RÉMY Tristan [DESPRÉ Rémy dit]

Par Claude Pennetier

Né le 24 janvier 1897 à Blérancourt (Aisne), mort le 23 novembre 1977 à Mériel (Val-d’Oise) ; écrivain, historien et journaliste.

Rémy Despré naquit dans une famille paysanne de l’Aisne. Sa mère travaillait comme boulangère. Il quitta la terre pour devenir charcutier à Blérancourt. Mais, n’ayant pas fait de bonnes affaires, il vint travailler à Paris en 1898. Il entra comme pointeur à la gare aux marchandises de La Chapelle, près de laquelle il élut domicile. Dans sa préface à La Commune à Montmartre, Tristan Rémy raconta ce qu’était le quartier La Chapelle de sa jeunesse.

Incorporé en 1916 au 153e de ligne en garnison à Béziers puis au 15e régiment d’Albi, il prit part à de nombreux combats Après un séjour à l’hôpital pour rétablir sa santé compromise, il fut démobilisé et réformé en 1919.

Tristan Rémy participa aussitôt à la campagne électorale socialiste pour les élections législatives de 1919 et reprit contact avec le milieu des peintres et des chansonniers de Montmartre. La Vache enragée de Maurice Hallé* publia ses premiers poèmes. Il fit, à cette occasion, la connaissance d’Henry Poulaille* qui devint le chef de file du mouvement dit de la littérature prolétarienne, mouvement auquel Tristan Rémy prit part.

Secrétaire de rédaction à l’Humanité, Tristan Rémy put publier dans ce journal ses premiers contes et son premier roman : Une histoire toute simple, celle d’un garçon épicier qui, embauché tout jeune, vécut toujours au service d’un patron paternaliste et mourut solitaire dans la chambre de bonne où il avait passé toute son existence. Jean-Richard Bloch* ayant été intéressé par une œuvre parue en feuilleton dans l’Humanité (sous le titre Milo de la zone), les Éditions Rieder publièrent en 1928 le premier roman de Tristan Rémy intitulé Porte de Clignancourt. Panaït Istrati* l’encouragea à poursuivre.

Les romans de Tristan Rémy s’échelonnèrent jusqu’à la Seconde Guerre mondiale. A l’Ancien tonnelier (1931) conte les aventures de plusieurs « en-dehors » surveillés par les défenseurs de l’ordre. Il publia Douze poètes qu’il choisit parmi les révolutionnaires et les contestataires de son temps. Puis Prolétariat, un recueil de poèmes sur les gens de la rue ; Sainte-Marie-des-Flots, un roman de batellerie où l’on retrouve des héros de l’Ancien tonnelier ; Tildy, l’histoire d’amour d’un menuisier (1932) ; La Maréchalerie du 19 (1934) que Poulaille qualifia de roman de la chevalerie ouvrière ; Faubourg Saint-Antoine (1936), roman des ouvriers du meuble pour lequel il obtint le prix du Roman populiste ; La Grande lutte, chronique de l’occupation d’une usine métallurgique pendant les grandes grèves de 1936. Enfin Marguil (1938), un roman que publia Regards.

Tristan Rémy collabora également à L’Almanach ouvrier et paysan, aux Humbles, à Germinal, à L’Intransigeant, à Vendredi, au Journal des Poètes, à Rythme et Synthèse, à Lœuvre , à Lumière, à Marianne, à Monde d’Henri Barbusse*, à Nouvel âge d’Henri Poulaille, aux Nouvelles littéraires. Il publia dans Le Peuple (journal de la CGT) une chronique mensuelle (1932-1937) sur la vie des faubourgs et rappela l’histoire sociale et revendicatrice des organisations ouvrières (1933-1935). Dans Ce soir, il se consacra à la description de personnages originaux des rues de Paris.

Henry Poulaille* s’intéressant à la chanson populaire, Tristan Rémy choisit pour spécialité un terrain voisin, les spectacles populaires. Il publia des reportages sur les cirques et sur les foires dans Les lectures du soir et devint le chroniqueur des cirques et des music-halls dans l’Humanité.

Après la Seconde Guerre mondiale, il publia Les Clowns, un panorama de la farce clownesque (1945), ouvrage qui devint un classique. L’Homme du canal (déjà publié en feuilleton dans le Peuple) parut en 1947. Puis ce fut Milly, feuilleton du Front national où l’on retrouve la figure du menuisier Kramt, déjà présente dans Tildy et dans Marguil. Abandonnant le roman, Tristan Rémy se consacra désormais aux spectacles populaires dans les Lettres françaises et par la publication de nombreux ouvrages sur le cirque. Il écrivit une biographie de Jean-Baptiste Clément* (Le Temps des cerises, 1968) puis La Commune à Montmartre (Éditions sociales, 1970).

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article128476, notice RÉMY Tristan [DESPRÉ Rémy dit] par Claude Pennetier, version mise en ligne le 30 novembre 2010, dernière modification le 30 novembre 2010.

Par Claude Pennetier

ŒUVRE : Les Clowns, 1945. — L’Homme du canal, 1947. — Jean-Baptiste Clément*, Le Temps des cerises, 1968. — La Commune à Montmartre ,Éditions sociales, 1970.

SOURCES : Le Monde, 29 novembre 1977. — Rens. communiqués par Tristan Rémy.

rebonds ?
Les rebonds proposent trois biographies choisies aléatoirement en fonction de similarités thématiques (dictionnaires), chronologiques (périodes), géographiques (département) et socioprofessionnelles.
Version imprimable