PURAVEL Léon, Eugène

Par Jean Reynaud

Né le 18 juillet 1910 à Marseille (Bouches-du-Rhône), mort le 6 octobre 1996 à Marseille ; professeur de lettres et histoire-géographie au Maroc puis à Marseille ; militant syndicaliste du SNEPS et de la CGT au Maroc, militant du SNET, du SNES et de la FEN dans les Bouches-du-Rhône ; militant communiste.

Son père, Claude, était charpentier retraité, sa mère, Thi Lyn Nguyen, était sans profession. Il fut élève-maître à l’École normale d’instituteurs de Lyon (promotion 1926-1929) puis à celle de Nancy (1929-1931) où il obtint la première partie du professorat des écoles normales et des écoles primaires supérieures.

Eugène Puravel sollicita un poste au Maroc et y débuta en 1931 comme répétiteur au collège de Marrakech, puis exerça comme instituteur délégué dans les classes primaires supérieures de l’établissement. Avec de jeunes collègues, il créa et anima une section des Jeunesses Socialistes et, au plan syndical, il était adhérent du Syndicat national du personnel des EPS de France et des colonies affilié à la Fédération générale de l’enseignement-CGT. Blâmé à plusieurs reprises, il était en congé en 1933-1934 et fut muté d’office à l’école industrielle et commerciale de Casablanca en 1936 où il enseignait l’histoire-géographie. Il avait épousé à Marrakech, en 1935, Gaby Bélaid avec laquelle il eut deux enfants.

Militant socialiste SFIO du courant « Gauche révolutionnaire », très majoritaire dans la fédération socialiste du Maroc, Eugène Puravel soutint activement les grèves ouvrières au Maroc au cours de la seconde moitié de juin 1936, notamment à Casablanca, puis participa à l’aide à l’Espagne républicaine. « La police le croyait communiste » selon Albert Ayache.

En décembre 1940, Puravel fut révoqué par le régime de Vichy. Pour survivre, il devint représentant d’Aubanel (maison d’éditions de livres catholiques) et d’autres maisons commerciales. Il organisa alors le soutien matériel aux militants révoqués et adhéra en 1941 au Parti communiste clandestin.

Arrêté et emprisonné en novembre 1942 par la Légion française des combattants, Eugène Puravel fut libéré peu après, à la suite du débarquement américain. Il refusa alors l’offre de réintégration dans l’enseignement que lui faisait, en mars 1943, la Résidence générale au Maroc, « parce que toutes les victimes de mesures d’exception n’étaient pas alors réintégrées ». Il n’accepta sa réintégration qu’en mai 1943 quand le dernier révoqué fut réintégré.

Après la guerre, Eugène Puravel milita à l’Union générale CGT et fut rédacteur, de 1946 à 1948, au quotidien Le Petit Marocain passé sous le contrôle de la CGT et devenu Le Petit Marocain syndicaliste, le rédacteur en chef étant Antoine Mazella, instituteur originaire d’Algérie. Le journal étant en difficulté – il fit faillite en 1949 –, il reprit ses responsabilités syndicales : secrétaire général de la Fédération de l’Éducation nationale-CGT et secrétaire-adjoint de la Fédération marocaine des syndicats de fonctionnaires. Il participa activement aux discussions intérieures sur la nécessaire marocanisation du mouvement syndical, notamment lors du congrès de l’Union générale de novembre 1950 avec Paul Dutuit, secrétaire de la section du Syndicat national des instituteurs. Il disait avoir beaucoup appris avec les syndicats marocains et avec l’Istiqlal.

En 1952, d’impérieuses nécessités familiales de santé l’obligèrent à demander son intégration en métropole. Il fut nommé chargé d’enseignement de lettres au collège technique industriel et commercial mixte Pasquet en Arles (1952-1955), puis professeur au collège devenu lycée technique du Rempart à Marseille (1955-1962), puis, lors du dédoublement de celui-ci, au lycée technique Jean Perrin (1962-1971). Dans ces trois lycées il reprit une activité syndicale au quotidien : militant « Union pour une action syndicale efficace » puis « Unité et Action », secrétaire de section d’établissement (S1) du Syndicat national de l’enseignement technique puis du Syndicat national des enseignements de second degré, membre du conseil d’administration, membre des commissions administratives académiques du SNET puis du SNES et départementale de la FEN des Bouches-du-Rhône. Il resta, jusqu’à sa retraite, responsable du S1 du SNES du lycée Jean Perrin, qui atteignit le chiffre record de 150 adhérents.

Eugène Puravel participa à la lutte contre la guerre d’Algérie avec le Mouvement de la Paix et à l’activité du comité Audin contre les tortures. En 1968, il assura avec quelques camarades, jour et nuit, l’animation, l’entrainement du mouvement des enseignants et les contacts avec les lycéens.

Il fut le premier rédacteur en chef, successivement, du bulletin départemental de la FEN des Bouches-du-Rhône (1961) et du bulletin académique du SNES (1966), lors de leur création. Membre suppléant de la CA nationale du SNET (1956-1960), il s’investit pour la fusion SNET-SNES et participa, à tous les niveaux, à de nombreux congrès du SNET, du SNES et de la FEN.

Militant communiste au quotidien, il fut l’un des fondateurs, puis des animateurs, des deux cellules du lycée du Rempart et du lycée Jean Perrin.

Eugène Puravel prit sa retraite en 1971 et continua à militer au SNES et au PCF. Après son décès, la section académique du SNES écrivait : « Son humanisme a rayonné sur des générations d’élèves à Pasquet, au Rempart, à Jean Perrin. Le charisme et l’exemple de ce militant syndical et politique ont profondément marqué le syndicalisme enseignant dans les Bouches-du-Rhône. C’est un maître qui nous quitte. » Il était officier dans l’ordre des Palmes académiques depuis juin 1951.

Son épouse décéda le 10 juin 2009 à Marseille.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article127666, notice PURAVEL Léon, Eugène par Jean Reynaud, version mise en ligne le 30 novembre 2010, dernière modification le 4 avril 2021.

Par Jean Reynaud

SOURCES : Arch. Dép. Rhône, 1T/5377. ─ Arch. des sections FEN des Bouches-du-Rhône et SNES d’Aix-Marseille. — Arch. Nat. Rabat, commissariat de Marrakech. — Albert Ayache, « Les grèves de juin 1936 au Maroc », AESC, 1957, vol.12, n°3, p. 418-429 ; Histoire du mouvement syndical au Maroc, tome I, 1919-1942 ; tome II, 1943-1948 et tome III, 1949-1956, L’Harmattan. — Jacques-Deric Rouault, « Le Petit Marocain a un nouveau rédacteur en chef », www.dailymotion.com/.../x4j8of_petit-marocain. — DBMOF (notice non signée). — Renseignements fournis par l’intéressé (lors d’une interview enregistrée par Philippe Laville en 1988 pour le compte de l’IRHSES), par son épouse et son fils Jean-Claude. — Notice rédigée par Jean Reynaud en 2008 et précisée par Alain Dalançon.

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