RANAIVO Jules

Par S. Randrianja

Né le 22 novembre 1883 à Madagascar ; mort en mars 1967. Militant anticolonialiste, puis communiste, nationaliste. Membre du Secours rouge international.

C’est en août 1903 que Jules Ranaivo entra comme greffier comptable dans l’administration. En juillet 1910, il fut promu inspecteur de police. Ses relations amicales avec Jean Ralaimongo dataient de 1908 et il compta parmi les proches amis de celui qui symbolisa le mouvement d’émancipation malgache contre la colonisation. En 1910, il poussa Ralaimongo à aller continuer ses études en France.

En 1912, Jules Ranaivo fut affecté à Diego-Suarez mais il refusa cette affectation et démissionna de l’administration. Il fut cependant réintégré le 9 avril 1915 comme inspecteur de police de 1re classe. En 1921, il persuada Ralaimongo de refuser les 50 000 francs que lui offrait l’administration en échange de son silence, de l’abandon de ses activités et de ses idées anticolonialistes. Le 21 octobre 1922, Ralaimongo et ses amis obtinrent la naturalisation mais Ralaimongo ne fut pas admis dans le cadre des inspecteurs européens. Il démissionna alors une nouvelle fois et se fixa alors à Antsirabe où il exploita un cabinet d’affaires.

Bien avant qu’il ait milité, il était signalé comme anticlérical notoire. Avant son entrée dans le militantisme, il fut trésorier de l’association "les Amis laïques" à laquelle appartenait aussi maître Stéphany. Dès la parution de l’Opinion en 1927, il apporta à ce journal sa collaboration, y signa des articles violents contre le colonialisme qui lui valurent des amendes et des peines de prison. En 1928, il était à Madagascar le dépositaire du journal anticolonialiste la Dépêche africaine.

Après la première manifestation de rue que connut Madagascar (19 mai 1929), il fut jugé avec Dussac*, Planque, Vittori, Razafy. Acquitté, il compta désormais parmi les dirigeants du mouvement malgache. Ses articles qui paraissaient dans les journaux du mouvement étaient reproduits par des organisations anticolonialistes en métropole ; ce fut ainsi que le Cri des nègres (n° 6-7, janvier-février 1932), organe de l’Union des travailleurs nègres, accueillit dans ses colonnes l’article de Ranaivo, intitulé : "Ce qui s’appelle la justice indigène à Madagascar." En 1931, il aida aussi Dussac à mettre sur pied l’Union des coopérateurs malgaches. Il fut aussi l’un des premiers membres du Parti communiste à Madagascar et, à ce titre, il mena une active campagne en faveur du Front populaire.

Vers 1938, après que le Parti communiste français eût désavoué le Parti communiste malgache, il anima le journal Ny Rarny. Un de ses articles, anticlérical, lui valut une inculpation à la suite d’une plainte que les jésuites avaient déposée. Défendu par maître Stéphany, il fut acquitté.

En 1940, Cayla, gouverneur général rallié à Vichy le fit interner administrativement pour avoir tenté de reconstituer le Parti communiste de Madagascar. Il passa deux ans en prison et fut déchu de la citoyenneté française. Ranaivo tenta toujours d’entraîner le mouvement malgache à gauche. Il fut aussi le premier auteur malgache qui ait essayé de faire une analyse de la société malgache durant la colonisation en se plaçant au point de vue des classes sociales. L’indépendance acquise, Jules Ranaivo lutta contre le néo-colonialisme et, membre du Parti du congrès (AKFM), ne cessa de dénoncer le régime issu de la colonisation, ce qui lui valut une condamnation en avril 1961.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article128072, notice RANAIVO Jules par S. Randrianja, version mise en ligne le 30 novembre 2010, dernière modification le 11 avril 2014.

Par S. Randrianja

SOURCES : Arch. Nat. d’Aix (SOM) 6(2)d 30,6 (2)d 101. — La Dépêche africaine, mai 1928. — Le Cri des nègres, janvier-février 1928. — L’Opinion. — Le Prolétariat malgache.L’Aurore malgache, 30 octobre 1931. — Ny tari-dalana, publié par le Parti communiste de Madagascar en 1937 (en malgache), 20 p.

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