PROTAT Eugène

Né le 19 novembre 1872 à Vergisson (Saône-et-Loire), mort le 15 mai 1950 à Paris (XXe arr.) ; garçon de café à Paris ; militant de la CGT.

Eugène Protat (vers 1908)
Eugène Protat (vers 1908)
cc Ces Messieurs de la CGT, Ollendorf, 1909

Né à Vergisson (Saône-et-Loire), fils de propriétaires cultivateurs, orphelin à trois ans, Protat eut une enfance malheureuse. À l’âge de quinze ans, il travaillait comme garçon de café. Après avoir accompli son service militaire dans l’infanterie coloniale en Indochine et au Tonkin, il épousa une modiste et, militant actif, devint en 1905 secrétaire du syndicat des garçons limonadiers-restaurateurs. Il participa, à ce titre, au XVe congrès national corporatif — 9e de la CGT — et à la conférence des Bourses du Travail tenus à Amiens du 8 au 16 octobre 1906. Il assista également au XVIe congrès, Marseille, octobre 1908.

Les garçons de café faisaient alors des journées de 14 et 15 heures de travail et, parfois, une présence quotidienne de 18 heures. Aussi réclamaient-ils une diminution du temps de travail, des salaires plus réguliers, le repos hebdomadaire, une modification au régime des pourboires, la suppression des « frais » : papier à lettres, allumettes, casse payés le plus souvent sous forme d’une retenue dans la répartition du « tronc » (les pourboires). Le 27 avril 1907, vers six heures du soir, ce fut la grève surprise. Dirigée par Protat, elle dura trois jours et fut un succès.

On vint interviewer le militant que l’on vit ainsi : « De petite taille, ni gras ni maigre, la moustache fine, la barbe médiocrement fournie taillée en fer à cheval, ses cheveux blonds séparés à gauche, le citoyen Protat a une figure mobile et nerveuse, énergique comme celle de Luquet auquel il ressemble » ; et les journalistes concluaient : « Le citoyen Protat est une puissance. Il dépend de lui que nous puissions ou que nous ne puissions point prendre notre apéritif quotidien... »

Eugène Protat, garçon limonadier, fut conseiller ouvrier prud’homme de la Seine de 1914 à 1926, puis de 1933 à 1938, section Commerce. Militant syndicaliste, il était aussi militant socialiste et comme tel fut candidat aux élections municipales du 30 novembre 1919, dans le Ier arr. de Paris (quartier Saint-Germain) où il obtint 178 voix sur 1 636 inscrits.

Il mourut le 15 mai 1950 à Paris (XXe arr.).

Se confond-il avec E. Protat ?

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article127490, notice PROTAT Eugène , version mise en ligne le 30 novembre 2010, dernière modification le 5 décembre 2022.
Eugène Protat (vers 1908)
Eugène Protat (vers 1908)
cc Ces Messieurs de la CGT, Ollendorf, 1909
Différents protagonistes de la Charte d’Amiens.

SOURCES : Comptes rendus des congrès. — M. Leclercq, E. Girod de Fléaux, Ces Messieurs de la CGT, Paris, 1908, pp. 204-205. — L’Humanité, 24, 25 novembre et 1er décembre 1919. — Agendas de la BT de Paris.

ICONOGRAPHIE : Ces Messieurs de la CGT, op. cit.

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