QUONTEN Marcel, Jules

Par Jean Lorcin, Gérard Raffaelli

Né le 19 février 1895 à Malleval (Loire) ; instituteur ; militant communiste ; militant syndicaliste CGTU puis CGT de la Loire, membre du CDL de la Loire

Fils d’une famille de quatre enfants, dont le père, Louis, était marchand mercier ambulant, et la mère Marie Grange, sans profession, Marcel Quonten bénéficia en 1908 d’une demie-bourse pour être élève à l’EPS de Montbrison et devint instituteur. il fut appelé sous les drapeaux par anticipation en décembre 1914 dans l’infanterie. Blessé par des éclats d’obus aux jambes en juillet 1915, il revint aux armées en mai 1916 et fut démobilisé le 13 septembre 1919 au grade de sergent, titulaire de la croix de guerre avec citation en 1918.

Instituteur public à Bourg-Argental (Loire) en 1922, il adhéra alors au Parti communiste dont il fut membre de 1924 à 1931 et de 1935 à mars-avril 1939. Il fit partie successivement de la cellule du Soleil, à Saint-Etienne, puis de celle de Veauche (Loire). Il épousa une institutrice, comme lui militante syndicaliste unitaire et communiste, dont il eut un enfant en 1933.

Il mena avec son collègue Jean Doron une campagne acharnée dans l’Humanité contre le secrétaire général de l’Union départementale CGTU de la Loire, Henri Lorduron. Ils l’accusaient d’être de tendance anarcho-syndicaliste, « l’homme de Durafour, de Soulié ou de Ferdinand Faure », les deux premiers étaient des notables radicaux ou apparentés, le troisième, scissionniste du PC en 1923, avait rejoint le Cartel en 1924. Dans cette lutte pour le pouvoir au sein de l’UD, Lorduron gagna la première manche à la réunion des conseils syndicaux du 16 juillet 1924 mais, fut remplacé au secrétariat de l’Union départementale l’année suivante par le communiste Benoît Frachon et son adjoint Quonten.

Le 14 octobre 1925, Quonten fut condamné par défaut à deux mois de prison avec sursis et 100 F d’amende pour provocation de militaires à la désobéissance par un jugement contradictoire du parquet de Trévoux (Ain) et fut cassé de son grade de sergent. Secrétaire de la fraction communiste des coopérateurs et membre du comité de rayon, il assista au congrès de rayon de janvier 1926. Il était alors secrétaire du syndicat unitaire de l’Enseignement.

Candidat au conseil général dans le canton de Saint-Chamond en 1928, il obtint au premier tour, 545 suffrages contre 584 au socialiste SFIO, Francis Deville sur 6 840 suffrages exprimés et 10 924 inscrits. À la différence du socialiste, le candidat communiste se maintint au deuxième tour conformément à la tactique « classe contre classe » du PC ; il obtint 566 suffrages sur 7 465 votants. Il se présenta également sans succès aux élections municipales de Saint-Étienne en mai 1929 puis en 1930, aux élections cantonales de Feurs en 1934 et au conseil d’arrondissement en 1937.

Attaqué en 1937 par Garnier qui lui reprochait d’avoir remplacé à la CGT des militants compétents par des communistes, Quonten répondit, dans le Cri du peuple, qu’il se sentait « aussi compétent que les instituteurs Duperray et Thévenon ».

Actif militant de la cellule de Veauche, où il avait été nommé directeur d’école, il en était le principal animateur. Quonten travailla à réaliser l’unité organique à la base, entre socialistes et communistes. Réunis le 25 août 1938, les militants des deux partis ouvriers constituèrent la section de Veauche du Parti unique des travailleurs de France. Cette initiative déplut au Parti socialiste dont le secrétaire fédéral Roiron* et les autres dirigeants fédéraux posèrent comme condition préalable à toute discussion d’une motion commune au Comité d’entente socialo-communiste de la Loire, son désaveu par le PC. Les dirigeants communistes ne pouvant y souscrire, l’initiative de la cellule de Veauche n’avait fait qu’aggraver le désaccord régnant entre les deux partis ouvriers. Au reste, les communistes n’avaient-ils pas simplement voulu montrer de quel côté venait l’opposition à l’unité organique ? C’était ce que laissait entendre le communiqué par lequel ils rendaient compte de l’échec de la réunion du comité d’entente.

Mobilisé à la Compagnie spéciale de passage de travailleurs militaires de Mons jusqu’au 21 juin 1940, il fut, après avoir été démobilisé, ramené au centre de Séjour Surveillé du Château de Mons par Arlanc (Puy-de-Dôme) où il fut assigné à résidence par un arrêté du 8 novembre 1940. Il fut ultérieurement interné au camp de Nexon.

Il fit partie en 1944-1945 du Comité de Libération de la Loire.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article127862, notice QUONTEN Marcel, Jules par Jean Lorcin, Gérard Raffaelli, version mise en ligne le 30 novembre 2010, dernière modification le 6 septembre 2022.

Par Jean Lorcin, Gérard Raffaelli

OEUVRE : Le couple Quonten publia dans les années 1930 un ensemble de photos avec notices d’accompagnement pédagogique, auto édité, sur l’extraction du charbon.
"Les combustibles : la mine, le charbon de bois, la tourbe", Laurent et Marguerite Beau, directeurs de publication, Quonten, auteur, Laurent Beau, Le Versoud (Isère), [1928] (référence communiquée par Sandrine Chaumeton, bibliothécaire à l’université de Limoges).

SOURCES : Arch. Nat. F7/13105, 13116,13121 et 13749. —JO, 17 avril 1908. — Arch. Dép. Loire, 4 M 123, 4 M 125, 4 M 127, 4 M 129 et M 540., état civil ; registre matricule. — Le Cri du peuple, 13 octobre 1928, 11 mai 1929, 25 mars 1937. — La Tribune républicaine, 14, 22 et 28 juillet 1930. — Jacques Girault, Benoît Frachon Communiste et syndicaliste, Presses de la Fondation nationale des Sciences politiques, 1989. — Notes de Sandrine Chaumeton et d’Alain Dalançon.

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