PROY Charles, Émile

Par Gaston Prache

Né le 25 janvier 1870 à Busigny (Nord) ; mort le 16 août 1940 à Nantes (Loire-Inférieure) ; ouvrier tisseur ; militant syndicaliste et coopérateur.

En 1899-1900, Charles Proy, avec ses camarades de la chambre syndicale de Neuvilly dont il était secrétaire — Siméon Lécot, J.-B. Delfosse, André Boudoux, entre autres — fonda au sein même du syndicat un groupement coopératif destiné, à la suite des grèves, à fournir aux adhérents du pain à prix réduit, puis du charbon et de la viande. Lors de la grève qui éclata en décembre 1903 et dura quatre mois, la misère s’installant en de nombreux foyers, des incidents tragiques se produisirent, notamment l’incendie de la demeure d’un des patrons.

Quarante-deux grévistes furent alors arrêtés (avril et mai 1904) et traduits devant la cour d’assises du Nord, certains seulement en correctionnelle. Comme tous ses camarades, Proy fut acquitté. Un grand élan de solidarité ouvrière, à travers tout le pays, vint en aide aux familles et plusieurs ouvriers congédiés du tissage s’employèrent à ranimer l’existence compromise du groupement coopératif, Charles Proy renouvelé dans son poste de secrétaire, dont il remit la charge en 1909 à son frère Louis. En 1912 il fut chargé du service de l’épicerie, le groupement comptant alors 164 adhérents. Des sociétaires venaient des communes voisines qu’on ravitaillait à l’aide d’une voiture à chien. On envisageait de créer juridiquement la société coopérative lorsque la guerre éclata en août 1914, suivie le 23 du même mois de l’invasion allemande qui allait durer jusqu’à fin octobre 1918. Sous la direction de Proy, la boulangerie put continuer son activité. Pour le reste, aidé par des « contrebandiers » on y pourvut par des moyens de fortune. Sur les conseils de la FNCC, l’année 1919 fut employée à la création de la société coopérative de développement, d’abord entre « la Syndicale » de Neuvilly et « la Fraternelle » de Solesmes, puis progressivement avec les coopératives voisines. Le 15 mars 1920, Louis Proy fut nommé président du conseil d’administration de la nouvelle société « L’Union des coopérateurs des bassins de la Selle et de la Sambre » dont Charles Proy devenait le chef d’entrepôt ; il le resta jusqu’à sa mort survenue à Nantes, le 16 août 1940, au cours de l’exode provoqué par la nouvelle invasion allemande.

À Neuvilly (Nord), la coopération ne pouvait être dissociée du syndicalisme et du mouvement ouvrier. Outre son rôle à la direction de la Chambre syndicale des ouvriers tisseurs avant la Première Guerre mondiale, Charles Proy fut également l’un des leaders locaux du Parti socialiste SFIO puis, après 1921, du Parti communiste pour lequel il fut candidat aux élections municipales de 1925 à Solesmes (Nord).

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article127523, notice PROY Charles, Émile par Gaston Prache, version mise en ligne le 30 novembre 2010, dernière modification le 1er janvier 2013.

Par Gaston Prache

SOURCES : Gaston Prache, Cambrésis, terre coopérative, Paris, 1963. — Documentation coopérative. — Notes de Yves Le Maner.

ICONOGRAPHIE : Ibid., p. 323.

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