RATINAUD André

Par Michel Dreyfus

Gazier ; syndicaliste CGT d’Angoulême (Charente), militant de la Fédération « légale » de l’Éclairage, membre du CIOS de Charente, exclu de toute responsabilité syndicale en 1945.

Militant syndical du gaz d’Angoulême (Charente) et membre du bureau de l’Union des syndicats CGT de la Charente, André Ratinaud, délégué au XVe congrès de la Fédération CGT de l’Éclairage (Lyon, juin 1937), fut élu à son comité fédéral. Il aurait alors été proche des positions de la Révolution prolétarienne. Lors du comité fédéral du 5 novembre 1939 à l’issue duquel les ex-unitaires furent exclus de la direction de la Fédération, il tint à « féliciter Marcel Paul et Émile Pasquier pour leur travail » mais demanda leur exclusion pour des raisons politiques. Durant la Seconde Guerre, il soutint la Charte du travail et participa au Comité d’information ouvrière et sociale (CIOS) de son département, ce qui provoqua une discussion sur ce point lors du comité fédéral du 3 mai 1943. Cette instance recommanda alors « la prudence la plus extrême dans les rapports qui peuvent être provoqués, à la faveur de l’organisation nouvelle, par des Comités échappant au contrôle direct des syndiqués ».

Lorsque la Fédération « légale » décida, lors de sa conférence de décembre 1943, le retrait de tous les organismes de la Charte, André Ratinaud fut l’un des seuls à se prononcer contre cette orientation en dépit des demandes qui lui furent alors faites par Clément Delsol de démissionner : il poursuivit sa participation dans les organismes de la Charte. Durant cette conférence, il critiqua également la mise au point « timide et gênée » de Gabriel Borie et Clément Delsol* à un appel de la « fédération illégale gaullo-communiste » et déplora « le manque de vigueur de la réponse » faite par les dirigeants de la Fédération, tant au sujet de l’éviction des communistes dirigeants fédéraux depuis 1939 que vis-à-vis de leurs appel au sabotage et à la violence. Affirmant que toute discussion sur les questions politiques était alors impossible, ni Gabriel Borie* ni Clément Delsol* ne prirent le risque de répondre à Ratinaud sur le fond. Arguant de la nécessité de conserver au débat son « caractère strictement syndical », ils refusèrent d’engager la moindre polémique et de discuter les problèmes soulevés par Ratinaud lors de la Conférence. Il s’agissait à l’évidence d’une manœuvre destinée à gagner du temps afin d’éviter que les questions politiques de fond concernant la Fédération ne fussent discutées en public.

À la Libération, André Ratinaud fut exclu à vie de toute organisation syndicale pour son appartenance au CIOS.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article128148, notice RATINAUD André par Michel Dreyfus, version mise en ligne le 30 novembre 2010, dernière modification le 17 juillet 2013.

Par Michel Dreyfus

SOURCES : René Gaudy, Les porteurs d’énergie, Paris, Temps actuels, 1982. — Michel Dreyfus, « Les luttes sociales des électriciens-gaziers, des origines à la Seconde Guerre mondiale », in Histoire de l’électricité en France, tome 2, 1919-1946, sous la dir. de M. Lévy-Leboyer et H. Morsel, Paris, Fayard, 1995, 1 438 p. — B. Weiss, La Fédération légale de l’Éclairage CGT (1936-1944), mémoire de maîtrise, Paris VII, 1995.

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