QUIRIN Alfred [QUIRING Léon, Alfred]

Par Jean-Marie Conraud

Né le 23 octobre 1914 à Algrange (Moselle) ; décédé le 26 octobre 1991 à Metz (Moselle) ; première profession : pâtissier-confiseur ; dirigeant de la JOC, syndicaliste ; secrétaire général de l’Union départementale CFTC de la Moselle, membre du conseil confédéral et du bureau confédéral de la CFTC ; conseiller économique et social.

Tribune du congrès de la Fédération régionale des mineurs de charbon CFTC de Lorraine le 17 juin 1956 avec de gauche à droite :
Émile Engel, Marcel Monnet, Joseph Becker, Robert Mourer, Nicolas Meyer, Joseph Sauty et Alfred Quirin

Alfred Quirin naquit le 23 octobre 1914 dans une famille de mineurs de fer. Son père et son grand-père étaient mineurs. Il n’avait que neuf ans quand son père fut tué à la mine. A douze ans et demi il commença un apprentissage de pâtissier - confiseur à Thionville (Moselle). Au bout de trois ans il abandonna cette profession pour entreprendre un apprentissage de tailleur d’habits à Guénange (Moselle).

C’est à ce moment-là qu’il découvrit la JOC. Il devint rapidement président de la section de Guénange. En 1930 il fut délégué au congrès national de la JOC et en 1931 il représenta la Fédération au congrès international de Rome. En 1932 il fut chargé de la Fédération de Moselle et l’année suivante il fut détaché comme propagandiste national pour le département de la Moselle.

Pendant son service militaire, Alfred Quirin organisa un foyer et développa des « groupes d’amitié ». Libéré en 1937 il fut sollicité par la Fédération des syndicats CFTC d’Alsace et de Moselle pour devenir le premier permanent chargé spécialement du département de la Moselle. L’année suivante il fut élu secrétaire général de l’Union départementale. Mobilisé en 1939 il fut fait prisonnier par les allemands mais s’évada du camp de Sarrebourg.

Rentré à Metz Alfred Quirin organisa en groupes d’amitié les syndicalistes et les militants de la JOC dont les organisations étaient interdites. Il fut alors sollicité pour mettre ses dons d’animateur au service de l’organisation allemande « Deutsche Arbeits Front ». Ayant refusé cette proposition il fut interdit de travail et donc chômeur pendant six mois. Finalement, grâce à une fausse attestation il put être embauché comme manœuvre à la boulonnerie d’Ars sur Moselle. Il en fut assez rapidement licencié sous le prétexte qu’il portait constamment un béret, signe distinctif adopté par les jocistes, les syndicalistes chrétiens clandestins et généralement ceux qui résistaient à la politique ambiante. Il fut alors embauché par l’évêché de Metz et chargé de l’organisation du collectage de la participation financière des catholiques à l’entretien du clergé mosellan.

En 1941 Alfed Quirin se maria avec Marie-Antoinette Weiss avec laquelle il eut sept enfants. Mobilisable par l’armée allemande il s’évada avec son épouse et sa première fille. Ayant rejoint le secrétariat de la JOC à Sainte-Foy-les-Lyon il fut chargé spécialement des jeunes réfugiés, évadés et déserteurs de la Wermacht. Avec Théo Braun, il mit sur pieds les « Équipes d’entraide ouvrières ». Puis vers la fin de la guerre, il prépara le retour en Alsace-Lorraine des jeunes évadés et réfugiés.

En 1945 Alfred Quirin rentra à Metz avec un mandat de la confédération CFTC avec mission de reconstituer les syndicats et de réorganiser l’Union départementale. A son initiative, la première affiche en langue française apposée sur les murs de Metz fut celle de la CFTC. Il fit alors partie du Comité départemental de Libération, du Comité départemental d’épuration et fonda une Fédération des insoumis mosellans réfractaires à la Wermacht.

