Par Florence Regourd
Né le 14 mai 1909 à Saint-Fulgent (Vendée), mort le 3 janvier 1985 à Challans (Vendée) ;instituteur en Vendée ; militant syndicaliste du SNI ; militant communiste.
Fils d’un gendarme à pied et d’une institutrice publique, André Retail fut élève de l’École normale d’instituteurs de La Roche-sur-Yon (Vendée) de 1925 à 1928 et fit toute sa carrière en Vendée, après son brevet supérieur (1928) et son CAP (1929) dans les communes de Le Tablier, La Chaize-Le-Vicomte, Commequiers, L’Oie puis Saint-Jean-de-Monts de 1935 à sa retraite en 1964.
André Retail épousa le 2 août 1933 à Nalliers (Vendée) Alice Ricolleau (née en 1907, fille d’un facteur des postes), institutrice elle aussi. Le couple eut trois enfants.
Pacifiste, ayant rompu avec une éducation religieuse, André Retail milita dès les années 1930 au Groupe des jeunes puis au syndicat laïc de l’enseignement (CGTU) de Vendée dont il fut secrétaire corporatif en 1932. Il participa alors activement à la rédaction du bulletin départemental, L’Émancipation et anima des réunions de Front unique, à La Roche-sur-Yon notamment. En 1934, il se rendit au congrès de la Fédération unitaire de l’enseignement à Montpellier, délégué par le syndicat vendéen, en tant que secrétaire général. Il anima de nombreux meetings comme orateur de la CGTU après les événements du 6 février 1934, faisant avec Jean Poiraudeau la grève du 12. Assez proche d’Eugène Péaud à cette époque, il militait avec lui dans les comités pour l’unité syndicale et les comités locaux antifascistes.
André Retail faisait l’objet d’une surveillance « strictement confidentielle » en novembre 1934 considéré comme « affilié au PC, membre de la section yonnaise, jeune militant convaincu ».
Après la réalisation de l’unité syndicale chez les enseignants de Vendée (fin 1935), André Rétail se présenta, avec la tendance syndicaliste révolutionnaire animée par Péaud, au bureau du Syndicat national des instituteurs de Vendée et fut élu secrétaire de la commission pédagogique en 1936 et membre du conseil syndical départemental en 1937. Il peut être considéré comme un des fondateurs des Auberges de jeunesse en Vendée, avec Paul Chauvet et Valentine Pain. Secrétaire du comité départemental du CLAJ en 1939, il s’occupa tout particulièrement de l’auberge de Fromentine, mais aussi de l’accueil des réfugiés basques et espagnols, pendant la guerre civile. D’après ses propres souvenirs, André Retail n’avait, jusqu’alors, milité dans aucun parti politique. Cependant, on le trouva s’exprimant au sein de la SFIO de Vendée quand Ludovic Clergeaud en était le secrétaire fédéral. Retail était signataire d’une motion critique largement animée par des instituteurs s’alignant sur la Gauche révolutionnaire. Il participait d’ailleurs à la création d’une fédération vendéenne du PSOP en juillet 1938. Il avait ensuite approuvé les accords de Munich.
Fait prisonnier en juin 1940 à Charmes (Vosges), interné à Bar-Le-Duc (Meuse) puis évadé (janvier 1941), André Retail reprit son service en avril 1941.
Adhérent au Parti communiste français à partir de 1947, sous l’influence d’Auguste Brunet alors secrétaire fédéral, il fut membre du comité fédéral de Vendée (30 membres) élu en 1952. André Retail resta constamment membre du comité fédéral de 1953 à 1968, membre de la commission d’éducation à partir de 1965. Au bureau (1957-1962) puis au comité de la section de Saint-Jean-de-Monts, secrétaire de la section de Challans (1964-1966), il était cité en 1958 parmi les correspondants départementaux de la revue communiste L’École et la Nation. Il appartenait au comité départemental du Mouvement de la Paix en 1961 et 1964.
A la Libération, André Retail reprit sa place au conseil et au bureau de la section départementale du SNI et participa à la réunion du conseil national, le 1er avril 1947. Il devint secrétaire de la section en 1962 et lors de la réunion du conseil national, le 23 décembre 1962, donna son accord pour l’action en faveur du développement des collèges d’enseignement général. Candidat au bureau national sur la liste « Pour un SNI toujours plus uni, toujours plus fort » présentée par la tendance « Unité et Action » en décembre 1963, il ne fut pas parmi les huit élus de la liste conduite par Alfred Sorel*. Il fut réélu au conseil syndical en décembre 1963 mais Odette Roux lui succéda au secrétariat de la section départementale.
André Retail, retraité, fut candidat communiste au Conseil général en 1970 dans le canton de Challans où il habitait.
Très actif au comité directeur de la Fédération des œuvres laïques de Vendée (FOL), il figurait également au comité départemental de l’association des parents d’élèves de Vendée.
André Retail était chevalier dans l’ordre des Palmes académiques (1963).
Par Florence Regourd
ŒUVRE : Être instituteur en Vendée, Les Sables-d’Olonne, Le Cercle d’Or, 1978.
SOURCES : Arch. Dép. Vendée, 4 M 408, 512. 1121 W 108. — L’Émancipation (Vendée), n° 24, octobre 1932, n° 47, octobre 1934, n° 52, avril 1935. — Bulletins SNI Vendée, 1934-1938. — L’École libératrice (1945-1966). — Témoignage André Retail, 1978 et 1979. — Bulletin de l’Instruction Primaire de Vendée. — Arch. Comité national PCF. Comités fédéraux. — Florence Regourd, Ludovic Clergeaud (1890-1956) Métayer, 50 ans d’engagement en Vendée, Geste, 2013.— Notes de Jacques Girault.