RÉAUD Louis Ludovic (ou RÉAULT Louis ?)

Par Antoine Olivesi

Né le 23 octobre 1883 à Tonneins (Lot-et-Garonne), mort le 12 septembre 1951 à Paris (XIVe arr) ; marin ; secrétaire général du Syndicat des inscrits maritimes de Marseille (1912-1919) ; membre du Comité Ouvrier de Secours immédiat (C.O.S.I) de Bayonne (1942-1944).

Louis Réaud naquit le 23 octobre 1883 à Tonneins (Lot-et-Garonne), fils de Firmin Réau, menuisier, et de Griselle née Francoulon.
Il devint marin à Marseille (Bouches-du-Rhône) au début du siècle et secrétaire du syndicat des marins de commerce dans cette ville en 1909. Il militait à la fois à la CGT et à la SFIO, où, semble-t-il, il appartenait à la tendance hervéiste. Des rapports de police le signalent aux côtés des socialistes Gouin, Hesse et Jardin dans un meeting contre la guerre en avril 1910 puis lors d’une réunion de la 9e section SFIO, en octobre 1910. S’il critiqua l’électoralisme de la SFIO à Marseille dans L’Ouvrier syndiqué en janvier 1913, il soutint néanmoins le républicain socialiste Bergeon au 2e tour des élections législatives de 1914 dans la 1re circonscription, celle du port.
Secrétaire de « l’important syndicat des Marins du commerce de Marseille », Louis Réaud avait fait désigner Pierre Monatte* comme son délégué au congrès d’Amiens en octobre 1906 — cf. Pierre Monatte, Trois scissions syndicales, Paris, 1958, p. 116.
Son activité la plus grande s’exerça au niveau syndical. Il assista comme délégué au XVIIe Congrès national corporatif — 11e de la CGT — et à la 4e Conférence des Bourses du Travail tenus à Toulouse du 3 au 10 octobre 1910. Il y représentait divers syndicats des Bouches-du-Rhône. Il intervint à propos de la grève des inscrits maritimes de Marseille — cf. compte rendu, p. 69-70 — et de la Maison des Fédérations au sujet de laquelle il déclara : « Les réformistes ont exploité la question de la Maison des Fédérations à un tel point qu’il ne nous est plus permis de nous solidariser avec les camarades réformistes, même sur l’examen de la question des chiffres de la Maison des Fédérations. » — cf. p. 123.
Il avait participé à la grande grève des marins au printemps précédent et avait été inculpé d’atteinte à la liberté du travail. Le ler Mai 1911, il fut blessé par la police.
Second de Ange Rivelli*, Louis Réaud le remplaça à Marseille lorsque ce dernier occupa des fonctions nationales au syndicat des inscrits maritimes et il fut délégué en février 1912 au congrès de Saint-Malo. Il le fut aussi au congrès de la CGT au Havre en septembre 1912 et fut chargé d’organiser le congrès constitutif de l’UD des Bouches-du-Rhône en mai 1913. Il présida la première séance de l’UD. Il était également, en 1914, secrétaire à la rédaction de L’Ouvrier syndiqué et membre de la commission du conseil juridique. Au IIe congrès de l’UD à Arles (fin mai 1914), il présenta le rapport sur l’immigration de la main-d’œuvre étrangère et réfuta les critiques adressées par Rousseau à la direction syndicale.
En bons termes avec les milieux anarchisants, Louis Réaud fut membre du CDS puis du Groupe d’études sociales entre 1910 et 1914, défendit le Théâtre social et participa à la journée contre la guerre ainsi qu’à la campagne contre les trois ans. Cependant le 30 novembre 1912, à la Bourse du Travail, il se prononça pour la réponse à l’appel en cas de mobilisation estimant « préférable de se faire tuer à l’ennemi plutôt que par ses compatriotes ». En 1913-1914, il lutta pour le renforcement de l’action syndicale, se déclarant en accord avec Victor Griffuelhes* et pour l’amélioration des salaires et des retraites des marins. Il réclamait la parité de ces dernières avec celles des mineurs. Il défendit aussi, dans L’Ouvrier syndiqué, le droit des ouvriers à la culture à propos d’un projet de monument aux morts en mer qui fut érigé après la guerre par le sculpteur qu’il avait proposé, André Verdilhan*.
Pendant la Première Guerre mondiale, Louis Réaud fut membre de la commission administrative de l’UD-CGT des Bouches-du-Rhône, et fut désigné, en 1916, pour trois ans, par la Bourse du Travail de Marseille pour représenter les ouvriers à l’Office départemental de placement gratuit créé par le préfet. Partisan de l’Union sacrée, il vota en 1918 un ordre du jour favorable au gouvernement Clemenceau. Il était alors secrétaire administratif de la Ligue navale et s’occupait aussi du restaurant coopératif des marins.
En 1919, il était toujours secrétaire général de l’Union syndicale des marins de commerce. Mais Louis Réaud démissionna en juillet au profit de Simon Mattei*, pour devenir trésorier de la Fédération des Inscrits maritimes aux côtés d’Ange Rivelli qu’il remplaça provisoirement fin 1920 et durant l’été 1921, ce dernier étant malade. Du 9 au 12 août 1920, il avait participé à Bruxelles à la Conférence internationale des marins.
Le 30 octobre 1920 à Pont de Vaux (Ain), Louis Ludovic Réaud, alors secrétaire de la Ligue Navale Française demeurant à Paris 6e, 10 rue Mayet, épousa Sophie Adélaïde Guillemaud née le 19 septembre 1892 à Pont-de-Vaux.
Sous l’Occupation, Louis Ludovic Réaud a contribué à la création du COSI de Bayonne (Basses-Pyrénées, Pyrénées-Atlantiques), une officine collaborationniste. Il figura avec Marcel Bidegaray dans la liste des personnalités conviées aux obsèques des victimes du bombardement de Biarritz du 27 mars 1944, les deux en qualité d’inspecteurs du COSI (Source : AD 64 E dépôt Biarritz 4 H Article 34).
Il mourut le 12 septembre 1951 à Paris (XIVe arr.).

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article128303, notice RÉAUD Louis Ludovic (ou RÉAULT Louis ?) par Antoine Olivesi, version mise en ligne le 30 novembre 2010, dernière modification le 3 décembre 2021.

Par Antoine Olivesi

SOURCES : Arch. Dép. Bouches-du-Rhône, II M2/50, M6/3412, 3357, 3604, 3851, 3852, 3860, 10810 ; XIV M 23/1, 24/60, 25/45. — Le Petit Provençal, 1910-1918. — L’Ouvrier syndiqué, 1909-1914. — La Provence, 17 février 1912 (photo). — René Bianco, Le Mouvement anarchiste à Marseille, op. cit. — P. Barrau, Le Mouvement ouvrier à Marseille, op. cit. — T. Simon, L’antimilitarisme à Marseille, op. cit. — J. Bonnabel, Le Mouvement ouvrier à Marseille, op. cit.. — Notice complétée le 3 décembre 2021 par Dominique Tantin (informations transmises par M. Philippe Durut, historien des Pyrénées Atlantiques).

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