Réélu secrétaire général de l’Union départementale, Alfred Quirin entreprit la reconstitution et le développement de cette Union. Soucieux de l’information des adhérents il fut le fondateur et le responsable du journal La Liberté ouvrière qui tira jusqu’à 30 000 exemplaires et d’une revue Travail - Loisirs - Culture. Il développa également les activités de formation des militants et anima les Écoles normales ouvrières de la région. Il œuvra également pour que l’Union départementale de la Moselle soit moins dépendante de la Fédération des syndicats chrétiens d’Alsace-Lorraine dont le siège était à Strasbourg. Il siégea au Bureau national de 1946 à 1948.

En 1947, il fut élu au conseil d’administration de la Caisse primaire de sécurité sociale dont il devait devenir le président. Il siégea également au conseil d’administration de la Caisse d’allocations familiales dont il assuma également la vice-présidence pendant plusieurs années. Il représenta également la CFTC à la Caisse régionale et à la Caisse nationale de la sécurité sociale, au Bureau de l’Union des Caisses d’allocations familiales et à la commission des prestations sociales. Très soucieux du développement des équipements sociaux il fut un des promoteurs du Centre des grands brûlés de Metz et du Centre de rééducation fonctionnelle de l’hôpital Belle Isle de Metz. Il fonda également un Centre de formation et de culture populaire et 1950 le Centre de loisirs de l’Est dans le cadre duquel ont été ouvertes trois maisons familiales de vacances et les deux premiers villages de vacances à Albé et Obernai (Bas-Rhin).

En 1957, Alfred Quirin fut désigné comme représentant de la CFTC au Conseil économique et social. Il y siégea pendant trois mandats jusqu’en 1969. Il participa successivement aux travaux de la section Sociale puis de la section Formation professionnelle et enfin de la section de l’Habitat et des économies régionales. Il participa aussi très activement aux travaux du Comité régional du Bassin lorrain dont il fut un moment vice-président. A ce titre il anima plusieurs colloques sur la situation économique de la région et sur les équipements sociaux, sanitaires et culturels.

Les responsabilités syndicales, sociales et culturelles d’Alfred Quirin l’amenèrent à siéger dans de nombreux autres organismes.

- La Fédération « Vacances-Loisirs-Famille" dont il fut vice-président

- La coopérative ouvrière de Hartzviller dont il fut Président à partir de 1969.

- L’organisation des centres et activités de jeunesse.

- Le Conseil supérieur de l’aide sociale.

- Le centre de réadaptation de Plappeville (Moselle).

- L’Union nationale des Associations de soins et services à domicile pour le troisième âge.

-La Fédération internationale du tourisme social.

En 1964 Alfred Quirin ne fut pas favorable à l’évolution de la CFTC. Il continua néanmoins à assumer pour la CFDT les mandats qu’il détenait, sauf celui de secrétaire général de l’Union départementale qu’il abandonna en 1965. En 1971 se démit également de ses mandats à la Sécurité sociale pour se consacrer principalement à quelques activités auxquelles il tenait particulièrement :

- Le Centre de Loisirs de l’Est.

-L’AMOL (Association mosellane pour l’organisation des loisirs).

- L’Association départementale de l’aide aux personnes âgées dont il assumait la présidence depuis sa fondation en 1955.

- La maison du troisième âge dont il était vice-président.

- Le service de soins à domicile.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article127855, notice QUIRIN Alfred [QUIRING Léon, Alfred] par Jean-Marie Conraud, version mise en ligne le 30 novembre 2010, dernière modification le 25 février 2013.

Par Jean-Marie Conraud

Tribune du congrès de la Fédération régionale des mineurs de charbon CFTC de Lorraine le 17 juin 1956 avec de gauche à droite :
Émile Engel, Marcel Monnet, Joseph Becker, Robert Mourer, Nicolas Meyer, Joseph Sauty et Alfred Quirin

SOURCE : La Lorraine sociale, 1939 et 1945-1949. — Renseignements fournis par l’intéressé et par sa famille.

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