 1962, au Comité national français de liaison pour la réadaptation des handicapés. Président du Centre de liaison, d’études, d’information et de réflexion sur les problèmes des personnes âgées de 1970 à 1986, il accéda à la vice-présidence de la commission supérieure des allocations familiales en 1974 et présida le Secours catholique de 1977 à 1983.

Robert Prigent était commandeur de la Légion d’honneur, grand-croix de l’Ordre national du mérite et chevalier du Mérite social.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article127428, notice PRIGENT Robert, Paul, Albert par Éric Belouet, version mise en ligne le 30 novembre 2010, dernière modification le 18 novembre 2021.

Par Éric Belouet

ŒUVRE : Le prêt au mariage. — Les données de l’action familialeRenouveau des idées de la famille, INED, 1954.

SOURCES : Notes de Robert et Thérèse Prigent. — Who’s who in France ?. — La Jeunesse ouvrière, n° 203-4, février 1937. — « Les mouvements familiaux populaires et ruraux », Les Cahiers du GRMF, n° 1, Villeneuve-d’Ascq, 1983. — « Monde Ouvrier 1937-1957 », Les Cahiers du GRMF, n° 4, Forest-sur-Marque, 1986. — J.-P. Coco, J. Debès, 1937, l’élan jociste, Paris, Éditions ouvrières, 1989. — Notes d’Yves Le Maner et de M. Chauvière. — Le Monde, 22 juillet 1995. — Renseignements recueillis par M. Rault.

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