RÉGNIER Marcel

Par Yves Le Maner

Né le 27 février 1892 à Cambrai (Nord), mort le 28 juillet 1975 à Arcachon (Gironde) ; professeur ; militant radical-socialiste puis socialiste du Nord ; adjoint au maire de Cambrai, conseiller général.

Marcel Régnier naquit dans une famille d’imprimeurs de Cambrai qui éditait un journal local de tendance radicale modérée, L’Indépendant. Après avoir suivi les cours du collège de garçons de Cambrai, il poursuivit ses études à la faculté de droit de Lille où il obtint sa licence. Mobilisé en août 1914, il fut grièvement blessé au front près de Guise (Aisne) et fait prisonnier. En août 1915, il fut rapatrié en France. Nommé répétiteur-stagiaire à Confolens (Charente) en octobre 1915, puis professeur au collège de Barbezieux (Charente), Marcel Régnier avait entrepris des études de lettres à la faculté de Poitiers qui devaient lui donner une seconde licence. Après un séjour comme lecteur à Édimbourg (Écosse) qu’il mit à profit pour obtenir un diplôme à Oxford, il fut affecté professeur de lettres au collège de Cambrai où il devint secrétaire du syndicat des professeurs de collège.

Suivant la tradition familiale, Marcel Régnier avait adhéré très tôt au Parti radical-socialiste et appartint longtemps à son aile la plus modérée, ce qui lui permit d’être élu conseiller municipal de Cambrai en 1925 sur la liste d’Union républicaine démocratique et sociale. Réélu en 1929, il devint adjoint au maire, Gustave Deltour. Mais, au début des années trente, il évolua progressivement et s’intégra à l’aile gauche du Parti radical. Le recul des radicaux lors du 6 février 1934, entraîna son adhésion au Parti socialiste SFIO dont il devint rapidement l’un des principaux leaders dans le Cambrésis. Battu sous sa nouvelle étiquette aux municipales de 1935, il enleva par contre la même année le siège de conseiller d’arrondissement pour le canton de Cambrai-ouest, grâce à l’appoint des voix communistes. En juin 1936, il fut élu conseiller général du même canton à l’occasion d’une élection complémentaire et abandonnait alors son mandat de conseiller d’arrondissement. Il fut facilement réélu au conseil général en 1937. Sa candidature aux législatives de 1936, qui avait été proposée par le vote des sections de l’arrondissement, fut invalidée par la direction fédérale de la SFIO qui tenait à faire respecter la règle des deux ans d’adhésion nécessaires à une candidature sous la bannière socialiste et Régnier fut remplacé par Raymond Gernez* qui fut élu.

Pendant l’entre-deux-guerres, Marcel Régnier présida le comité de Cambrai de la Ligue des droits de l’Homme et dirigea à partir de 1934 le Comité de vigilance des intellectuels antifascistes et la section locale de la Ligue antifasciste. Après avoir écrit de nombreux articles dans la presse radicale du Nord, notamment dans le Républicain jacobin, il collabora régulièrement aux organes régionaux de la SFIO de 1935 à 1940. Marcel Régnier appartenait d’autre part à la loge maçonnique « Thémis » de Cambrai.

Nommé proviseur par intérim au lycée de Cambrai en 1939, il fut emporté par la grande vague de l’exode et se retrouva à Poitiers (Vienne) où il enseigna au lycée à partir d’octobre 1940. Nommé principal du collège de Péronne (Somme) en 1942 par le recteur Duez, il se vit retirer cette responsabilité par le gouvernement de Vichy et fut muté comme professeur au lycée de Saint-Quentin (Aisne), puis, en 1943, au lycée de Niort (Deux-Sèvres). Dans cette ville, il participa aux derniers mois de la Résistance aux côtés d’Émile Bêche, ancien député du département, puis les deux hommes reconstituèrent la Fédération socialiste des Deux-Sèvres dans la deuxième moitié de l’année 1944. Battu aux municipales de 1945, il s’établit à Bordeaux où il exerça jusqu’à sa retraite, en 1958, au lycée Montesquieu. Il continua d’y participer activement à la vie du Parti socialiste et fut notamment délégué aux congrès nationaux de Suresnes (1968) et de Bondy (1970). Il figura sur la liste socialiste qui fut battue par celle de Jacques Chaban-Delmas aux municipales de 1971.

Membre actif de l’Association européenne des enseignants (AEDE), Marcel Régnier fut l’un des fondateurs de la Maison de l’Europe de Bordeaux.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article128413, notice RÉGNIER Marcel par Yves Le Maner, version mise en ligne le 30 novembre 2010, dernière modification le 13 décembre 2021.

Par Yves Le Maner

SOURCES : Arch. Dép. Nord, M 89/239 A et M 154/279. — A. Duchatelle, MM, Lille III, 1973, op. cit.

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