RÉBILLON Armand

Armand Rébillon fut élève à Fougères où ses parents se fixèrent aussitôt après sa naissance, son père ayant été nommé commis greffier au tribunal après avoir été instituteur adjoint à Saint-Georges-de-Reintembault. Il y fréquenta l’école primaire puis fit ses études secondaires comme boursier au lycée de Rennes et ses études supérieures à la faculté des lettres de la même ville. Il fut reçu agrégé d’histoire en 1903, après une dernière année d’études à la Sorbonne.

Sorti d’une modeste famille de petits fermiers et d’artisans de village dans une commune où la tradition républicaine remontait à la Révolution et où les souvenirs des luttes contre les chouans étaient encore vivaces à la fin du siècle dernier, Armand Rébillon vécut dans son enfance et sa jeunesse parmi des milieux populaires ruraux à Saint-Georges, ouvriers à Fougères, où il conserva d’amicales relations et dont les sentiments et les idées lui furent ainsi familiers.

Dès la Faculté, Armand Rébillon fit partie d’un groupe d’étudiants animé par Francis Delaisi* (voir François Delaisi*, par l’intermédiaire duquel des relations s’établirent entre les militants socialistes et les professeurs de l’Université engagés dans l’Affaire Dreyfus, tels que Victor Basch*, Henri Sée* et Jacques Cavalier*, ce qui marqua le début du rôle important que Basch allait jouer comme champion de l’action socialiste à Rennes jusqu’à sa nomination à la Sorbonne en 1906. Sur son initiative fut fondée une Université populaire installée à la Bourse du Travail, dont Armand Rébillon fut secrétaire. Celui-ci adhéra au groupe socialiste local en 1900. Après deux années de professorat à Chartres et à Brest, il fut nommé sur sa demande professeur d’histoire au lycée de Rennes en 1905, d’où, en 1920, il passa à la faculté des lettres. Il y enseigna comme maître de conférences, puis comme professeur titulaire jusqu’à sa retraite en 1947.

Dès son retour à Rennes, il avait rejoint la section locale de la SFIO et repris ses relations avec ses anciens amis des syndicats ouvriers et du Parti socialiste. Il ne devait jamais interrompre son activité dans le mouvement ouvrier et socialiste du département. Il fut délégué pour l’Ille-et-Vilaine aux Ve et VIIe congrès du Parti socialiste SFIO tenus respectivement à Toulouse, 15-18 octobre 1908 et à Paris les 15-16 juillet 1910. Armand Rébillon siégea à partir de 1920 dans la fraction socialiste du conseil municipal d’union des gauches qui administra Rennes de 1908 à 1935. Il y siégea également quand le Parti socialiste fut de nouveau représenté dans le même conseil après la Libération, jusqu’à son départ de Rennes en 1950. Il collabora régulièrement à la rédaction de l’hebdomadaire socialiste du département, L’Aurore d’Ille-et-Vilaine, créé après la Première Guerre mondiale. Après la disparition en 1906 de l’Université populaire, Armand Rébillon continua à donner des causeries à la Bourse du Travail et il prit toujours part aux campagnes électorales du Parti socialiste dans le département.

Son activité s’exerça en outre dans deux autres domaines : celui de la défense laïque, d’abord au cercle départemental d’enseignement laïque qui avait pour objet d’aider les instituteurs à organiser des œuvres postscolaires et de soutien de leurs écoles, puis, après la Première Guerre mondiale, à la Fédération départementale des Œuvres laïques dont il fut président de 1946 à 1950. D’autre part, Armand Rébillon dirigea l’activité de la Ligue des droits de l’Homme dans le département après le départ de Victor Basch* et de Jacques Cavalier et la retraite d’Henri Sée. Il fut secrétaire de la section de Rennes de 1908 à 1928 et ensuite son président, puis président de la fédération départementale jusqu’à son départ de Rennes. Il se retira à Nice.