RADI Renan, Galilée. Signature dans l’Humanité : R.R.G.

Par Jacques Girault, Claude Pennetier, Nathalie Viet-Depaule

Né le 15 juin 1903 à Paris (XIe arr.), mort le 14 décembre 1977 à Saint-Maur-des-Fossés (Val-de-Marne) ; employé comptable ; militant communiste de Paris ; rédacteur à l’Humanité ; dirigeant de Radio-Liberté.

Renan Radi était issu d’une famille de militants révolutionnaires. Son père, Adolphe Radi, menuisier, de nationalité italienne, fut pendant la Première Guerre mondiale, un des membres les plus actifs de la 3e section du Parti socialiste SFIO. Il assuma les fonctions de gérant de la Maison commune de la rue de Bretagne et fut expulsé du territoire français par arrêté ministériel du 28 janvier 1921. Sa mère était culottière. Les prénoms des enfants (Voltaire pour l’aîné ; Renan, Galilée pour l’autre), témoignent des références culturelles de la famille. Renan Radi fut donc élevé dans un milieu syndicaliste et socialiste ; il fréquenta les groupes de pupilles du XIIe arr., de la Granges-aux-Belles et du IIIe arr.

Sorti de l’école à quatorze ans, aide-comptable, Renan Radi travailla à partir de 1917 à la banque Baecque Beau et Cie et se syndiqua au syndicat de la banque en 1919. Il se signala de bonne heure par ses opinions. En 1918, alors qu’il était employé comme aide-comptable au siège du Parti socialiste pour aider Fernand Loriot, il donna son adhésion au groupe du IIIe arrondissement des Jeunesses socialistes. Il fut un des animateurs du Comité pour l’autonomie des Jeunesses socialistes et leur adhésion à la IIIe Internationale, créé le 24 janvier 1920, et qui avait pour secrétaire Maurice Laporte.

À l’issue de la conférence nationale des JS tenue à Troyes le 4 avril 1920, il fut élu au comité national comme l’un des quatre représentants de la tendance minoritaire. Il se rendit le 21 mai suivant à Milan pour la conférence des Jeunesses socialistes des pays occidentaux où il refusa de signer la résolution « déclarant l’adhésion des JS de France à l’Internationale communiste des jeunes "fausse" parce que les JS, s’ils acceptent de rentrer à l’ICJ n’en acceptent pas en revanche le programme : la preuve en est que la Fédération reste en France en contact avec le Parti socialiste (dont la majorité était alors centriste) au lieu de se mettre en rapport avec le Comité de la IIIe Internationale ».

Membre de la commission exécutive du Comité de la IIIe Internationale, il signa la résolution dite Cachin*-Frossard* et participa au congrès de Tours (décembre 1920) comme délégué de la Seine puis deux ans plus tard au congrès de Paris du PC où il fit « partie du groupe de la jeunesse ». Son nom est écrit par erreur « Rady » dans le compte rendu.
Selon l’Humanité du 27 janvier 1921, il fut autorisé à suivre les cours de l’école de propagandiste. Membre de la commission administrative du syndicat des comptables, il combattit les minoritaires Maurice Chambelland et Pierre Gilhodes (et non Gilholdes). Il fut délégué au congrès de la CGTU tenu à Bordeaux en 1927.

En 1922, Radi assura successivement les fonctions de trésorier de la 4e Entente de la Fédération nationale des Jeunesses communistes, de secrétaire administratif puis de secrétaire de la commission d’administration. Relevé de ses fonctions à la fin de l’année, il fut alors désigné comme délégué propagandiste appointé de la Fédération des JC. Employé à l’Union des coopérateurs depuis 1921, à l’Union des coopérateurs de banlieue Nord, à la Caisse de liquidation des affaires en marchandises puis courrier à la représentation commerciale de l’URSS, il quitta cette fonction lorsqu’on demanda au personnel de ne plus militer publiquement. Devenu néanmoins rédacteur à l’Humanité en mai 1928.

Il participa à la conférence du 8e rayon communiste de la Région parisienne en octobre 1926. Sur décision du Bureau politique du 29 mars 1928, il fut mis à l’essai à la rubrique « Vie sociale » de l’Humanité. Mais Paul Vaillant-Couturier* critiqua sa conduite à la réunion du BP du 1er juin et Billoux, à la réunion du 15 juin, émit de « grosses réserves » sur son entrée à la rédaction. Il suivit de nombreuses grèves : dockers de Rouen, de Bordeaux, mineurs de la Loire, textile du Rouannais, bâtiment de Marseille, pipiers de Saint-Claude, mineurs du Nord (6 octobre 1930-mars 1931), textiles du Nord (1930-1931).

Il fut interpellé par la police, le 24 mars 1929 avec les 129 délégués de la conférence communiste de la Région parisienne tenue à Clichy (Seine), salle Reflut (voirMaurice Ancelle*). Radi se présenta aux élections municipales en mai 1929 dans le IXe arrondissement (Chaussée-d’Antin) où il obtint 81 voix sur 2 797. À cette époque, le comité central lui confia quelques missions à Marseille et au Havre pour suivre l’activité des militants locaux. En 1932, il brigua un siège de député dans la deuxième circonscription de La Roche-sur-Yon (Vendée) où il recueillit 189 voix sur 23 474 inscrits et 19 573 votants.

Dans un rapport sans date (vers 1931), André Marty évoque « Radi Renan de l’équipe gauchiste de l’Humanité » et évoque son frère Voltaire Radi exclu des JC puis réintégré au PC en 1929, ainsi que sa « femme », « renvoyée de l’Humanité et placée au Parti ».

Radi fut placé à la tête de l’association Radio-Liberté créée sous le Front populaire. Le 1er juillet 1938, il fut nommé par le gouvernement au comité chargé de préparer et de contrôler le Radio journal de France.

Interné pendant la guerre au camp de Pithiviers (Loiret), il figurait à la Libération sur une liste noire du PC comme « désorganisateur de la Résistance au camp de Pithiviers au profit du POPF ». Devant les responsables aux cadres de la région parisienne, le 7 octobre 1944, Jean Chaumeil* citait « Radi, le complice de Beaugand [Georges Beaugrand*] dans le camp de Pithiviers » qui osait demander au parti de reprendre sa place à la tête de Radio-Liberté.

Renan Radi mourut le 14 décembre 1977 à Saint-Maur-des-Fossés (Val-de-Marne).

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article127918, notice RADI Renan, Galilée. Signature dans l'Humanité : R.R.G. par Jacques Girault, Claude Pennetier, Nathalie Viet-Depaule, version mise en ligne le 30 novembre 2010, dernière modification le 17 novembre 2021.

Par Jacques Girault, Claude Pennetier, Nathalie Viet-Depaule

SOURCES : RGASPI, Moscou, 495 270 8606 : autobiographie du 3 février 1932. — Arch. Nat. F7/13090, 13119, 13262, 13264. — Arch. PPo., B A/1715. — Arch. Dép. Seine-Saint-Denis, ex. Arch. Dép. Seine-Saint-Denis, ex. BMP, bobines n° 192, 278, 302. — A. Kriegel, Aux origines du communisme français, 1914-1920, op. cit., pp. 719-722. — Le Problème de cadres, rapport présenté par le camarade Chaumeil à l’assemblée des cadres de la région parisienne et de l’ex-Zone nord, 7 octobre 1944. — Note de J. Chuzeville.

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