RENAULT Camille, François

Par Justinien Raymond

Né le 23 février 1873 à Paris ; dessinateur en ameublement ; conseiller municipal socialiste puis communiste de Paris (Xxe ar.) ; fondateur du Parti ouvrier et paysan.

Militant socialiste depuis son adhésion en 1890 à la Jeunesse internationaliste du POSR, membre du groupe du IIe arr. en 1893, Camille Renault fut élu conseiller municipal du XIe arr. (quartier de la Roquette) en décembre 1919, en remplacement de Henri Ranvier* décédé, par 5 574 voix sur 19 804 inscrits. La scission socialiste étant intervenue au congrès de Tours (25-30 décembre 1920), il passa au Parti communiste et fut aisément réélu conseiller municipal en mai 1925 avec 4 521 et 5 137 voix sur 16 630 inscrits, alors que le candidat socialiste SFIO, Gaston, n’en recueillit que 1 874 et 3 255. Camille Renault fut encore plus confortablement réélu les 5 et 12 mai 1929 par 4 951 et 6 564 suffrages sur 16 170 inscrits, laissant très loin derrière lui le candidat socialiste SFIO R. Fogel*, avec 516 voix.

Mais à la fin de cette année 1929, un conflit opposa la direction du PC engagée dans la voie de la rigidité doctrinale et tactique à six élus parisiens, dont Renault, qui jouissaient d’une audience électorale débordant très largement l’influence du parti. Avec Louis Sellier*, Jean Garchery*, Charles Joly*, Louis Castellaz* et Louis Gelis*, Camille Renault fut classé par la direction du PC parmi les « confusionnistes », les « paniquards », les « freineurs ». On les accusa de « trahison révolutionnaire ». Parmi ces six conseillers municipaux de Paris qui étaient aussi alors, en tant que tels, conseillers généraux de la Seine, quatre, dont Camille Renault, avaient été élus avant la scission de 1920. Dès le 6 novembre 1929, les « Six » comme on les appelait désormais, signèrent une protestation. Le 20 novembre, ils placardaient dans Paris une affiche « Les élus communistes de Paris au Prolétariat » dans laquelle ils affirmaient : « Derrière le triple écran de la Révolution russe, de l’Humanité et de la répression, une équipe de gamins, d’ambitieux et de résignés, manœuvrant des ouvriers sincères, pousse à l’abîme le parti qui devait porter historiquement l’espoir de libération révolutionnaire du prolétariat... »

Les « Six » constituèrent le bureau provisoire d’un Comité de regroupement prolétarien pour la constitution d’un Parti ouvrier paysan qui voulait s’insérer entre la SFIO glissant « sur les positions politiques de la bourgeoisie radicale » et « la secte anarcho-communiste ». Ils annonçaient la parution d’un hebdomadaire, Ça ira !, organe du POP qui sera un peu plus tard l’un des éléments constitutifs du Parti d’unité prolétarienne (PUP).

Mais l’organisation nouvelle ne pesait pas lourd face à l’appareil du PC quand survinrent les élections municipales des 5 et 12 mai 1935. La position de Camille Renault devint plus incertaine encore par le découpage de deux circonscriptions dans le quartier de la Roquette. Il se présenta, sous l’étiquette du PUP dans la deuxième, obtint 1 588 voix sur 8 711 inscrits, toujours devant le candidat socialiste Claude Just* (407) mais derrière le candidat du PC, Léon Frot*, qui rassembla 2 511 suffrages et qui, au second tour, par 3 632 contre 1 143 enleva le siège que Camille Renault détenait depuis 1919.

Ce dernier suivit-il le PUP qui, l’année suivante, fusionna avec la SFIO ? Toujours est-il que sa carrière politique était terminée.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article128558, notice RENAULT Camille, François par Justinien Raymond, version mise en ligne le 30 novembre 2010, dernière modification le 30 novembre 2010.

Par Justinien Raymond

SOURCES : L’Humanité, 24 novembre et 1er décembre 1919. — Le Temps, 7 et 14 mai 1925 ; 7 et 14 mai 1935. — L’Humanité, 5 novembre 1929. — Le Réquisitoire des Six, Paris, Imprimerie centrale de la Bourse, 1929. — Dossier de papiers ayant appartenu à Camille Renault (condamnations pour antimilitarism en 1929), détenu par Michel Dixmier.

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