RICARD Marius, Victor, Auguste

Par Pierre Broué

Né le 26 juillet 1882 à Marseille (Bouches-du-Rhône), mort le 16 décembre 1956 à La Mure (Isère) ; médecin ; militant du Parti socialiste, du Parti communiste, puis du Parti socialiste ; maire de La Motte-d’Aveillans puis de La Mure (1925-1942, 1954-1956) ; conseiller général.

Fils d’un inspecteur primaire et d’une inspectrice d’écoles maternelles, Marius Ricard fit ses études secondaires puis ses études de médecine à Marseille et soutint sa thèse en 1907. Il avait adhéré au Parti socialiste en 1906. En janvier 1908, il s’installa à La Motte-d’Aveillans en qualité de médecin de l’Assistance publique et de la Caisse de secours des mines et rejoignit le groupe socialiste local. Il devint rapidement l’un des militants les plus en vue de la « nouvelle équipe » du Parti socialiste dans l’Isère. Il fut délégué aux congrès nationaux de la SFIO à Saint-Étienne (avril 1909), à Nîmes (février 1910) et à Saint-Quentin (avril 1911).

En 1910, candidat aux élections législatives dans la 3e circonscription de Grenoble, il recueillit 2 104 voix sur 13 720 votants. En 1912, il fut élu maire de la Motte-d’Aveillans.

Dispensé de service militaire, il ne fut pas mobilisé pendant la guerre et devint membre de la commission exécutive fédérale d’une Fédération résolument « minoritaire ». En 1919, par 1 388 voix, le canton de La Mure l’élut au conseil général de l’Isère.

En 1920, il adhéra au comité pour la IIIe Internationale et fut l’un des signataires de la motion Cachin-Frossard pour le congrès de Tours : il suivit la majorité à l’Internationale communiste et fut l’un des premiers dirigeants du PC dans l’Isère. Responsable, à partir de novembre 1921, de la chronique « Le mois politique » au Travailleur de l’Isère, il polémiquait surtout avec les « dissidents ». En décembre 1921, il fut délégué au congrès de Marseille du PC, revint en affirmant que les divergences étaient de « misérables questions de personnes », mais que le parti dans son ensemble demeurait « d’une grande amitié et d’une belle camaraderie ». Secrétaire fédéral à partir de mars 1922, il devint la cible de la « gauche » qui voyait dans ce notable le symbole de la politique du « centre » et le représentant local du « frossardisme ». En juin 1922, à la suite de l’échec de tous les candidats communistes aux cantonales, il démissionna de son poste de maire. En novembre, il se déclara hostile à la discipline internationale et plaida dans le Travailleur des Savoies et de l’Isère contre la soumission aux décisions du IVe congrès mondial : « Nous entendons conserver le droit de donner à notre parti les chefs qui ont notre confiance [...] Oui ou non le Parti communiste entend-il conserver ce droit ? La Gauche dit non ! Le Centre dit oui ! » Mais moins d’un mois plus tard, il démissionna avec une déclaration qu’il fit paraître dans la Dépêche dauphinoise. Le comité fédéral du PC prononça son exclusion le 9 décembre 1922.

En février 1923, il était membre du Parti communiste unitaire, formation éphémère animée par Frossard. En octobre de la même année, il quitta La Motte-d’Aveillans, s’installa à La Mure et fut réintégré dans le Parti socialiste SFIO, délégué quelques mois après, en janvier 1924 à son congrès fédéral de La Tour-du-Pin. En 1925, il fut réélu conseiller général et élu maire de La Mure et adhéra aussi au comité d’action contre la guerre du Rif qu’animaient le PC et la CGTU, en dépit de l’opposition de la Fédération socialiste. Réélu régulièrement maire de La Mure jusqu’à la guerre, il eut également une grande activité professionnelle, de « médecin des pauvres » qui contribuait à sa grande popularité. A la fin de 1935, il multiplia les interventions pour éviter la grève des mineurs, et réclama l’intervention du préfet et une enquête du ministère de l’Intérieur sur la compagnie des mines qui recherchait l’épreuve de force. Il soutint dès lors les revendications des grévistes tout en continuant à jouer ce qu’il appelait « le rôle ingrat mais utile de conciliateur ».

Il conserva ses fonctions de maire de La Mure sous le régime de Vichy jusqu’à sa révocation en janvier 1942 et continua à exercer sa profession, ce qui lui valut de vives critiques à la Libération et sa comparution devant la commission fédérale des conflits du Parti socialiste. Il fut réélu maire de La Mure le 20 juin 1954.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article128770, notice RICARD Marius, Victor, Auguste par Pierre Broué, version mise en ligne le 30 novembre 2010, dernière modification le 30 novembre 2010.

Par Pierre Broué

SOURCES : Arch. Nat. F7/12992. — Arch. Dép. Isère, 16 M 304, 308, 332, 166 M 24, 52 M 131. — Arch. Com. La Mure. — Le Travailleur de l’Isère (1921-1922). — Le Travailleur des Savoies et de l’Isère (1932-1925). — P. Barral, Le département de l’Isère sous la IIIe République. Histoire sociale et histoire politique, thèse, exemplaire dactylographié. — Éliane Juquel, Biographies de militants, TER, Grenoble, 1970. — Hubert-Rouger, Les Fédérations socialistes II, op. cit., p. 252. — Comptes rendus des congrès socialistes de 1909, 1910 et 1911. —

rebonds ?
Les rebonds proposent trois biographies choisies aléatoirement en fonction de similarités thématiques (dictionnaires), chronologiques (périodes), géographiques (département) et socioprofessionnelles.
Version imprimable