RENAUX Léon [RENAUX Eugène, Léon, Achille]

Par Roger Martin

Né le 27 mai 1883 à Saint-Omer (Pas-de-Calais), mort le 24 juillet 1968 à Sceaux (Hauts-de-Seine) ; professeur ; militant socialiste, syndicaliste et coopérateur des Vosges.

Fils d’un commis principal à l’enregistrement, Léon Renaux fit ses études secondaires aux collèges du Cateau et d’Avesnes-sur-Helpe (Nord), et poursuivit des études supérieures à la faculté des lettres de Lille.

D’abord répétiteur au collège de Dunkerque, puis de Namur, et au lycée de Lille, il fut nommé professeur au collège de Condé-sur-Escaut (Nord), avant d’enseigner au collège de Saint-Claude (Jura). Il devint professeur de philosophie au collège d’Épinal (Vosges) à la rentrée 1913.

Dans le Nord, il avait été secrétaire-fondateur de l’Amicale des répétiteurs de collèges de l’académie de Lille (1904-1909) et secrétaire de la Fédération du prolétariat de l’État du département et des communes du Nord (1906-1907). Dans le Jura, il avait également joué un rôle dans le mouvement socialiste et coopérateur.

À peine arrivé dans les Vosges, Léon Renaux s’affilia au groupe socialiste d’Épinal ; cette adhésion fut saluée avec enthousiasme par l’hebdomadaire socialiste L’Ouvrier vosgien. Il devint secrétaire de la Fédération des coopératives et de la Fédération universitaire des Vosges, ce qui lui permit d’acquérir rapidement une certaine audience. À l’occasion des élections législatives de 1914, il affronta le radical Verlot dans la 1re circonscription de Saint-Dié. Mobilisé en 1914, il fit toute la guerre comme soldat, puis téléphoniste au 128e RI.

En 1919, il participa à la réorganisation de la Fédération socialiste SFIO des Vosges et reprit en main le mouvement coopérateur. Il fut candidat aux élections législatives. Il brigua sans succès un siège au sein du conseil municipal d’Épinal en décembre 1919. Toujours secrétaire de la Fédération des coopératives des Vosges, il succéda à Aimé Piton, élu député, comme secrétaire de la Fédération socialiste des Vosges et rédacteur en chef du Courrier des Vosges. Il travailla dès lors à saper l’autorité de Piton, auquel il ne semblait pas pardonner d’occuper un siège de député qu’il estimait devoir lui appartenir. Partisan de la motion Jean Longuet-Paul Faure lors du congrès de Tours, il demeura secrétaire de la Fédération socialiste.

Le conflit Renaux-Piton devenant aigu, il fut nécessaire de convoquer un congrès fédéral extraordinaire, le 6 août 1922. Léon Renaux perdit le secrétariat fédéral et quitta immédiatement le Parti socialiste, provoquant une cascade de défections. Comme son ami Georges Pernot, il gardait des liens très étroits avec la Fédération socialiste du Jura, qui cherchait à refaire l’unité socialiste par la fusion SFIO-SFIC. En octobre, Pernot et Renaux participèrent à la création de l’Union fédérative des socialistes révolutionnaires de l’Est, en vue de la réunification des forces socialistes. Sur proposition de Henri Ponard (Jura), Renaux fit partie du comité provisoire de neuf membres chargé de rédiger les statuts de l’Union fédérative avant le premier congrès. Il fonda avec Pernot, Jean Archenoul (ancien secrétaire adjoint de la Fédération socialiste des Vosges), Chevillard (ancien secrétaire du groupe SFIO d’Épinal), Guy Houx (ancien militant communiste) et Paul Demenge (ancien secrétaire du groupe SFIO de Raon-l’Étape), la Fédération socialiste unitaire des Vosges, qui se donnait pour objectif la réunification des forces socialistes. Le Courrier des Vosges, dont Renaux et Pernot avaient gardé le contrôle, devint un « organe hebdomadaire d’action unitaire ». Renaux représenta les Vosges à la réunion du comité de l’Est de l’Union fédérative des socialistes révolutionnaires le 11 novembre 1922.

Devant son échec, le groupe Renaux s’achemina vers une nouvelle orientation politique : le ralliement au Cartel des gauches qui fut préparé par la fondation, fin novembre 1923, du Parti socialiste des Vosges, « groupe d’action et de ralliement socialiste et démocratique, prêt à lutter aux côtés des républicains contre le Bloc national », rejetant à la fois SFIO et SFIC. Ayant participé à la fondation du Cartel des services publics des Vosges, il en devint le secrétaire. Le Courrier des Vosges publia le 12 janvier 1924 un premier appel en faveur du Cartel des gauches. Le 9 février 1924, Renaux provoqua, avec Pernot et Archenoul, un congrès du Parti socialiste autonome des Vosges, dont le but était de créer une entente socialiste chargée de mener l’action électorale aux côtés des radicaux. Ceux-ci ne restèrent pas insensibles à ces appels et s’empressèrent d’offrir à Renaux une place sur la liste du Cartel des gauches pour les élections législatives de 1924 ; Léon Renaux rejoignait sur cette liste le socialiste indépendant Louis Lapicque*. Mais seul le radical Camille Picard fut élu, Renaux recueillant 17 867 voix sur 106 753 inscrits. Cet échec électoral fut suivi d’une nouvelle volte-face spectaculaire : rentrée de Renaux et de ses amis à la SFIO à l’occasion de la réorganisation de la Fédération des Vosges sous la présidence d’André Le Trocquer* le 13 juillet 1924. Mais Renaux n’avait plus d’autre responsabilité que celle de membre de la commission exécutive et du comité de rédaction de l’Action socialiste ouvrière et paysanne.

En 1925, Léon Renaux devint principal du collège du Sézanne (Marne).

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article128562, notice RENAUX Léon [RENAUX Eugène, Léon, Achille] par Roger Martin, version mise en ligne le 30 novembre 2010, dernière modification le 1er octobre 2022.

Par Roger Martin

SOURCES : Arch. Dép. Vosges, 8 M 93, 13 M 71. — Le Peuple lorrain, 1913-1914. — Le Courrier des Vosges, 1919-1924. — L’Action socialiste, ouvrière et paysanne, 1924-1925. — Rens. de J. Bossu.

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