RALLON Louis, Antoine, Marie

Par Alain Dalançon, Claude Geslin, François Prigent

Né le 6 novembre 1905 à Plouha (Côtes-du-Nord, Côtes d’Armor), mort le 19 février 1981 au Port (Réunion) ; professeur-adjoint puis inspecteur de l’enseignement technique ; militant syndicaliste de la FGE-CGT, secrétaire général du Syndicat national des professeurs-adjoints, des répétiteurs et répétitrices, fondateur du SPES ; responsable du Parti socialiste SFIO.

Son père, Armand, Louis Rallon, était quartier-maître fourrier, et devint syndic des gens de la mer de Lannion en 1931 ; sa mère, Elisa Guillou, fille de commerçants, était ménagère. Grâce à une bourse, Louis Rallon effectua ses études secondaires comme interne au collège de Lannion. Bachelier en 1924, il commença des études de Droit pour devenir économe, tout en étant maître d’internat au collège de Château-Gontier (Mayenne) puis de Saint-Brieuc (Côtes du Nord/d’Armor).

Il effectua son service militaire comme élève officier de réserve dans le service de santé du Train des équipages en 1926-1927. De retour à la vie civile, il se réorienta vers des études scientifiques à la Faculté des Sciences de Rennes (Ille-et Vilaine), en étant répétiteur au collège de Vannes (Morbihan) jusqu’en 1932.

Il se maria le 21 mai 1929 à Vannes avec Gabrielle Troallen, une institutrice de Saint-Mauden (Côtes-du-Nord). Le couple eut deux enfants, Max, né en 1930, et Claude, né en 1932.

Muté répétiteur au lycée de Rennes à la rentrée 1932, il fut promu professeur adjoint en 1938, ayant obtenu trois certificats de licence de sciences naturelles.

Figure syndicale de premier plan, il était secrétaire provisoire puis secrétaire de la section départementale du Morbihan de la Fédération générale de l’enseignement-CGT entre 1929 et 1932, puis secrétaire général de la section académique de Rennes du Syndicat national des professeurs-adjoints, répétiteurs et répétitrices des lycées et collèges de France et des colonies, affilié à la FGE-CGT, membre de sa commission exécutive, à partir de 1934. Il assura en même temps le secrétariat de la section départementale d’Ille-et-Vilaine de la FGE de 1933 à 1935, puis de la FGE unifiée de 1935 à 1939.

Devenu secrétaire général du Syndicat des PA et répétiteurs, il participa à la fondation du Syndicat du personnel de l’enseignement secondaire, dont il fut membre de la CE de 1938 à 1940, secrétaire corporatif de sa catégorie et délégué à la propagande dans la section académique (S2) de Rennes. Il remit sa démission pour ne pas avoir suivi le mot d’ordre de grève le 30 novembre 1938, comme plusieurs de ses camarades dans le même cas, démission qui fut refusée.

Dans le même temps, Louis Rallon avait des engagements partisans au sein du Parti socialiste SFIO. Secrétaire adjoint de la section de Vannes en 1928, il participa activement au congrès fédéral d’Auray en janvier 1929. Trésorier puis responsable du groupe des jeunes socialistes de Vannes formé en juin 1931, il était proche de Pierre Le Goff, figure incontournable du milieu syndical et socialiste de Vannes. Comme le révèlent les archives privées de Louis L’Hévéder, député de Lorient à partir de 1930, Louis Rallon, pacifiste convaincu, était positionné sur l’aile gauche de la SFIO. À partir du printemps 1932, il poursuivit son action militante à Rennes, devenant notamment président du comité rennais du Centre laïque d’auberges de jeunesse. Il était aussi correspondant départemental de « Vacances pour tous », organisation créée pour les mouvements laïques. Son parent, Yves Rallon, qui fut résistant du Front national implanté à Guingamp, était secrétaire fédéral de la SFIO des Côtes-du-Nord entre 1938 et 1947.

Louis Rallon fut mobilisé en 1939-1940 comme sergent-chef infirmier. Il termina ensuite sa licence ès sciences en obtenant les certificats d’anatomie et d’embryologie. En août 1941, il demanda à s’occuper du commissariat régional au travail des jeunes. Détaché en septembre 1941, il fut nommé en 1942 chef du bureau régional de l’orientation professionnelle et, en 1943, chef du service du travail des jeunes.

Arrêté par les Allemands le 11 juillet 1944, il fit partie, début août 1944, du dernier convoi de déportés de Rennes dit « train de Langeais ». Il fallut 13 jours pour atteindre Belfort. 26 prisonniers décèdent lors du transport, 188 réussirent à s’évader et plus de 158 prisonniers furent libérés par miracle par un « Malgré-nous » à Belfort. Louis Rallon se trouvait parmi ces derniers, le 27 août 1944. Les autres furent déportés vers les camps de concentration de Natzweiller, Neuengamme, Dachau et Ravensbrück. On peut estimer que plus de 371 déportés de ce convoi ne revinrent pas des camps de la mort.

En 1945, Louis Rallon fut nommé inspecteur de l’enseignement technique puis inspecteur principal en 1952, affecté aux départements de la Mayenne et du Maine-et-Loire. Ayant une “connaissance parfaite du milieu“, il impulsa la création de nombreux établissements techniques. À partir de 1960, il était vice-président de la Fédération des œuvres laïques et de l’AROVET. En 1968, il participa au groupe permanent de l’éducation professionnelle et de la promotion sociale académique. Il termina sa carrière en 1970.

Chevalier de la Légion d’honneur en 1963 et commandeur des Palmes académiques, il était médaillé d’honneur de la Jeunesse et des sports.

À la fin de sa vie il se rapprocha de son fils Max Rallon, médecin-radiologue, installé à Saint-Paul (La Réunion), où il était un notable influent.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article128007, notice RALLON Louis, Antoine, Marie par Alain Dalançon, Claude Geslin, François Prigent, version mise en ligne le 30 novembre 2010, dernière modification le 25 mars 2018.

Par Alain Dalançon, Claude Geslin, François Prigent

SOURCES : Arch. Nat. F17/30159 B. — JO, lois et décrets, 21 avril 1918, 4 août 1926. — Arch. Dép. du Morbihan. — Arch. Fédérales du PS du Morbihan. – Arch. privées Louis L’Hévéder. — Arch. IRHSES (Syndicat des PA, SPES). — L’Université, oragane de la FGE. — memoiredeguerre.pagespro-orange.fr/convoi44. — État-civil des Côtes d’Armor en ligne. — Annuaire des dix mille Bretons, 1971. — François Prigent, Les réseaux socialistes en Bretagne des années 1930 aux années 1980, thèse, Université de Rennes 2, 2011, 812 p.— Notes de Jacques Girault.

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