RAMIER Joseph, Marie

Par Eric Panthou

Né le 8 novembre 1903 à Sorbier (Loire), mort en déportation le 26 février 1945 à Dachau (Allemagne) ; militant communiste et CGT de la Loire.

Joseph Ramier, deuxième rang à droite. Son frère Barthélémy à gauche. Au premier rang, au centre, Thorez.
Joseph Ramier, deuxième rang à droite. Son frère Barthélémy à gauche. Au premier rang, au centre, Thorez.

Fils d’un ouvrier jardinier et frère de Barthélémy Ramier, tourneur, Joseph Ramier était célibataire, secrétaire du syndicat CGT des ouvriers sur métaux de Saint-Étienne entre 1936 et 1939, et membre de la commission exécutive de l’Union départementale CGT de la Loire. Des poursuites furent engagées contre lui en 1937 à la suite des incidents qui accompagnèrent la grève des usines Mimard dont les employés de bureau revendiquaient l’application de la convention collective de la Métallurgie,plus avantageuse que celle des employés du commerce de détail stéphanois à laquelle leur patron, Étienne Mimard, voulait les assujettir. A la suite de l’occupation de l’usine, Joseph Ramier fut inculpé, avec Basson* et Marius Patinaud, de violation de domicile et d’atteinte à la liberté du travail. Il fit partie de la délégation envoyée à paris demander l’arbitrage du président du Conseil. En juillet 1938, il prenait la défense de la conquête sociale des 40 heures contre les attaques du patronat et du gouvernement Daladier, arguant qu’à Saint-Étienne, on avait supprimé des postes dans des usines de guerre. Délégué au congrès confédéral de Nantes en novembre 1938, il cumulait alors les fonctions de secrétaire du syndicat des Métaux de Saint-Étienne et de trésorier de l’Union des Métaux de la Loire. Au congrès, il défendit la position de la majorité de la CGT sur les accords de Munich.

Il fut mobilisé le 8 octobre 1939, incorporé au 92° RI à Clermont-Ferrand, et envoyé en Corse. Suite à sa démobilisation il rentra chez lui le 15 août 1940, puis s’est caché chez ses parents à Saint-Étienne jusqu’au 8 août 1941 pour se soustraire aux recherches de la police et à une éventuelle mesure d’internement. Il renoua avec le Parti en octobre 1940, en particulier Auguste Fouillouse et le responsable régional l’envoya sur Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme). Il y logea sous le nom de Joseph Baunier et disparut le 16 septembre 1941. Depuis octobre 1940, il fut effectivement recherché par la police. C’est à l’issue d’un procès d’autres militants communistes, en particulier de Frédéric Sauvignet, jugés le 27 novembre 1941 par la Section spéciale du Tribunal militaire de Clermont qu’il fut plus particulièrement recherché ainsi que Louis Cuoq. Sur Sauvignet, on avait trouvé une Bio rédigée par Ramier où il donnait de nombreuses informations sur son parcours depuis 1940.
Il fut arrêté le 5 janvier 1942 à Saint-Étienne. Lors de l’instruction, il avoua avoir été en contact à Clermont-Ferrand avec Jean Favre et Robert Noël, deux militants communistes. Jean Favre et lui se côtoyaient déjà à Saint-Étienne avant-guerre et depuis son arrivé à Clermont, Favre avait partagé sa chambre avec Ramier.
Il fut condamné à 10 ans de travaux forcés et dix ans d’interdiction de séjour par la Section spéciale du Tribunal militaire permanent de la 13éme Division Militaire à Clermont-Ferrand à l’issue de l’audience du 5 février 1942. On ignore l’ensemble des lieux où il fut incarcéré, probablement une partie le fut à Clermont-Ferrand. On sait qu’il fut incarcéré en juin 1943 à la prison cellulaire de Mende. Puis il fut envoyé à la Centrale de Eysses le 15 octobre 1943.
Là, il participa à l’insurrection armée de février 1944 au sein de la centrale. Livré aux Allemands, il est déporté à Dachau (Allemagne). Il y mourut le 26 février 1945.
Son frère Barthélémy avait été exécuté sommairement le 12 juillet 1944 à Servas (Gard) par les Waffen SS de la 8e compagnie de la division Brandenburg.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article128046, notice RAMIER Joseph, Marie par Eric Panthou, version mise en ligne le 30 novembre 2010, dernière modification le 7 août 2022.

Par Eric Panthou

Joseph Ramier, deuxième rang à droite. Son frère Barthélémy à gauche. Au premier rang, au centre, Thorez.
Joseph Ramier, deuxième rang à droite. Son frère Barthélémy à gauche. Au premier rang, au centre, Thorez.

SOURCES : AVCC, Caen, AC 21 P 529187, dossier mort en déportation (nc). — Arch. Dép. Loire, 37 J 98. – Notes de Maurice Moissonnier sur le journal de grève de Henri Coron, membre de la direction de la Manufacture Française d’Armes et Cycles (3 août – 12 novembre 1937). — Acte d’accusation contre Joseph Ramier et Louis Cuoq dressé par la Section spéciale du Tribunal militaire permanent de la 13éme Division Militaire à Clermont-Ferrand, 22 janvier 1942, archives Roger Champrobert, Clermont-Ferrand. — Le Cri du Peuple, 26 août 1937. — La Tribune républicaine, 12-13 juin, 26 juillet 1936, 7 octobre 1937, 15 mars, 13 et 19 septembre, 27 novembre et 3 décembre 1938. — 1909-1959, 50 années d’action des travailleurs de la Loire, UD-CGT de la Loire [Iconographie]. – Amicale des Anciens Détenus Patriotes de la Centrale d’Eysses, Le Bataillon d’Eysses, Imp. J. London, 1962, 270 pages. – Joseph Sanguedolce, Parti pris pour la vie. L’aventure des hommes, préface de Louis Viannet, VO Éditions, « Horizon syndical »,1993, 279 pages. — RGASPI, pas de dossier biographique dans les archives du Komintern. – Informations issues d’un questionnaire biographique rempli par Ramier courant 1941 et saisi par la police. in : AD63 1296W100 : Rapport du commissaire de Police Judiciaire Pigeon à Monsieur le Commissaire divisionnaire Chef de la 2éme Section à l’Inspection Générale des Services de Police Judiciaire, le 13 octobre 1941.— http://museedelaresistanceenligne.org/mediaseysses/Resistants_Eysses.pdf.– Jean-Guy Modin, Le Bataillon d’Eysses : d’après les témoignages et documents des anciens détenus patriotes d’Eysses (F.F.I. 1943-1945), 1962, p. 259.– Pierre Maury, La Résistance communiste en France, Paris, Le Temps des Cerises, 2006, p. 336.

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