RAYNAUD Henri [RAYNAUD Julien, Jean, Isidore dit Henri]

Né le 25 novembre 1890 à Toulouse (Haute-Garonne), mort le 1er octobre 1970 à Savigny-sur-Orge (Essonne). Commis des PTT ; secrétaire du syndicat unitaire des agents des PTT (1922), secrétaire de la Fédération postale et de l’Union des syndicats unitaires de la Seine. Membre de la commission exécutive de la CGTU (1925-1935). Membre du comité central du Parti communiste (1926-1939, 1945-1959).

Henri Raynaud
Henri Raynaud

Fils de Jean Raynaud, militant syndicaliste ouvrier typographe à la Dépêche de Toulouse (prote), et de Julie Scholastique, sage-femme, Henri Raynaud était le frère de Jules Raynaud.
Il suivit une scolarité secondaire jusqu’au Baccalauréat sciences-lettres-mathématiques élémentaires. Nommé surnuméraire des PTT le 11 août 1910, il vint à Paris en 1911 et habita alors Boulogne-sur-Seine. Il était entré aux PTT avec l’intention de passer les examens de l’École supérieure lui « ouvrant la voie des postes de direction ». Révoqué quelques semaines avant le concours pour son activité syndicale, il ne put s’y présenter.

Durant la Première Guerre mondiale, mobilisé le 6 décembre 1915, soldat au 8e génie, il fut rapidement rendu à l’administration des PTT. Militant de base en 1917 de l’association des agents des PTT qui, transformée en syndicat, venait d’adhérer à la CGT, il en devint l’un des dirigeants. Démobilisé le 14 juillet 1919, il adhéra au Parti socialiste, puis, après la scission de Tours (décembre 1920), au Parti communiste. Membre du conseil d’administration du syndicat des agents des PTT en 1920, il appartenait aux Comités syndicalistes révolutionnaires et défendit l’adhésion à la CGTU. En avril 1922, il fut élu secrétaire du syndicat unique des agents des PTT. À la scission, il devint l’un des responsables de la Fédération postale unitaire dont il assura la direction par intérim en août-septembre 1922. Révoqué pour fait de grève en août 1922, il devait être réintégré que le 1er octobre 1936. Il fut tout d’abord élu, en 1923, secrétaire adjoint de la Fédération postale unitaire, puis, en mars 1923, il devint secrétaire général de l’Union des syndicats unitaires de la région parisienne (l’UD de la Seine comptait alors environ 80 000 adhérents). Il était par ailleurs délégué de la CGTU auprès du Comité d’action contre l’impérialisme et la guerre.

Adhérent à la 12e section de la Fédération communiste de la Seine, délégué au 1er congrès de la CGTU (Saint-Étienne, 1922), il fut élu secrétaire de l’Union des syndicats de la Seine en remplacement de Édouard Dudilieux. Délégué au IIe congrès de la CGTU (Bourges, 1923), il fut élu à la commission exécutive en 1925 lors du IIIe congrès (Paris, 26-31 août) et en resta membre jusqu’à la réunification syndicale. Devenu secrétaire de l’Union des syndicats unitaires de la Région parisienne début 1925, responsable de la 20e Union régionale de la CGTU (Seine, Seine-et-Marne, Seine-et-Oise, Oise et Loiret), il était depuis 1925 administrateur-délégué et trésorier de la société « La Maison des syndicats » (33, rue Grange-aux-Belles), fonction qu’il occupa au moins jusqu’en 1929.

Lors du IIIe congrès du Parti communiste (Lyon, janvier 1924), Henri Raynaud entra au conseil d’administration de l’Humanité. Au IVe congrès de (Clichy, janvier 1925), il accéda au comité central comme suppléant. Membre du comité fédéral de la Région parisienne du Parti communiste, il prenait fréquemment la parole dans les réunions. Le 8 août 1925, il fut inculpé de provocation de militaires à la désobéissance dans le cadre d’une instruction lancée contre le Comité d’action contre la guerre du Maroc. Il fut condamné par défaut, le 12 octobre 1925, à six mois de prison et 2 000 F d’amende par la 11e chambre correctionnelle de Paris. Lors du Ve congrès du Parti communiste (Lille, juin 1926), il fut élu titulaire du comité central et appartenait à la commission centrale syndicale. Il suivait l’activité des comités d’unité prolétarienne, « réalisation du Front unique à la base ». Il entra au conseil d’administration de la Banque ouvrière et paysanne. En 1927, il était membre de la commission exécutive du 3e rayon de la Fédération de la Région parisienne du Parti communiste. Arrêté le 5 juillet, il fut incarcéré à la prison de la Santé d’où il fut libéré le 20 novembre.

En janvier 1928, il fut reconduit à la tête de la XXe Union régionale unitaire et assista, du 15 mars au 3 avril, au IVe congrès de l’Internationale syndicale rouge à Moscou. La même année, il devint délégué à la propagande de la CGTU. En janvier 1929, il fut désigné comme 5e secrétaire confédéral, spécialement chargé des Assurances sociales. À ce titre, il organisa la campagne contre les Assurances sociales. Le 21 juillet, Henri Raynaud fut à nouveau arrêté au cours de la réunion de Villeneuve-Saint-Georges destinée à préparer la journée contre la guerre du 1er août. Inculpé d’attentat à la sûreté de l’État, il retrouva la Santé et ne fut libéré, à titre provisoire que le 9 mai 1930. Néanmoins, il fut élu en septembre membre du secrétariat élargi de la CGTU, vice-président de la Fédération sportive du travail à l’issue du congrès tenu à Ivry-sur-Seine, membre du comité régional de la Région parisienne du PC.

