REVEL Georges, Alexis

Par Maurice Moissonnier

Né le 29 juin 1908 à Cluses (Haute-Savoie), mort le 12 septembre 1980 à Bron (Rhône) ; métallurgiste ; syndicaliste, secrétaire de la section communiste de Monplaisir ; recruteur régional des Francs-Tireurs et Partisans (FTP) ; membre du bureau fédéral communiste après la Seconde Guerre mondiale ; secrétaire puis président du groupe municipal communiste de Lyon jusqu’en 1965.

Fils d’un ouvrier horloger, devenu cultivateur et tâcheron, et d’une ancienne domestique de ferme, Georges Revel naquit dans une famille nombreuse (dix enfants, dont quatre morts en bas âge). Il fréquenta l’école primaire où son instituteur, remarquant ses capacités, l’aida à poursuivre ses études. Après un an de cours supérieur, il entra à l’école primaire supérieure avec l’espoir de devenir enseignant. Mais en 1924, il dut renoncer à son projet : les difficultés familiales le contraignirent à quitter le pays et à s’installer à Lyon où il entra, pendant deux ans et demi, en apprentissage à l’atelier Mouche (construction de machines à bois).

Après avoir été exempté de service militaire pour insuffisance physique, Georges Revel occupa de nombreux emplois. En 1929, il entra à l’usine Berliet de Monplaisir et, en 1931, fut muté à l’usine de Vénissieux. Issu d’une famille traditionnellement catholique, qui comptait parmi ses membres plusieurs religieuses cloîtrées, il avait cessé de pratiquer après sa première communion. Il existait cependant une autre tradition familiale que le jeune Revel avait par contre le souci de respecter : celle du chômage du 1er Mai. En 1933, le 1er Mai tomba un lundi et, le lendemain, il fut renvoyé de l’usine Berliet. Chômeur pendant des mois, l’expérience l’amena à rejoindre le Secours rouge en 1934, puis le Parti communiste en 1935. Très vite, il participa à la constitution de la cellule locale de Monplaisir-ville, en devint trésorier, puis secrétaire avant d’entrer, en 1936, au comité de rayon et de devenir, en 1937, secrétaire de section.

Au printemps 1936, il avait adhéré au syndicat CGT réunifié des Métaux alors qu’il travaillait à l’usine Rochet-Schneider et devint délégué du personnel ainsi que membre du bureau des Métaux pour le 5e secteur de Lyon (1936-1939). Il fit partie de la délégation régionale à la Conférence nationale du PC (Gennevilliers, 21 janvier 1938), puis, après la grève du 30 novembre 1938, frappé par la répression, il s’embaucha à l’entreprise Robert-Esnault-Pelleterie, entreprise métallurgique où de très nombreux communistes avaient trouvé alors refuge (voir Jean Cagne*).

Non-mobilisé à la déclaration de guerre, Georges Revel s’employa spontanément, avec l’aide de Joannès Jamet à assurer la poursuite de l’action politique du Parti communiste clandestin. Après avoir caché une machine à écrire et une ronéo, les deux hommes rédigèrent des tracts jetés à la volée à l’entrée des entreprises ou qui circulaient sous le manteau dans l’entreprise REP. La direction clandestine de la région lyonnaise, par l’intermédiaire de Marie Gavand*, prit contact avec lui et, après une rencontre avec Antoine Dutriévoz*, Revel se vit confier le soin de faire fonctionner, au début d’octobre 1939, un centre d’impression qui sortit massivement, en quarante-huit heures, un important matériel de propagande. A la suite de cette réalisation, il entra avec Armand Maniou* et André Gavand dans le « triangle » de direction chargé d’un secteur qui comprenait l’actuel VIIIe arr. de Lyon, Vénissieux et Saint-Fons.

Mobilisé en avril 1940, à la suite d’un nouveau passage devant un conseil de révision, il revint à Lyon après la défaite et, remis en contact avec le parti clandestin par Grumblatt-Verfeuil, reprit son activité jusqu’à une première arrestation en octobre 1940. Interné pendant deux jours sous l’accusation d’avoir caché la ronéo de la section de Monplaisir, Georges Revel fut relâché grâce à un solide alibi. Au début de novembre, il fit partie des communistes arrêtés à la veille de la visite à Lyon du maréchal Pétain. Incarcéré pendant une dizaine de jours à Fort-Barraux (Isère), il fut ramené à Lyon, à la prison Saint-Paul sur requête du juge qui instruisait l’affaire de la ronéo. Il comparut le 14 janvier 1941 en correctionnelle et fut relaxé. Le 14 juillet 1941, la police l’arrêta encore et il fut à nouveau interné à Fort-Barraux, jusqu’au 15 décembre 1941.

Ayant retrouvé du travail aux établissements Wenger, il perdit cet emploi en septembre 1942 à la suite d’une nouvelle arrestation préventive. Embauché dans un petit atelier du quartier des Brotteaux, il s’employa alors, avec Maria Champlet, militante de la CGT illégale, à reconstituer l’organisation clandestine dans les usines de l’actuel VIIIe arr., et entra à la commission exécutive des Métaux. En décembre 1943, il fut appelé à remplir les fonctions de recruteur régional du secteur H1 (Lyon) des Francs-Tireurs et Partisans Français puis, en mai 1944 du secteur H3 (Ain, Jura, Mâconnais). De retour à Lyon en août 1944, Georges Revel participa à la libération de la ville au commandement inter-régional des FTPF avec la charge d’adjoint au responsable des effectifs et entra ensuite, jusqu’au 31 janvier 1945, à l’état-major de la subdivision des FFI.

Devenu membre du comité régional du PC dès la Libération, il accéda en février 1945 au bureau régional, en remplacement de Jean Vittoz* et resta à ce poste jusqu’en 1948. Secrétaire de Julien Airoldi* devenu adjoint au maire de Lyon, il fut élu en 1947 aux élections municipales et réélu jusqu’en 1965. Il se consacra alors en priorité à ses tâches municipales ; d’abord secrétaire du groupe communiste à l’hôtel de ville de Lyon, il en devint le président, exerçant en outre les fonctions de secrétaire départemental de l’Association des élus républicains et de membre du bureau national de cette organisation. Pendant une courte période (hiver 1947-printemps 1948), il assura le secrétariat administratif du quotidien régional la Voix du peuple. De 1945 à 1963, il siégea au comité fédéral du Rhône du PCF.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article128638, notice REVEL Georges, Alexis par Maurice Moissonnier, version mise en ligne le 30 novembre 2010, dernière modification le 19 mai 2014.

Par Maurice Moissonnier

SOURCES : RGASPI, 495 270 3876, autobiographie, Lyon, 3 mars 1938, classé AS. — La Voix du peuple, novembre 1938. — Documents familiaux et interview du militant.

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