Henri Raynaud changea de domaine d’action au sein de la direction du Parti communiste en 1931. Il fut chargé de contrôler le travail de la commission de la main-d’œuvre coloniale puis, en novembre, fut appelé à Moscou par l’Internationale syndicale rouge. Reconduit à la tête de la XXe Union régionale unitaire en avril 1932, il assurait les fonctions de secrétaire du Comité régional parisien de lutte contre la guerre impérialiste. En décembre 1932, il fut chargé du travail syndical de la région Paris-est. Membre de la commission exécutive de la CGTU en 1933, il devint la même année membre du Comité national de lutte contre la guerre et la fascisme.

En janvier 1936, lors de la réunification, il fut élu secrétaire de la nouvelle Union des syndicats de la Région parisienne. Au VIIIe congrès du Parti communiste (Villeurbanne, 22-25 janvier), il fut élu membre suppléant du comité central et, au congrès d’unification syndicale (Toulouse, mars 1936), Henri Raynaud devint membre de la commission administrative de la CGT, fonction qu’il conserva en 1938. L’année suivante, en 1937, il accéda à la responsabilité de secrétaire général de l’Union des syndicats de la Région parisienne, fonction qu’il conserva jusqu’à la guerre (voir Gaston Guiraud*). Il appartenait au secrétariat du Comité français du Rassemblement universel pour la paix.

Le 25 septembre 1939 lors de la réunion de la commission administrative de la CGT, Henri Raynaud, qui avait refusé de désavouer le Pacte germano-soviétique, fut privé de ses responsabilités de la CGT. Arrêté le 18 octobre, inculpé de reconstitution de ligue dissoute, il fut emprisonné à nouveau à la Santé. Le 27 janvier 1940, il devint interné administratif et connut par la suite le camps d’Aincourt (Seine-et-Oise), la prison de Fontevrault (Maine-et-Loire), celle de Clairvaux (Aube) enfin le camp de Châteaubriant (Loire-Inférieure) d’où il s’évada le 19 juin 1941 avec Léon Mauvais*, E. Hénaff, et Fernand Grenier*. Dans la clandestinité, il devint responsable national des activités syndicales du Parti communiste et, à ce titre, fut l’un des signataires de l’accord du Perreux (avril 1943) qui décidait de la reconstitution de la CGT. Membre du bureau clandestin de la CGT et du comité directeur du Front national de l’Ile-de-France, il était en 1943-1944 responsable de l’Union CGT de la région parisienne reconstituée et membre du bureau de la CGT. Il était également membre du comité directeur du Front national.

En septembre 1944, il devint secrétaire général de l’Union de la région parisienne. Lors du congrès de mars 1945 de la CGT, il fut élu secrétaire. En raison de ses fonctions, il participa aux congrès de la Fédération syndicale mondiale, à celui de Moscou, en avril 1949, puis à celui de Milan, en juillet 1950 au cours duquel il fut élu membre du bureau.

Henri Raynaud, qui avait collaboré avec Ambroise Croizat à la mise en place de la Sécurité sociale, fut également vice-président de la Fédération nationale des organismes de Sécurité sociale (1961-1964) et membre de la commission supérieure des conventions collectives. Élu titulaire du comité central du Parti communiste lors du congrès de juillet 1956, il n’y fut pas réélu en 1959. Collaborateur de l’Humanité, de la Vie ouvrière, de la Défense, il dirigea à partir de 1947 la revue mensuelle du conseil juridique de la CGT, le Droit ouvrier. Il était par ailleurs président du conseil d’administration de la société « La Maison des syndicats » et vice-président de l’Amicale des ex-internés politiques de Châteaubriant-Voves ainsi que vice-président du Secours populaire français. Henri Raynaud fut membre du Conseil national économique de 1936 à 1940, du Conseil économique de 1947 à 1951 et du Conseil économique et social de 1964 à 1967 où il démissionna. Il démissionna en 1964 de ses fonctions de secrétaire de la CGT pour raisons de santé.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article128275, notice RAYNAUD Henri [RAYNAUD Julien, Jean, Isidore dit Henri], version mise en ligne le 30 novembre 2010, dernière modification le 25 janvier 2022.
Henri Raynaud
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SOURCES : Arch. Nat. F7/13015, 13016, 13017, 13090, 13584, 13586, 13972, 13973. — Arch. PPo BA/300 et 300. — L’Humanité, 28 janvier 1926, 11 décembre 1962, 2 et 5 octobre 1970 (« H. Raynaud raconté par lui-même »). — Le Peuple, 1er-15 novembre 1970 (discours de H. Krasucki). — G. Frischmann, Histoire de la fédération CGT des PTT. , Ed. sociales, 1967, op. cit. — S. Courtois, Le PCF dans la guerre, op. cit.La Vie ouvrière, 7 octobre (nécrologie) et 14 octobre 1970. — Corbeil-Express, 8 octobre 1970. — État civil en ligne cote 1E539, vue 97.

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